Politique

Législatives 2012 : les urnes vides mais victoire pour la gauche, le FN plus fort

Rédigé par | Dimanche 10 Juin 2012 à 22:12

Les Français ont déserté les bureaux de vote. Près de 43 % des électeurs se sont abstenus. Un taux historiquement élevé pour des législatives qui n’a pas empêché la gauche de prendre la tête des résultats. Cependant, l’UMP se maintient au coude à coude avec le PS, qui devrait sans problème composer avec ses alliés de la gauche pour obtenir la majorité parlementaire et pouvoir appliquer les promesses de campagne de François Hollande. Mais rien n'est complètement fait : le second tour est toujours prévu dimanche 17 juin.



L'abstention au premier tour des législatives 2012 atteint son niveau le plus haut sous le Ve République. Le PS et ses alliés de gauche devraient néanmoins obtenir la majorité parlementaire.
Victoire pour les abstentionnistes. 42,9 % des 46 millions d’électeurs ont fait le choix, dimanche 10 juin, de ne pas déposer de bulletin dans les urnes au premier tour. Signe d’un désintérêt certain et flagrant pour ce scrutin, le taux d’abstention atteint un niveau record pour des législatives sous la Ve République et contraste avec celui de la présidentielle le 6 mai dernier qui s’élevait à près de 19 %.

Malgré tout, le Parti socialiste et ses alliés (Europe Ecologie-Les Verts, Front de gauche) ont obtenu 46,9 % des suffrages exprimés selon les estimations tombées à 20h. Toutefois, le PS a recueilli 34,4 % des voix et est au coude à coude avec son premier adversaire, la droite parlementaire sous le leadership de l’UMP, qui a obtenu 34,6 % des voix. La plupart des ténors de l'UMP sont d'ailleurs en bonne position pour se faire (ré)élire à l'Assemblée.

Un enjeu majeur pour les institutions oublié

Sans parler de « vague rose », Martine Aubry, la première secrétaire du PS, soutient que « les Français ont dit leur soutien au changement » mais en appelle encore à la mobilisation le 17 juin lors du second tour. Les ministres candidats, qui sont menacés de perdre leurs postes en cas de défaite aux législatives, sont en passe de réussir leur pari. La plupart sont en ballotage favorable et plusieurs sont même passés dès le premier tour en obtenant plus de 50 % des voix, à l’instar du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius.

Aucune certitude pour le PS qu’il n’obtienne la majorité absolue à lui seul à l’Assemblée nationale. Pour disposer d'une majorité et espérer faire appliquer la ligne politique de François Hollande, le PS devra ainsi s’allier à EELV (5,7 %) et au Front de gauche (6,8 %). Une formalité, puisque les deux partis ont assuré leur soutien au président de la République pour faire barrage à la droite, notamment EELV, qui s'est octroyé une place au gouvernement Ayrault.

Le MoDem s’effondre, le FN à son plus haut niveau

Le Front national a décroché la troisième place avec 13,7 % et pourrait obtenir tout au plus trois sièges. La vague « bleue marine » que prédisait Marine Le Pen n’a pas eu lieu mais son score est très important. En 2007, le FN, alors dirigé par son père Jean-Marie Le Pen, avait recueilli 4,3 % des voix au premier tour.

Jusque-là, aucun candidat FN n'a réussi à être élu député dans l'histoire du parti d’extrême droite mais les choses changeront-elles cette fois ? Mme Le Pen est largement en tête (42,3 %) dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais face au leader du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon (21,4 %). Un échec électoral qui devrait profiter au second tour au socialiste Philippe Kemel (23,5 %).

Avec Marine Le Pen, les autres espoirs du FN viennent de la nièce, Marion Maréchal-Le Pen, qui ravit la première place (34,6 %) au député sortant devant le député UMP sortant Jean-Michel Ferrand (30 %) dans la 3e circonscription du Vaucluse, et l’avocat Gilbert Collard, premier aussi dans la 2e circonscription du Gard et qui pourrait obtenir les voix des électeurs UMP si leur candidat Etienne Mourut, arrivé troisième, décide de ne pas se présenter.

De son côté, le MoDem a fait le malheureux score de 1,7 % (contre 7,6 % en 2007) et ne pourra obtenir au grand maximum que trois députés le 17 juin. Malgré un ancrage local de longue date dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou, élu depuis 1986, n’est arrivé qu’en deuxième position (23,6 %) derrière le PS (34,9 %) et très près de l’UMP (21,7 %).

Plusieurs triangulaires se présentent dans les circonscriptions, notamment celles où M. Collard, Mme Maréchal-Le Pen et M. Bayrou se maintiennent. Pour que ce scénario puisse se produire, les candidats devaient en effet atteindre le seuil des 12,5 % des inscrits, soit plus de 21 % des voix en raison de la forte abstention.

Comme au premier tour, la grande inconnue restera donc le taux de participation le 17 juin. C’est lui qui fera et défera des candidats à la députation.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur