Points de vue

Aïd el-Kébir 2014 : et si la fête rimait avec développement ?

Aïd al-Adha 2014

Rédigé par Ouahid Abassi | Lundi 29 Septembre 2014 à 06:05



Les fêtes religieuses sont fréquemment marquées par une hausse significative des dons à destination des ONG humanitaires. Le Ramadan figure parmi les périodes d’activités les plus intenses. En effet, de nombreuses ONG lancent leurs plus grosses campagnes lors de ce mois, synonyme de spiritualité et donc d’une ouverture du cœur vers les plus démunis dans le monde.

Durant ce dernier mois de Ramadan, l’actualité a bouleversé le planning de nombreuses ONG. Avec le bombardement de Gaza et le nombre élevé de victimes (2 200 morts), l’attention des donateurs s’est focalisée sur la Palestine, région du monde chère au cœur des musulmans.

Du coup, des pays comme la Centrafrique ou le sort des Rohingyas, ont été relégués au second plan.

Face à cela, les programmes des ONG doivent s’orienter vers des postures non plus exclusivement urgentistes mais également avec des approches de développement sur du long terme. Auquel cas, ce sera des opérations d’urgence sans fins. La marge de manœuvre est certes étroite mais il est important d’intégrer des concepts tels que l’autonomie et le développement dans nos programmes humanitaires.

« Nous avons ainsi, sur le territoire tchadien, le croisement entre deux urgences : l’aide aux réfugiés et l’aide au développement de la population tchadienne. »

L’Aïd el-Kébir de cette année est l’occasion de faire émerger ces sensibilités autour du sacrifice. Au-delà de son aspect spirituel, lorsque l’on fait don d’une bête en sacrifice pour les nécessiteux, ce don est instantané et il ne demeure que quelques jours auprès des bénéficiaires, le temps de sa consommation.

Et si nous adossions à ce geste du cœur qui, au demeurant, est tout a fait noble et respectable, une démarche sur le long terme qui permette a une famille de bénéficier de notre don sur une année voire plus.

Au Tchad, nous comptons plus de 100 000 réfugiés centrafricains qui ont fui les massacres dans leur pays. Pays d’origine aussi d’une partie de ces réfugiés. On compte en Centrafrique une importante communauté originaire du Tchad. On les appelle les « retournés » car le conflit les a pousse a revenir dans leur pays d’origine ou celui de leurs parents. Ajoutez à cela la situation économique du Tchad, qui compte parmi sa population 46,7 % de pauvres.

Nous avons ainsi, sur le territoire tchadien, le croisement entre deux urgences : l’aide aux réfugiés et l’aide au développement de la population tchadienne. A l’occasion de l’Aïd el-Kébir, Dignité International propose une opération spéciale : dans un premier temps, acheter un mouton pour un coût de 100 euros qui sera distribué à plusieurs familles centrafricaines et tchadiennes. Puis, pour soutenir les familles pauvres tchadiennes, avec un don supplémentaire de 50 euros, c’est une chèvre ou un agneau qui leur sera offert afin de commencer un élevage (à travers la logique de la revente) ou de se nourrir (lait, fourrure...).

Les musulmans de France doivent s’inscrire dans une démarche durable et solidaire avec les peuples en souffrance dans le monde. D’autant plus, lorsque les prix du mouton dans notre pays atteignent des niveaux indécents. L’Aïd el-Kébir de cette année 2014 doit impulser le début d’un changement.

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Ouahid Abassi est président de DIGNITÉ International.