Religions

À Villeneuve-d'Ascq, la mosquée fait le plein de curieux aux Journées du patrimoine

Rédigé par Leila Belghiti | Lundi 22 Septembre 2014 à 18:55



À l'instar d'une centaine de mosquées dans toute la France, les portes du Centre islamique de Villeneuve-d'Ascq (Nord), abritant la Grande Mosquée, étaient grandes ouvertes en ce samedi 20 septembre dédié à la découverte du patrimoine de la ville. Inscrite à l'agenda culturel du site Internet de Villeneuve-d'Ascq, elle a attiré pas moins de 300 visiteurs de tous âges, en un après-midi.

Enthousiaste, le personnel encadrant a accueilli et guidé ses invités, par petits groupes, pour une visite d'une heure entre le couloir arboré de panneaux expliquant les grands principes de l'islam, les salles de prière et leurs grandes baies vitrées.

Révolu, le temps où les fidèles s'entassaient à 500 dans un préfabriqué insécurisé au fond d'une impasse. Désormais, le lieu de culte peut accueillir en toute sérénité près de 3 000 fidèles, dans un espace lumineux et bien aéré. Oussama Bezzazi, l'architecte, est de la partie pour raconter l'aventure de cette mosquée écolo, la plus grande au nord de Paris. Aux pieds du minaret, la question est inévitable : « Pourrait-on entendre l'appel à la prière ? », et l'architecte de rassurer : « Impossible, le minaret est vide, et je défie quiconque pourra y grimper ! »

Des moments d'échange véritables

Puis c'est au tour du responsable pédagogique de la mosquée de prendre la parole. Trois ans après son ouverture, le Centre islamique de Villeneuve-d'Ascq (CIV) a bien étoffé ses activités : bien plus qu'un lieu de prière, c'est un lieu d'écoute, d'apprentissage du Coran et de la langue arabe pour petits et grands, d'initiation à l'islam pour les nouveaux musulmans et de conférences abordant une multitude de sujets relatifs à la citoyenneté ou à la famille.

Si la plupart des visiteurs sont venus pour la première fois, d'autres, Villeneuvois souvent, suivent de près la success story de la mosquée, désormais bien ancrée dans le paysage de la ville. Comme ce couple quinquagénaire de médecins, qui a assisté à la pose de la première pierre en 2005, satisfait de voir tant d'ouverture. « Cela contraste tellement avec tout ce qu'on entend dans les médias », commentent-ils.

Ce qu'ils auront surtout retenu, « c'est le mot ''paix'' ». En effet, impossible de ne pas voir que la journée fut placée sous le signe du vivre-ensemble et de la promotion de la paix, comme en témoignent les affiches, à l'entrée, qui reprennent les textes fondateurs de l'islam : la première Constitution de Médine, la célèbre promesse de protection du Prophète au monastère Sainte-Catherine du Sinaï en 628, ainsi que celle d'Umar Ibn al-Khattab, deuxième calife, aux habitants de Jérusalem en 637.

Des questions qui ont leur légitimité

Dans la salle de prière, assis en compagnie de l'imam Ahmed Miktar, personnage incontournable de la mosquée, les douces lumières des projecteurs distillent une atmosphère détendue, propice aux échanges. Les questions fusent et, d'après Barbara, bénévole au CIV, sont presque toujours les mêmes : « Comment se fait le choix de l'imam ? Quel est le sens du foulard islamique ? Pourquoi les femmes prient-elles derrière ?... » Autant de questions légitimes qui rappellent l'actualité de ces dernières années.

Condamnant fermement les exactions commises par l'État islamique en Irak et au Levant, Mohammed Karrat, président du centre, insiste : « L'islam est fondamentalement un message de paix. » « Nous travaillons en toute transparence, et vous pouvez venir nous voir à tout moment de l'année » et « même à 6 heures du matin ! », s'exclame le président du centre devant une assemblée enjouée, avant d'enjoindre celle-ci à emporter un dossier bien fourni sur la mosquée, réalisé pour l'occasion.

Pour sa 4e édition des Journées portes ouvertes, le CIV n'a pas voulu faire les choses à moitié : avant de partir, petit détour par la salle de réception improvisée où attendent thé, mignardises et religieuses... au café.

La 31e édition des Journées du patrimoine à Villeneuve-d'Ascq a été une nouvelle occasion pour le CIV et bien d'autres mosquées de France de tisser de nouveaux liens avec la population locale pour promouvoir ses activités tout autant qu'une vision apaisée d'une religion sous les feux d'une actualité géopolitique chargée.