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Points de vue

Lettre ouverte aux musulmans : ouvrons nos cœurs, ne les fermons pas

Renforçons l'amitié judéo-musulmane

Rédigé par Asif Arif et Abdul GhaniJahangeer Khan | Mardi 26 Janvier 2016 à 16:12

           


Lettre ouverte aux musulmans : ouvrons nos cœurs, ne les fermons pas
En France, ces derniers mois, le climat est quelque peu tendu. Entre les différentes sorties sur le principe de laïcité et l’agression d’un professeur de confession juive à Marseille (ayant entraîné une série de questionnements sur la kippa et l’identité de la République), la France accuse le coup de polémiques répétitives. N’étant pas investi d’un mandat représentatif, traiter un aspect politique de la société nous est étranger.

En revanche, étant respectivement un Français de confession musulmane et un imam, nous souhaitons démontrer qu’une coexistence judéo-musulmane existe déjà et qu’elle devrait se renforcer entre citoyens français de confessions juive et musulmane.

Nulle concurrence entre les prophètes

Renforcer la coopération et l’amitié entre ces deux religions est fondamental en ce que les sentiments se polarisent. D’un côté, les musulmans tenant des propos ridicules à l’égard des juifs et les juifs tenant des propos grotesques vis-à-vis des musulmans. L’idée d’une conciliation doit venir des deux parties certes, mais des musulmans en priorité, non pas en raison d’une responsabilité alourdie, mais par amour du Prophète Muhammad. Cette priorité est liée, non pas à nos velléités personnelles, mais aux enseignements qui ont été légués aux musulmans par le Prophète de l’islam.

Il est vrai que ces enseignements sont souvent oubliés et on ne retient comme vecteur de compréhension de la relation judéo-musulmane que le conflit israélo-palestinien, qui se rapproche très nettement d’un conflit géopolitique plus que d’un conflit religieux à proprement dit. En effet, les paroles rapportées du Prophète sont claires. Dans son comportement, il a toujours cherché à éviter de blesser les sentiments d’autrui, notamment en évitant de placer sur des plans concurrentiels deux prophètes qui étaient chers à ces deux communautés. Ainsi a-t-il dit à l’un de ses compagnons de ne « pas l’exalter au-dessus de Moïse » afin de ne pas blesser les sentiments de son contradicteur de confession juive.

Des anecdotes prophétiques riches d'enseignements

Dans le Traité de Médine, traité phare de l’interreligieux, le Prophète Muhammad décida de l’application d’une justice distributive, appliquant les lois de la Torah pour les uns et les commandements prescrits par le Coran pour les autres, en fonction de leur confession. Nous ne voyons pas dans cette attitude ou dans ces enseignements, une volonté de l’islam de vouloir, à tout prix, s’imposer dans les pays dans lesquels les personnes exercent cette foi.

On remarque au contraire, et avant tout, que le Prophète était une personne d’une grande distinction et d’une incroyable déférence. Alors que le cortège funéraire d’un homme de confession juive passa devant lui, le Prophète s’arrêta pour marquer une minute de silence. Un de ses compagnons l'interpella en lui affirmant qu’il s’agissait d’un juif, membre de cette communauté qui avait cherché à l’empoisonner. La réponse du Prophète fut très simple et très direct : « N’était-il était pas un être humain ? »

En conséquence, la réponse des musulmans ne peut être que celle qui a été proposée par le Prophète. Cette réponse est celle de l’amitié et de l’entente, du respect et de la coexistence. En conséquence de ce message, nous n’avons pas le droit de manifester de l’hostilité au regard de la grande clémence du Prophète ; depuis quand, nous, musulmans, avons le droit de changer la grande déférence et l'immense clémence du Prophète de au profit d’egos personnalisés ?

Là où il y a de l’intolérance, proposons de l’amitié. Là où il y a de la haine, proposons de l’amour. Ce sont les enseignements que le Prophète nous a légués et que nous avons très largement oubliés. Revenons à la source en interrogeant constamment notre savoir à la lumière du grand comportement du Prophète fondateur de notre religion.

Et nous verrons qu’entre juifs et musulmans, les distances qui nous séparent ne représentent même pas quelques mètres.

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Asif Arif est avocat au Barreau de Paris et chargé d’enseignement à l’Université Paris Dauphine. Il intervient ponctuellement en « Libertés publiques » à l’Ascencia Business School. Il milite depuis plusieurs années en faveur des minorités religieuses. Il est l’auteur de « L’Ahmadiyya : un islam interdit ». Abdul Ghany Jahangeer Khan est imam de la communauté musulmane ahmadiyya en charge du Bureau international pour la francophonie située à Londres.






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