Soufiane Iquioussen est fondateur et directeur du Garage solidaire du Hainaut. (Photo DR)
Saphirnews : En tant que jeune entrepreneur, quel bilan tirez-vous du quinquennat de François Hollande s’agissant de l’entrepreneuriat, de la création d’entreprises et de l’emploi ?
Soufiane Iquioussen : J’observe à la fois des avancées significatives et des déceptions. La loi Hamon a permis de donner une vraie reconnaissance juridique au secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) en créant le label ESUS (entreprise solidaire d’utilité sociale).
Jusqu’alors, tout le monde pouvait se prétendre relever de l’économie sociale et solidaire mais il n’y avait pas de règles bien établies. La loi a permis de clarifier la dimension juridique et s’est ensuivi le lancement de plusieurs fonds d’investissement destinés à l’économie sociale et solidaire, des fonds à impact social…
La création des guichets uniques d’information pour les créateurs d’entreprise a permis aussi une simplification des démarches.
Jusqu’alors, tout le monde pouvait se prétendre relever de l’économie sociale et solidaire mais il n’y avait pas de règles bien établies. La loi a permis de clarifier la dimension juridique et s’est ensuivi le lancement de plusieurs fonds d’investissement destinés à l’économie sociale et solidaire, des fonds à impact social…
La création des guichets uniques d’information pour les créateurs d’entreprise a permis aussi une simplification des démarches.
Et quels sont les points négatifs ?
Soufiane Iquioussen : Malheureusement, les agences de développement économique dans les quartiers n’ont finalement pas été créées.
En France, le problème est culturel : on n’a pas droit à l’expérimentation ni à l’échec. Quand on crée une entreprise et qu’on s’est cassé la figure, c’est très difficile d’avoir par la suite des aides et du financement pour relancer l’activité. Contrairement aux pays anglo-saxons, où plus on a accumulé d’expériences, plus on nous fait confiance car l’on sait qu’on ne fera pas les mêmes erreurs. En Angleterre, en 24 heures l’on peut créer son entreprise alors qu’ici c’est une catastrophe. Au niveau administratif, le choc de simplification, on l’attend toujours !
L’autre point négatif, ce sont les charges. Il y a pas mal d’aides qui ont été mises en place, surtout au niveau des aides à l’embauche, mais les contrats aidés restent toujours des contrats précaires. Au bout de la deuxième ou de la troisième année d’ancienneté, si l’entreprise n’a pas suffisamment de trésorerie, elle ne tient pas la route.
Au niveau financier, les TPE, les PME et les artisans subissent un matraquage fiscal : cela ne pousse pas à entreprendre ! Ce qui est vraiment aberrant, parce que ce sont surtout les TPE et les PME qui créent de la richesse dans ce pays.
En France, le problème est culturel : on n’a pas droit à l’expérimentation ni à l’échec. Quand on crée une entreprise et qu’on s’est cassé la figure, c’est très difficile d’avoir par la suite des aides et du financement pour relancer l’activité. Contrairement aux pays anglo-saxons, où plus on a accumulé d’expériences, plus on nous fait confiance car l’on sait qu’on ne fera pas les mêmes erreurs. En Angleterre, en 24 heures l’on peut créer son entreprise alors qu’ici c’est une catastrophe. Au niveau administratif, le choc de simplification, on l’attend toujours !
L’autre point négatif, ce sont les charges. Il y a pas mal d’aides qui ont été mises en place, surtout au niveau des aides à l’embauche, mais les contrats aidés restent toujours des contrats précaires. Au bout de la deuxième ou de la troisième année d’ancienneté, si l’entreprise n’a pas suffisamment de trésorerie, elle ne tient pas la route.
Au niveau financier, les TPE, les PME et les artisans subissent un matraquage fiscal : cela ne pousse pas à entreprendre ! Ce qui est vraiment aberrant, parce que ce sont surtout les TPE et les PME qui créent de la richesse dans ce pays.
Quelles préconisations émettez-vous pour le prochain quinquennat ?
Soufiane Iquioussen : Moi qui suis entrepreneur social et profondément de gauche, je pense pourtant qu’on doit davantage libéraliser : il faut nous donner les moyens de développer nos entreprises et de créer de la richesse. Cela passe impérativement par un allègement des charges, par la simplification administrative et surtout la numérisation administrative, c’est essentiel.
Le statut d’étudiant entrepreneur, qui n’existait pas avant et qui a été créé sous le quinquennat de François Hollande, a fait du bien. Mais cette priorité donnée à la jeunesse est demeurée à dose homéopathique. Les politiques n’ont pas vraiment fait leur boulot pour soutenir les jeunes.
Quand on est jeune, on n’a pas de capital ni toutes les compétences. Donc les problématiques d’investissements financiers de départ et de l’accompagnement des jeunes entrepreneurs restent entières !
Le statut d’étudiant entrepreneur, qui n’existait pas avant et qui a été créé sous le quinquennat de François Hollande, a fait du bien. Mais cette priorité donnée à la jeunesse est demeurée à dose homéopathique. Les politiques n’ont pas vraiment fait leur boulot pour soutenir les jeunes.
Quand on est jeune, on n’a pas de capital ni toutes les compétences. Donc les problématiques d’investissements financiers de départ et de l’accompagnement des jeunes entrepreneurs restent entières !
Quels types d’accompagnement à l’entrepreneuriat envisagez-vous ?
Soufiane Iquioussen : La formation à l’entrepreneuriat existe déjà dans les grandes écoles, mais il faudrait généraliser la sensibilisation à l’université, voire dès le lycée.
À travers Talents des cités, j’interviens régulièrement dans les écoles, dans les lycées, dans les universités pour témoigner de mon parcours. Cela peut créer des vocations et permettre et de faire évoluer les mentalités. Mais montrer l’exemplarité ne suffit pas. Il faut aussi des cursus de formation pour savoir gérer les entreprises.
J’adhère à l’idée de créer des écoles de l’entrepreneuriat voulues par Najat Vallaud-Belkacem… Si l’on en avait créées dans toutes les régions, cela aurait fait beaucoup de bien.
L’on sait que des emplois qui n’existent pas encore sur le marché vont surgir, que les jeunes ne vont pas travailler 40 ans dans la même boite, qu’ils changeront de parcours, exercer plein de métiers et pourquoi pas entreprendre. Il faut qu’il y ait cette agilité.
À travers Talents des cités, j’interviens régulièrement dans les écoles, dans les lycées, dans les universités pour témoigner de mon parcours. Cela peut créer des vocations et permettre et de faire évoluer les mentalités. Mais montrer l’exemplarité ne suffit pas. Il faut aussi des cursus de formation pour savoir gérer les entreprises.
J’adhère à l’idée de créer des écoles de l’entrepreneuriat voulues par Najat Vallaud-Belkacem… Si l’on en avait créées dans toutes les régions, cela aurait fait beaucoup de bien.
L’on sait que des emplois qui n’existent pas encore sur le marché vont surgir, que les jeunes ne vont pas travailler 40 ans dans la même boite, qu’ils changeront de parcours, exercer plein de métiers et pourquoi pas entreprendre. Il faut qu’il y ait cette agilité.
Que diriez-vous aux jeunes qui ont envie de se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Soufiane Iquioussen : Avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, il faut d’abord bien assurer ses arrières. Bien sûr, avoir un projet, mais c’est surtout savoir mettre tout en œuvre pour qu’il réussisse.
Cela veut dire savoir s’entourer et avoir un minimum de compétences pour éviter de faire des erreurs et pouvoir démarrer dans de bonnes conditions. C’est d’abord une posture personnelle, car tout le monde ne peut pas être à la hauteur et devenir entrepreneur, car il y a une grosse implication personnelle, une grosse charge de travail, une capacité à incarner son projet. Ça, c’est essentiel.
La deuxième chose, c’est qu’il faut développer un réseau (les clients, les partenaires, les fournisseurs, etc.), car sans réseau impossible de s’en sortir. Et surtout n’avoir peur de rien, il faut se lancer !
Les jeunes sont plus sensibles à l’écologie, à la solidarité, au social, au management bienveillant. Le système capitaliste est à bout de souffle. L’économie sociale et solidaire entend faire évoluer la société vers quelque chose de plus équitable et de plus profitable à l’ensemble de la population.
Les nouvelles générations ont une certaine agilité et sont dans l’innovation. Qu’il s’agisse de l’innovation technologique, numérique ou sociale. Il ne faudrait pas freiner l’innovation par un manque d’agilité des administrations et des pouvoirs publics.
Cela veut dire savoir s’entourer et avoir un minimum de compétences pour éviter de faire des erreurs et pouvoir démarrer dans de bonnes conditions. C’est d’abord une posture personnelle, car tout le monde ne peut pas être à la hauteur et devenir entrepreneur, car il y a une grosse implication personnelle, une grosse charge de travail, une capacité à incarner son projet. Ça, c’est essentiel.
La deuxième chose, c’est qu’il faut développer un réseau (les clients, les partenaires, les fournisseurs, etc.), car sans réseau impossible de s’en sortir. Et surtout n’avoir peur de rien, il faut se lancer !
Les jeunes sont plus sensibles à l’écologie, à la solidarité, au social, au management bienveillant. Le système capitaliste est à bout de souffle. L’économie sociale et solidaire entend faire évoluer la société vers quelque chose de plus équitable et de plus profitable à l’ensemble de la population.
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