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Les cinq raisons qui ont rendu Jacinda Ardern (et la Nouvelle-Zélande) populaire après les attentats de Christchurch

Rédigé par | Samedi 23 Mars 2019 à 11:45

C'est une tragédie comme jamais la Nouvelle-Zélande n'a connu dans son histoire qui a braqué les yeux du monde non seulement sur le pays mais également sur la personne de Jacinda Ardern, jusque-là méconnue. La Première ministre de cet État insulaire d'Océanie, âgée de 38 ans, s'illustre par une exemplarité saisissante dans la gestion post-attentats de Christchurch. Aucun faux pas ne lui est reproché. Ses premières décisions et ses discours, empreints d’une grande compassion, lui valent tout à la fois respect et admiration dans son pays comme à l'étranger. La preuve par l’exemple en cinq points.




1/ L'unité nationale incarnée

« They are us », « Ils sont ce que sommes. » L’unité plutôt que la division, telle est la voie qu’a choisi d’emprunter dès le départ Jacinda Ardern, qui s’illustre par des discours inclusifs forts, salués aussi bien dans son pays qu'à travers le monde.

En témoigne la puissante allocution de Jacinda Ardern au Parlement mardi 19 mars (à écouter ici) ou encore son bref discours prononcé vendredi 22 mars à Christchurch avant la célébration de la prière hebdomadaire pour les musulmans. « La Nouvelle-Zélande pleure avec vous. Nous sommes un », a-t-elle ainsi signifié lors de l'hommage national.

Lire aussi : Attentats de Christchurch : en hommage aux victimes, Jacinda Ardern cite un hadith du Prophète Muhammad (vidéo)

2/ Une compassion aussi sincère que remarquable

Joignant les gestes aux paroles, Jacinda Ardern a multiplié les témoignages de compassion à l’égard de ses concitoyens musulmans. Voile sur la tête, la cheffe du gouvernement a multiplié ses déplacements et a su apporter soutien et réconfort aux familles des victimes ainsi qu’à l’ensemble des musulmans frappés par cette tragédie. Preuve en est de sa décision, au nom du gouvernement, de prendre charge l'ensemble des obsèques ainsi que le rapatriement des corps pour les familles qui le souhaitent.

Au téléphone avec Donald Trump, alors que celui-ci lui demandait comment aider, Jacinda Ardern lui a enjoint d’exprimer « de la sympathie et de l’amour à l’égard de toutes les communautés musulmanes ». Une pique bien placée à l’endroit du président américain malheureusement connu, entre autres, pour son attitude hostile envers les musulmans.

3/ Pas de quartier contre le terroriste

Appelons un chat un chat. « C’est un terroriste. C’est un criminel. C’est un extrémiste », a martelé la leader du Parti travailliste pour parler de l’auteur des attentats de Christchurch.

Promettant de ne jamais prononcer le nom du terroriste, elle a soutenu que justice sera rendue aux victimes.

4/ Sa fermeté pour faire changer la législation sur les armes

En réponse aux attentats de Christchurch, Jacinda Ardern a promis un durcissement de la législation sur les armes. Une réforme sera présentée en avril au Parlement mais elle ne veut pas perdre de temps.

Le gouvernement a ainsi décrété l’interdiction de la vente des fusils d’assaut et d’armes de type militaire sans un permis de la police et a annoncé un programme de rachat des armes en circulation.

Lire aussi : Attentats à Christchurch : vers un durcissement de la législation sur les armes à feu

5/ L'élan de solidarité de tout un peuple

Au-delà de Jacinda Ardern, c'est tout un peuple qui, dans son émotion, manifeste une forte solidarité envers leur composante musulmane, qui représente moins de 1 % de la population.

La Une de The Press du 22 mars
Citons pêle-mêle ces cagnottes qui engrangent des millions de dollars de dons ; ces surfers, bikers et autres Néo-Zélandais qui font le haka, la danse guerrière traditionnelle, en hommage aux victimes ; ces Kiwis qui se débarrassent de leurs armes ; ces femmes, très nombreuses, qui ont porté un foulard le jour de l'hommage national ; cet appel à la prière qui résonne dans tout le pays ; ces vigies et rassemblements organisés autour des lieux de culte... Autant de témoignages d'une société bouleversée qui sait faire preuve d'unité, de résilience et de pacifisme dans ses moments les plus tragiques. Respect.

Le dossier Saphirnews sur les attentats de Christchurch à lire ici


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur