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Religions

La mosquée écolo de Villeneuve-d'Ascq fait visiter son chantier

Rédigé par Leïla Belghiti | Mardi 29 Juin 2010 à 00:11

           

C'est sous un soleil radieux que la future mosquée de Villeneuve-d'Ascq (Nord) accueillait, dimanche 27 juin après-midi, quelque 400 curieux, venus de toute la métropole lilloise pour une visite de chantier. La fin des travaux étant prévue pour la fin de l'année, la mosquée écolo pourrait ouvrir ses portes aux fidèles pour les nuits sacrées du mois du Ramadan.



Vue d'intérieur de la future mosquée de Villeneuve-d'Ascq. Les familles sont venues en nombre pour la visite du chantier, dimanche 17 juin 2010.
Vue d'intérieur de la future mosquée de Villeneuve-d'Ascq. Les familles sont venues en nombre pour la visite du chantier, dimanche 17 juin 2010.
Les retardataires n'auront pas goûté les succulentes pâtisseries qui accompagnaient le thé, au fond de la grande salle, qui commence à prendre des allures de lieu de recueillement, avec quelques tapis placés en direction de La Mecque, pour une prière improvisée.

C'est une mosquée encore en chantier qu'ont pu découvrir les centaines de visiteurs : les murs sont bruts de décoffrage, et les sols d'une partie de la construction sont encore découverts, laissant voir les interminables tuyaux qui chaufferont le sol.

Les grandes vitres qui longent les quatre murs de la future mosquée donnent l'impression d'un lieu ouvert sur la ville, et tel l'ont d'ailleurs voulu les concepteurs du projet : une « mosquée ouverte », « transparente », loin des mosquées-caves cachotières, ou des mosquées-entrepôts agglutinées au fin fond d'une cité.

L'actuelle mosquée de Villeneuve-d'Ascq, la mosquée Tawba, en est une, et les fidèles ont hâte de quitter ce lieu devenu trop exigu pour la future Grande Mosquée qui s'étendra sur 7 000 m² (surface totale du terrain), dont un tiers correspond au bâtiment.

Pas un sou de l'État

Une bouffée d'air bienvenue pour les fidèles musulmans, qui composent une importante communauté dans la ville. Le terrain, acheté fin 2005, a vu les travaux commencer (en grande pompe avec l'ex-maire PS de la ville, Jean- Michel Stievenard) en avril 2007.

L'inauguration, prévue pour mars 2010, a dû être repoussée pour peut-être la fin de l'année, selon que les dons arrivent plus ou moins vite. En effet, les fonds viennent à 80 % des poches des fidèles villeneuvois. Le reste provient des collectes réalisées dans les mosquées de la métropole lilloise et d'autres mosquées de France.

La mosquée attend donc près de 700 000 euros pour achever les travaux, de finitions principalement. Le coût total qu'elle aura représenté est de l'ordre de 4 millions d'euros.

C'est l'heure de la prière : les fidèles improvisent avec quelques tapis et se rangent derrière l'imam.
C'est l'heure de la prière : les fidèles improvisent avec quelques tapis et se rangent derrière l'imam.

Mosquée écolo

Cette troisième édition des après-midis portes ouvertes de ce dimanche n'aura pas simplement été un « coup de com' », comme nous le précise Mohammed Karrat, président de l'Association d'animation et d'échanges culturels (AAEC), porteuse du projet : « C'est pour nous surtout une façon de remercier les gens qui s'investissent dans ce projet et le soutiennent de près ou de loin », affirme-t-il.

Puis de nous confier ce qui fera la fierté des musulmans villeneuvois : « Cette mosquée est la première mosquée écologique de France », déclare-t-il. Sa spécificité ? « Le chauffage est géothermique », nous explique Abderrabi, membre du conseil d'administration, tout en nous expliquant son ingénieux fonctionnement, à partir d'une pièce située à l'arrière du bâtiment, où se trouve enfoncée la pompe à chaleur, qui permettra de récupérer l'énergie dans le sol pour la transformer en chaleur utilisable dans la mosquée.

Ce système écolo lui aura coûté la somme non négligeable de 280 000 euros. Mais les concepteurs misent sur sa rentabilité. De plus, « la mosquée est équipée de près de 700 m² d'espaces vitrés, ce qui permet des économies d'énergies », ajoute-t-il.

« Casser les traditions »

Conçue pour accueillir entre 1 500 et 2 000 personnes, le bâtiment comportera cinq salles de classe, une médiathèque, des bureaux, une salle de conférences et deux salles de prière : les hommes au rez-de-chaussée, les femmes en mezzanine, derrière une large baie vitrée.

M. Karrat avoue préférer que femmes et hommes prient dans la même salle, mais « faute d'espace suffisant », et n'étant pas adepte des séparations murées comme on en voit dans la majorité des mosquées de France, qui prennent modèle sur le Maghreb, l'espace vitré a été la solution intermédiaire, pour « casser ces traditions qui n'ont rien à voir avec l'islam». « Au temps du prophète Muhammad, femmes et hommes priaient dans une même pièce », justifie-t-il.

Façades vitrées pour des économies d'énergie et minaret silencieux haut de 18 m.
Façades vitrées pour des économies d'énergie et minaret silencieux haut de 18 m.

Un minaret silencieux

Côté architecture, c'est une alliance moderne qu'a voulue l'architecte Oussama Bezaizi, désormais fort sollicité pour d'autres projets de mosquées en France. Bientôt parée de briques rouges, conformément à la tradition locale du bassin minier, la mosquée comporte aussi une coupole verte de 13 mètres de haut et un minaret haut de 18 mètres... symbolique bien entendu.

« Il y a de fortes chances pour que l'on prie le mois du Ramadan ici », dit d'un air confiant le président de l'AAEC, qui attend avec impatience l'autorisation municipale pour annoncer à ses fidèles l'ouverture des portes de la mosquée pendant le mois du Ramadan 2010, où pourront se recueillir, dans le confort et la sécurité, des centaines de femmes, d'hommes et d'enfants.






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