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Politique

Législatives : Candidats pour du Beur ? L’abstention, un ennemi de la diversité

Rédigé par | Vendredi 8 Juin 2012 à 00:15

           

L'Assemblée nationale est jusqu'ici très blanche. Cinq ans après les dernières élections en 2007, saura-t-elle mieux représenter la diversité de la France ? A l'approche des législatives, Samir Abdallah, réalisateur de « Candidats pour du Beur ? », pose le débat. Mais le ton adopté reste pessimiste tant les candidats issus de la diversité et ayant un ancrage local sont trop peu à être soutenus dans le monde politique. En outre, l'abstention, qui pourrait bien frôler les 40 %, devrait une nouvelle fois ne laisser que peu de chances aux petits candidats.



Législatives : Candidats pour du Beur ? L’abstention, un ennemi de la diversité
Quand il s’agit d’obtenir des mandats électoraux, les candidats de la diversité ont la vie dure. « Il faut qu'on sorte de ces assignations à résidence. Cette France plurielle, on l'accepte bien dans le show-biz et dans le sport. » Alors pourquoi pas « dans les lieux de pouvoir. On nous sert du Beur de service à coller sur l'affiche, moi je veux qu'on les colle à l'Assemblée nationale », déclare à juste titre Mouloud Aounit, président d’honneur du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), plaidant uniquement pour « la diversité des compétences ».

Cette remarque est tirée tout droit du film documentaire Candidats pour du Beur ?, qui retrace le parcours d’une quinzaine de candidats à la députation en 2007, principalement d’origine maghrébine, dont aucun n’est parvenu sur les bancs de l’Assemblée nationale. Parmi eux, Faouzi Lamdaoui et Najat Vallaud-Belkacem, des proches de François Hollande, aujourd'hui président de la République qui les a, depuis son investiture, promu aux postes de conseiller à la diversité pour l'un, ministre et porte-parole du gouvernement pour l'autre.

Ressembler à la France plurielle n’est pas gage de réussite

Ce documentaire engagé est réalisé par Samir Abdallah, un cinéaste franco-égyptien qui a également co-réalisé en 2009 le documentaire « Gazastrophe » avec Khéridine Mabrouk. Si son contexte s’inscrit dans les élections législatives de 2007, les thématiques soulevées par Candidats pour du Beur ? sont plus que jamais d’actualité.

En 2012, y aura-t-il des Arabes et des Noirs à l'Assemblée nationale pour représenter les classes populaires ? 90 minutes pendant lesquelles les spectateurs sont invités à débattre. Depuis la sortie du film, mercredi 30 mai, une série de conférences-débats*, qui ont fait salle comble, se sont tenus autour du sujet à Paris et en province et un même constat : trop peu de candidats de la diversité sont promus par les partis politiques traditionnels − moins encore pour ceux qui ont une expérience de terrain solide, mis à l'écart du jeu politique en raison de parachutages inopinés − et l’avenir après le second tour le 17 juin ne s’annonce guère meilleur.

En conséquence, nombreux sont ceux qui décident, malgré les faibles moyens financiers dont ils disposent pour se faire connaître, de se lancer seuls dans l’aventure des élections. Mais face au rouleau-compresseur des grands partis, leurs chances de passer, ne serait-ce qu'au premier tour, se réduisent à peau de chagrin.

L’abstention, un sérieux problème pour les candidats

Aux difficultés des candidats de la diversité s’ajoute aussi le délicat problème de l’abstention. Alors que l’élection présidentielle a su mobiliser 80 % des Français le 6 mai, les instituts de sondages prévoient jusqu’à 40 % d’abstention pour ces législatives comme ce fut le cas en 2007. Une abstention qui naît souvent de la sous-estimation du rôle de député, de la méconnaissance des rouages de l’Assemblée et du désintérêt porté à ce scrutin.

Pour tenter de résoudre ce problème, Seïd Ferrat, candidat sans étiquette cette année dans la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis (Sevran, Tremblay-en-France, Villepinte), a organisé un meeting, mardi 5 juin à Sevran, qui a réuni 200 personnes dans le seul but de présenter l’Assemblée nationale et les fonctions des députés. Il faut « réveiller les consciences », car la politique, « c’est l’affaire de tous », nous déclare M. Ferrat, ex-membre du PS dont il dit être déçu de la politique de parachutage de candidats sans ancrage local menée par Solférino. L'initiative est louable : le plus difficile reste encore de convaincre les électeurs de se rendre aux urnes le jour J.

Même si le documentaire de Samir Abdallah n'axe pas le propos sur l'abstention, il peut aussi être conçu comme une invitation à aller voter. Des initiatives sur l’importance du vote, notamment portées par AC Le Feu, fondé en 2006 après la mort Zyad et Bounia à Clichy-sous-Bois, sont mises en avant dans Candidats pour du Beur ?. Mais ce message peine à être entendu, notamment dans les quartiers populaires.

Le vrai changement passe aussi par la mobilisation de chacun dans les bureaux de vote pour élire le candidat qui lui ressemble et qui saura porter le mieux ses aspirations et ses revendications.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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