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Société

Un magazine pour enterrer la hache de guerre entre jeunes et policiers

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mercredi 12 Juin 2013 à 18:50

           

Les relations entre la police et la jeunesse française sont loin d’être au beau fixe. Pour tenter de créer un dialogue apaisé entre ces acteurs de la société, l’association Multikulti Média publie un magazine intitulé « Jeunes, police : du conflit au dialogue ? » en partenariat avec la fondation Open Society. Ce guide de 20 pages, utile pour la cohésion sociale, sera distribué vendredi 14 juin, aux ministres et à tous les députés et sénateurs ainsi qu’à des associations de jeunes et aux syndicats de police, de la magistrature et des avocats.



Couverture du magazine « Jeunes, police : du conflit au dialogue ? » de Multikulti Média.
Couverture du magazine « Jeunes, police : du conflit au dialogue ? » de Multikulti Média.
L’association Multi Kulti Média, créée en décembre 2012 par des professionnels des médias et de l’éducation « pour favoriser une autre image et une juste expression des minorités », a décidé de s’attaquer aux relations conflictuelles et tendues pouvant exister entre la police et la jeunesse. Le but : trouver des solutions pour créer un dialogue apaisé entre les jeunes et les agents de police. L’association a décidé, dans ce sens, de mettre sur pied un minimagazine consacré à cette thématique.

Avec l’appui de la fondation Open Society, qui a publié en 2009 la première étude statistique sur les contrôles au faciès, Multi Kulti Média sort, vendredi 14 juin, « Jeunes, police : du conflit au dialogue ? », un magazine exposant l’état des lieux des relations police-jeunes ainsi que des propositions d’acteurs de terrain.

Jeunes et police : un dialogue de sourds

Le magazine de Multi Kulti Média propose 20 pages de diagnostic, de témoignages, d'analyses et de propositions sur cette thématique. Le constat de la fondation Open Society sur les contrôles au faciès, qui pourrissent les relations entre les agents de police et les jeunes issus des minorités ethniques est livré. « Les contrôles au faciès existent dans beaucoup de pays. La particularité de la France, c’est le déni. Les personnes noires ou arabes sont contrôlées de manière disproportionnée. En moyenne, un Noir a 6 fois plus de risques qu’un Blanc de subir un contrôle d’identité, et un Arabe 8 fois plus », note ainsi Lanna Hollo, la représentante d’Open Society en France.

« Jeunes et police, le dialogue de sourds » titre l’un des articles du magazine. « Ces dix dernières années, un point de non-retour semble avoir été atteint. Les révoltes parties de Clichy-sous-Bois en 2005 ou de Villiers-le-Bel en 2007 en témoignent. Plus généralement, l’image des policiers auprès de la jeunesse française n’a cessé de se dégrader. D’après un sondage IFOP publié l’an dernier, la moitié des moins de 35 ans considère que la police est inefficace et abuse de ses pouvoirs », lit-on. « Trente ans après la Marche pour l’égalité, les relations entre police et jeunesse demeurent toujours aussi problématiques », ajoute Multi Kulti Média dans son communiqué de presse.

Cette situation occasionne bien des « souffrances », nous explique Marc Cheb Sun, éditorialiste et ancien directeur de la rédaction de Respect Mag. Il y a une première souffrance dans « les quartiers », où les jeunes se font « contrôler constamment et doivent prouver leur innocence », fait-il remarquer. « Il y a une autre souffrance, vécue par les personnes noires ou maghrébines qui ne vivent pas forcément dans les quartiers mais qui sont jugées sur leur origine et subissent des contrôles au faciès. Elles sont confrontées à un regard de suspicion. Et il y a également une souffrance chez les policiers, souvent très jeunes, très peu formés à ces situations, qui viennent parfois de milieux ruraux ou de toutes petites villes et se retrouvent dans des grandes villes. C’est un vrai choc pour eux », analyse l’éditorialiste. Entre des jeunes qui se sentent harcelés et des policiers non préparés à ce terrain, les relations virent à l’affrontement.

La proximité comme solution

Pour mettre fin à cette souffrance, née d’une absence de dialogue, le magazine expose les propositions d’acteurs du terrain. Pour Mohamed Douhane, du syndicat de police Synergie Officiers, « il faut affecter les policiers les plus expérimentés dans les quartiers sensibles, et prendre le temps de former ceux qui travailleront en "zones de sécurité prioritaires" », quand Abdelhak Eddouk, président de l’Union des musulmans de Grigny et ancien aumônier musulman mise tout sur « la proximité et la communication ».

Le Collectif Stop le contrôle au faciès reste attaché à la mesure du récépissé remis en cas de contrôle ; une proposition mise au placard par le ministre de l’Intérieur Manuel Valls. Ce dernier pourra, d'ailleurs, consulter l’ensemble des propositions recueillies par Multi Kulti Média sur ce sujet sensible car tous les ministres recevront le magazine ce vendredi 14 juin.

Mais l’impact de cette publication sur les dirigeants de notre pays n’est pas gagné. Pour renforcer la prise en compte de ces propositions, l’association prévoit une soirée-débat sur le sujet pour le mois de septembre, en partenariat avec le think-thank Terra Nova.

Par ailleurs, le magazine est téléchargeable sur plusieurs sites, dont Saphirnews*. Patricia Jezequel, coordinatrice de la revue pour Multi Kulti Média, espère ainsi que « les associations se saisiront de cet outil, qui est gratuit et mis à leur disposition pour organiser des rencontres ». Le magazine sera également distribué lors des festivals de l’été, à Paris, et lors de la fête du cinéma du 30 juin au 3 juillet.


* Télécharger le magazine « Jeunes, police : du conflit au dialogue ? » :
pj_revue_hd_bd.pdf PJ_REVUE_HD_BD.pdf  (2.6 Mo)






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