Cinéma, DVD

Exodus : Moïse et Pharaon en 3D et en testostérone

Rédigé par | Vendredi 26 Décembre 2014 à 15:07



À l’instar d’Abraham, Moïse est le prophète qui est reconnu dans les trois traditions monothéistes. Il devance même le patriarche en nombre de citations dans le Coran puisqu’il est relaté 136 fois dans le Livre saint des musulmans.

Son histoire est archiconnue : sous l’oppression de Pharaon qui menace de tuer tous les enfants mâles israélites, Moïse est confié bébé au fleuve par sa mère puis adopté par la famille de Pharaon. Élevé dans la cour royale, devenu adulte il sera conduit à tuer un Égyptien et à fuir vers le pays de Madyan. Plus tard, il reçoit le Message divin qui fait de lui un prophète et l’enjoint à délivrer les Hébreux du joug de l’esclavage de Pharaon…

Une histoire mise à l’écran dans le film devenu culte Les Dix Commandements, de Cecil B. de Mille, en 1956, et dont les grandes scènes (construction des pyramides par des milliers d’esclaves, bataille avec les armées d’Égypte, paysages grandioses dans le désert du Sinaï, traversée de la mer Rouge…) ne pouvaient qu’inspirer une nouvelle fois le cinéma hollywoodien.

Commande a été passée auprès de Ridley Scott, réalisateur du mégafilm Kingdom of Heaven (2005), pour époustoufler le public à grand renfort d’effets spéciaux, de batailles bien viriles et de décors somptueux.

Sorti en salles le 24 décembre comme cadeau de Noël œcuménique 2014 à tous ceux qui voient en Moïse un héros si ce n’est un prophète, Exodus : Gods and Kings comprend tous les ingrédients d’un film américain grand public.

Les acteurs campent à merveille leurs personnages : Christian Bale (Moïse), en prophète qui n’est pas toujours d’accord avec ce que lui préconise son Dieu ; Joel Edgerton (Ramsès), parfait Pharaon qui se prend pour dieu et n’hésite pas à faire pendre sa prêtresse qui ne peut lutter contre les fléaux que traverse l’Egypte… Le casting féminin est également au top avec Sigourney Weaver (la mère de Ramsès), la belle Maria Valverde (Séphora), Golshifteh Farahani (Nefertari), Hiam Abbas (Bithiah).

Aaron, le jeune frère de Moïse, en revanche, ne joue pas un rôle primordial dans la narration de Ridley Scott. Mention spéciale à l’interprétation du jeune comédien qui incarne le Dieu parlant à Moïse, à la fois complice et autoritaire – oui, oui, l’Être divin est représenté, n’en déplaise aux iconoclastes.

Enfin, la succession des scènes décrivant les plaies d’Egypte qui dévastent le pays (les eaux du fleuve baignées de sang, l’invasion des taons et des sauterelles…) est particulièrement bien rendue grâce à la magie des effets spéciaux de l’ère numérique.

Suivant la trame narrative classique de l’histoire de Moïse, chacun, quelles que soient ses références religieuses (ou non), trouvera donc dans Exodus : Gods and Kings – de loin en loin – les principaux éléments du récit mythico-historico-biblique en un film à grand spectacle de 2 heures et demie et en 3D, plus proche du péplum égyptien à la sauce hollywoodienne que du film à teneur spirituelle.

Mais la recette cinématographique fonctionne et on pourra y emmener toute sa smala ; à charge à chacun, ensuite, s’il le souhaite, d’aller réviser ce que disent les textes fondateurs de la vie de Moïse kalîm Allah, l’« interlocuteur de Dieu », tel que le surnomme la tradition islamique.

Exodus : Gods and Kings, de Ridley Scott (États-Unis, 2 h 30)
Avec Christian Bale, Joel Edgerton, John Turturro…
En salles le 24 décembre 2014.



Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur