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Religions

Juifs et musulmans : plus de cent jeunes à Berlin pour une semaine de débats

Rédigé par Mérième Alaoui | Vendredi 21 Août 2015 à 00:47

           

Une centaine de jeunes leaders juifs et musulmans venus du monde entier sont actuellement réunis à Berlin pour la Muslim and Jewish Conference (MJC). L’organisme à but non lucratif a pour but de créer le dialogue durant toute une semaine et de monter des projets en commun.



A l'initiative de la Muslim and Jewish Conference (MJC), plus de cent jeunes juifs et musulmans se sont réunis durant une semaine à Berlin pour leur 6e Conférence annuelle, sous le parrainage du ministre allemand des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier. (Photo : MJC)
A l'initiative de la Muslim and Jewish Conference (MJC), plus de cent jeunes juifs et musulmans se sont réunis durant une semaine à Berlin pour leur 6e Conférence annuelle, sous le parrainage du ministre allemand des Affaires étrangères Frank Walter Steinmeier. (Photo : MJC)
Après Vienne, Kiev ou Bratislava, la 6e édition de la Muslim Jewish Conference (MJC) se tient cette année dans la capitale allemande depuis le 16 août et jusqu’au lundi 24. Le parrain de cette année n’est autre que Frank-Walter Steinmeier, ministre des Affaires étrangères allemand. Venus de 40 pays différents, 115 jeunes étudiants, leaders associatifs ou communautaires juifs et musulmans ont fait le déplacement pour aller à la rencontre de l’autre, au-delà des clivages culturels et souvent politiques.

« Le programme de cette année est très chargé ! Nous avons organisé des comités de travail sur l’islamophobie, l’antisémitisme, la construction des discours de haine sur Internet, le genre et la religion, l’art et la culture ou encore la problématique de vivre en tant que minorité à travers la question du pouvoir, des droits humains… », détaille Rafael Tyszblat, médiateur, expert en dialogue interculturel et responsable des programmes pour la MJC.

En plus des comités de travail, des séances plénières sont également organisées avec, en l’occurrence, une séance, mercredi 19 août, sur la question du conflit israélo-palestinien. « Évidemment, nous n’éludons pas ce sujet très important… Nous donnons la parole à tous. Par exemple, nous avons des membres du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) parmi nous. Et lors de la séance, nous avons pu entendre les témoignages d’une juive israélienne qui vit dans une colonie de Cisjordanie et également celui d’un Palestinien qui a passé dix années dans les prisons israéliennes… »

Un face-à-face qu’on imagine musclé, mais le dialogue reste la clé pour le consultant. « Il est évident que cette Israélienne et ce Palestinien ne seront peut-être jamais d’accord et ce n’est d’ailleurs pas forcément notre but. Mais tous deux ont reconnu l’importance de l’échange et de l’écoute de l’autre. »

Un cadre spécial pour susciter le dialogue

Car la MJC crée des conditions pour susciter le dialogue. Un peu comme en vase clos, les jeunes qui passent une semaine ensemble se découvrent naturellement. C’est donc bien différent des débats qu’on peut voir sur les réseaux sociaux. « Sur Internet, en général, il y a des altercations violentes, entre des gens qui signent sous un pseudo... Ici nous créons une ambiance particulière, un cadre adéquat au dialogue. »

Si la majorité des participants est de confession ou de culture juive ou musulmane, ce n’est pas une obligation pour participer aux débats de la MJC. « Il est clair que l’intérêt est d’avoir une majorité de représentants de ces deux religions, mais on estime qu’il y a parmi les participants entre 10 et 15 % d’athées, de catholiques ou d’agnostiques », poursuit le consultant.

Ces jeunes qui partagent des moments d’échange peut-être uniques dans leur vie apprennent à tisser des liens et à intégrer des camarades de l’autre religion dans leur réseau. « Par exemple, quand la guerre a éclaté au Yémen, un ancien participant de MJC, Mohammed s’est retrouvé piégé, cerné de toutes parts par d’autres communautés ennemies. Il a fait appel à la MJC… Et grâce aux contacts diplomatiques, pour la plupart de personnes juives, il a réussi à sortir du pays... »

Séances plénières, ateliers de travail thématiques mais aussi conversations interpersonnelles rythment les journées de la 6e Conférence annuelle de la Muslim and Jewish Conference. (Photo : MJC)
Séances plénières, ateliers de travail thématiques mais aussi conversations interpersonnelles rythment les journées de la 6e Conférence annuelle de la Muslim and Jewish Conference. (Photo : MJC)

La conférence de 2016 à Paris ?

Hormis les sujets politiques, la religion en tant que pratique est également traitée. Un rabbin et un cheikh interviennent pour présenter les bases de leur religion respective et détailler certaines notions. « Quel que soit le niveau de connaissances, l’'idée est que chacun puisse connaître davantage l’autre religion. »

La MJC se déroule essentiellement grâce aux bénévoles. D'année en année, les participants se proposent en tant que bénévoles et ainsi le réseau s'amplifie. « La MJC cherche à étendre sa visibilité et son réseau de dialogue et de communication interculturelle, afin de se rapprocher de son objectif de devenir un groupe de réflexion mondial pour les intérêts judéo-musulmans », explique-t-on dans la présentation officielle.

Si les conférences annuelles se sont jusqu’alors tenues dans des capitales européennes, il s'agit de viser également d’autres continents. Mais, dans un avenir proche, pour 2016, les débats devraient avoir lieu en France. « Ce n’est pas encore confirmé à 100 %, mais ce serait Paris ou Strasbourg… J’y tiens personnellement. C’est en France où les minorités musulmane et juive sont les plus importantes en Europe. Et avec les derniers événements il y a des tensions importantes… L’intérêt de la France est tout trouvé », avance Rafael Tyszblat, lui-même Parisien. D’autant que, selon lui, le pays a des efforts à faire dans les échanges interculturels et interreligieux. « Je suis toujours sidéré de constater le faible niveau en France sur ces sujets. Il y a bien des petites associations qui font du bon travail. Mais on ne peut pas dire qu'il y a un réel intérêt institutionnel ni politique, contrairement à d'autres pays. C’est pourtant fondamental »





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