Finance éthique

La finance islamique séduit les cabinets d’avocats

Rédigé par | Mardi 12 Avril 2011 à 11:08

Le premier réseau mondial d’avocats spécialisés en finance islamique, répondant du nom de Isfin, a vu le jour en mars. Regroupant pour l’heure une quinzaine de cabinets d’avocats, le réseau compte bien s’imposer dans un secteur en pleine croissance, notamment en Europe, afin de créer le premier portail mondial du droit de la finance islamique. Laurent Marlière, à l’origine du projet, nous explique le bien-fondé de son initiative.



Isfin pour « islamic finance ». Un nom bien trouvé pour percer dans le milieu de la finance islamique. C’est celui qu’a choisi Laurent Marlière, instigateur du projet et consultant chez Scipion, un cabinet spécialisé dans le management et le marketing juridique, pour former le premier réseau mondial d'avocats spécialisés dans le secteur et lancer prochainement le premier portail web du droit de la finance islamique au monde.

« Quand on regarde la structure de la finance islamique, c’est 1/3 de capital, 1/3 de religion et 1/3 de droit, d'où l'importance pour nous de nous positionner. Après la crise financière de 2008, on se rend compte que la finance islamique est un moyen éthique de faire de la finance qui va bien au-delà de considérations purement religieuses puisque les principes généraux sont universelles », déclare à Saphirnews le professeur de marketing à Paris.

Les Européens veulent occuper le terrain

Une quinzaine de cabinets ont d’ores et déjà intégrés Isfin, dont plusieurs d'entre eux sont réputés à l’instar de Gide Loyrette Nouel (France), Thierry Afschrift (Belgique), Cuatrecasas (Espagne), Arendt & Medernach (Luxembourg), Morais Leitao (Portugal) et Chiomenti (Italie). Mais M. Marlière vise la soixantaine de membres d’ici à novembre 2011 et espère convaincre très vite des cabinets du Moyen-Orient à rejoindre le réseau.

« Trouver des cabinets spécialisés dans la finance islamique en Europe est beaucoup plus difficile que d’en trouver au Moyen-Orient ou en Asie du Sud-Est. On a pris le défi par son côté le plus difficile mais notre objectif est bien entendu de couvrir l’ensemble du globe et chaque partenaire aura la même valeur puisque le réseau sera constitué d’un cabinet par pays », affirme M. Marlière, qui nous assure que plusieurs partenariats devraient ainsi être formalisés avec des savants musulmans, des cabinets non occidentaux, des investisseurs et des institutions financières à Dubaï à l’occasion de l’International Bar Association (IBA), la plus importante réunion d’avocats au monde, en novembre prochain.

Car si les membres du réseau sont exclusivement européens pour le moment, ce sont sans conteste les pays du Golfe et d’Asie du Sud-est qui sont leaders dans le marché de la finance islamique, qui a particulièrement résisté face à la crise financière qui a secoué le monde en 2009. Protégées des actifs toxiques qui ont grandement fragilisés le secteur financier des pays développés, les banques islamiques ont su tirer profit des faiblesses de la finance conventionnelle pour promouvoir leurs pratiques, basées sur des principes islamiques interdisant, entre autres, les intérêts (riba), la spéculation et le hasard.

« Une force juridique importante » pour l’avenir

Selon les derniers chiffres de « The Banker and Maris Strategies », la valeur du secteur est ainsi estimée à 895 milliards de dollars dans le monde et les actifs bancaires de la finance islamique ont augmenté de 8,9 % en 2010.

Séduits par cette alternative, plusieurs gouvernements européens cherchent à développer le marché sur leur territoire et de nombreuses initiatives voient le jour. Considérée comme la capitale européenne de la finance islamique, Londres est de loin la référence pour les pays voisins, parmi lesquels la France, qui appuie le développement de banques islamique d’investissement sous l’impulsion de la ministre de l’Economie Christine Lagarde.

Face à l’engouement suscité par la finance islamique, les cabinets de consulting juridiques se sont saisis de cette opportunité pour générer une nouvelle activité, porteuse d’avenir. « De par la qualité des membres, on va représenter, d’ici à un an, une force juridique importante et intéressante pour aider au développement et à la propagation de la finance islamique dans le monde », estime M. Marlière, qui souhaite faire de Isfin un interlocuteur de poids auprès des autorités publiques et bancaires.

Une première rencontre entre les membres du réseau est prévue en mai prochain au Luxembourg. L’occasion de discuter vivement des perspectives visées et attendues par les cabinets.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur