Tibet, monastère de Gamdem, le 27 août 2010.


Il s'appelait Tenpa et n'avait que 11 ans. Il avait choisi la voie tracée par Bouddha afin de devenir un jour lama. En fait, très tôt ses parents avaient vu en lui les qualités nécessaires pour devenir un grand lama. Il faut savoir que ne devient pas lama qui veut. Persuadés que leur fils jouissait des qualités nécessaires pour devenir lama, les parents ont donc envoyé ce dernier auprès de grands lamas afin d'émettre un avis final sur les prédispositions de l'enfant à devenir lama.

S'il s'avère que l'enfant possède en lui les qualités nécessaires pour devenir lama, alors il est pris en charge par un maître qui pourra l'initier et le guider vers l'éveil spirituel. Les enfants retenus se comptent au compte-goutte. Cette sélection explique probablement les qualités et la dévotion de la plupart des lamas.

Pour sa part, Tenpa avait choisi de rejoindre l'école des Gelugpa qui n'est autre que l'école du Dalaï Lama. Cette dernière axe son enseignement sur l'érudition et la sagesse. Afin d'aiguiser leur intellect, les membres de cette école passent des heures et des heures à débattre, parfois même férocement, à propos de questions spirituelles et philosophiques.

Tenpa, l'enfant sacré du Tibet
Lorsque je vis le petit Tenpa, je compris tout de suite que ce gamin avait quelque chose de particulier. Je l'avais déjà observé à l'extérieur du temple marchant aux côtés de son maître. En observant cet élève, le professeur que je suis se rendait compte qu´une certaine aura émanait de cet enfant. Sa façon de marcher, par exemple, présentait une grande souplesse ainsi qu'une profonde noblesse. En outre, si la manière de s'exprimer d'une personne peut refléter sa capacité intellectuelle, chez Tenpa c'est son regard espiègle, réfléchi et déterminé qui témoignait de ses prédispositions intellectuelles.

En fait, ce petit prince du Tibet me fascinait. Son maître m'expliquait qu'il n'avait jamais eu d´élève tel Tenpa. D'après lui, ce dernier jouissait d'une grande capacité de mémorisation. Il faisait également preuve d’une grande curiosité et pouvait passer des heures à travailler et à apprendre, et ce, sans ressentir de fatigue ni de besoin particulier comme jouer ou dormir. Par ailleurs, il exprimait un très grand respect à l'égard de son maître et celui-ci en était très fier, voire honoré.

Je tentais de m'adresser à lui, mais celui-ci m´observa sans mot dire. Il regarda ensuite son maître comme pour lui demander la permission de me répondre. D'un regard, son maître lui fit comprendre qu'il pouvait me parler. Comment ne pas penser, en voyant Tenpa, à ces histoires de moines et d'élèves shaolins vivant et s'entraînant au sein de temples perdus, loin de la civilisation ?

Continuant notre conversation, son maître me confia que, très jeune, Tenpa présentait des prédispositions uniques pour son âge. Plus jeune, il ne jouait que très peu et préférait rester auprès de personnes âgées. Déjà très curieux, il savait écouter et ne parlait que rarement. Enfin, il aimait la solitude et prenait plaisir à se retrouver seul dans la Nature. Et moi qui pensais que ce genre d'élève n'existait encore que dans les livres ou uniquement dans les films !

Une fois de plus, les Tibétains donnent à voir un peuple qui jouit, fort heureusement, de très grandes qualités et prédispositions humaines.

Et pourtant, les jours de cette civilisation tibétaine sont peut être comptés. En effet, le Dalaï Lama affirmait encore récemment que si rien n'était rapidement fait pour améliorer la situation des Tibétains, d´ici à 15 ans, ce sera la fin de ce peuple ainsi que de sa culture millénaire.

Espérons de tout notre cœur qu’il se trompe en disant cela ou que le cours des choses prendra une autre tournure.

Espérons...

Merci Tenpa pour cette rencontre.

Rédigé par Dahmane Mazouzi le Mardi 4 Janvier 2011 | {0} Commentaires

Agenda de Saphirnews.com