Sur le vif

Caricatures : le CFCM souhaite un encadrement de leur diffusion dans les écoles

Rédigé par | Mercredi 28 Octobre 2020 à 08:00



A l'heure où les tensions sont vives autour des caricatures du Prophète entre la France et des pays musulmans, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) s’est déclaré, mardi 27 octobre, en faveur d'un encadrement des initiatives portant sur la diffusion des dessins de Charlie Hebdo dans les écoles en vue de la rentrée scolaire le 2 novembre, inévitablement marquée par l’assassinat de Samuel Paty.

Le président de l’instance a réaffirmé « sa position constante au sujet des caricatures », à savoir que rien ne justifie un crime ou un acte du terrorisme. Par ailleurs, « la loi de la République qui est notre règle commune autorise les caricatures. Cette même loi n’oblige personne à aimer les caricatures ou lui interdit de les détester ».

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Néanmoins, et parce que la liberté de caricature n'est pas absolue, « il appartient aux institutions garantes des libertés et de l'État de droit de fixer ces limites et de les rappeler. Les initiatives visant à diffuser les dites caricatures dans l’établissement de l'enseignement pour promouvoir la liberté d'expression doivent être encadrées », fait part le CFCM.*

Faire confiance aux enseignants

Dans le même temps, « les musulmans de France doivent faire confiance au sens de responsabilité des enseignants et des institutions éducatives. Face aux élèves, Ils sauront trouver les mots et les gestes appropriés dans pareils situations. »

Des mots et des gestes que doivent aussi avoir les parents envers leurs enfants. Le dirigeant du CFCM encourage un dialogue préalable aux cours qui seront proposés par les enseignants sur la liberté d’expression.

« Les parents doivent de leur côté préparer leurs enfants à ces moments pédagogiques en leur rappelant le devoir de respecter l'enseignant en toute circonstance et la nécessité de faire des efforts pour mieux comprendre cette culture de la caricature et sa place parmi les modes d'expression dans notre société », indique Mohammed Moussaoui, pour qui le meilleur moyen de ne pas céder à la violence serait encore d’ignorer les caricatures.

Le « devoir de fraternité » invoqué

Invité sur RMC face à la journaliste Apolline de Malherbe, le président du CFCM a émis la possibilité de « renoncer à certains droits » comme celui « de caricaturer le Prophète de l’islam dans des postures dégradantes ». « Nous pouvons renoncer à certains droits, pas pour faire plaisir aux extrémistes mais par devoir de responsabilité et de fraternité », a-t-il déclaré.*

Alors que qu’Emmanuel Macron avait déclaré lors de son discours d’hommage à Samuel Paty à la Sorbonne mercredi 21 octobre, que la France ne renoncera pas aux caricatures, Mohammed Moussaoui s'est justifié de sa position en se disant inquiet « des extrémistes qui vont attiser par tous les moyens, montrer ces caricatures comme une offense aux musulmans de France ».

« La liberté d’expression est là mais la volonté délibérée d’offenser les sentiments n’a pas lieu d’être dans un pays où la fraternité est sa troisième triptyque », a-t-il appuyé.

Mohammed Moussaoui n'a certes pas appelé à l'interdiction de caricaturer mais ses propos ont semé le trouble et ont généré, en conséquence, des critiques. Sa prise de position intervient au lendemain d'une rencontre à l'Elysée avec Emmanuel Macron auprès duquel il s'est dit opposé aux appels au boycott lancés dans des musulmans contre la France.

Mise à jour mercredi 28 octobre : Caricatures : le président du CFCM regrette ses propos sur le renoncement à « certains droits » sur la caricature, il s'explique dans une mise au point ici

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