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Les prédateurs au pouvoir, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot

Reçu à Saphirnews

Rédigé par | Vendredi 14 Avril 2017 à 13:53

           


L’avis de Saphirnews

« Plus de gauche ni de droite, tous réunis et unis autour du veau d’or ! »

À une semaine du premier tour de l’élection présidentielle 2017, si vous n’avez toujours pas lu l’un des nombreux ouvrages des sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon parmi plus de la vingtaine qu’ils ont écrits et que tout citoyen éclairé se doit d’avoir compulsés…

Si vous ne vous êtes pas plongés dans l’ouvrage absolument fondamental de 294 pages Les Ghettos du gotha. Comment la bourgeoisie défend ses espaces (Éd. du Seuil, 2007, rééd. 2010)… Car n’oublions pas que les premiers communautaristes qui cultivent l’entre-soi et l’homogamie sociale sont les bourgeois et les aristocrates (et non les « musulmans » toujours taxés de « communautaires » !)...

Si vous ne savez rien de Le Président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy (nouv. éd. La Découverte, 2011)… Cependant, pas trop grave ! Ce dernier a heureusement été dégommé aux primaires de la droite...

Si vous n’avez pas lu non plus La Violence des riches. Chronique d’une immense casse sociale (nouv. éd. La Découverte, 2014) ni assisté à la (superbe) pièce de théâtre éponyme, tirée des travaux de ces deux anciens directeurs de recherche du CNRS, éminents spécialistes des grandes fortunes françaises, et dont voici un extrait du débat qui a suivi l’une des représentations à la Maison des Métallos, le 15 mars...

... Eh bien, il est temps d’avaler, en toute conscience citoyenne, leur nouvel ouvrage Les Prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir (Éd. Textuel, 2017). En 64 pages seulement, vous avez là un résumé de leur analyse. « Nous sommes des citoyens malheureux mais des sociologues satisfaits de constater chaque jour la validation de la thèse d’une guerre que les plus riches mènent contre les peuples avec l’Argent pour principale arme. La majuscule symbolise la déification de ce qui était un moyen d’échange entre les hommes et qui est devenu une fin en soi » (p. 8), disent les auteurs en introduction de leur opuscule.

« La concentration de l’argent en quelques mains permet d’attaquer sur tous les fronts : les droits sociaux, la démocratie, l’environnement, jusqu’à l’humanité même. Le néolibéralisme, structuré de manière oligarchique, contrôle tous les aspects de la société. La “pensée unique” a balayé la fracture entre la droite et la gauche et transformé la guerre des classes en une violence invisible, inaudible et indicible qui doit être ressentie comme une “donnée naturelle”, allant de soi et donc intouchable » (p. 20).

Les prédateurs au pouvoir, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot
Sont bien entendu passés au crible le président américain Donald Trump sous lobbying des industries pétrolières, les Le Pen totalement décomplexés dans leur rapport à l’argent public (financement frauduleux des campagnes…) et qui se prétendent porte-parole du peuple, François Fillon dont les épisodes du #PenelopeGate ne cessent de rebondir. « Les affaires Le Pen, Fillon et Trump doivent être décryptées avec les outils de la sociologie qui mettent en évidence une classe sociale qui a pour seul objectif la défense de ses intérêts et la destruction de toutes les protections pour les autres » (p. 40).

« Le jeune banquier d’affaires souriant de chez Rothschild » Emmanuel Macron n’est pas pour autant épargné. Après avoir décrit le parcours du « chouchou des puissants » qui a réussi à faire financer sa campagne électorale depuis Londres et New York en refusant de publier la liste de ses donateurs, les sociologues décryptent ses éléments de langage : « Le conformisme jusqu’à la caricature est transfiguré en un progressisme ouvrant un avenir radieux à la France de demain (…). La manipulation idéologique consiste à faire passer une liberté négative et individualiste pour la liberté sociale et de progrès collectivement partagé ». Une vraie « escroquerie linguistique » (p. 53).

Le propos des sociologues n’est pas de dire que « les riches sont les méchants » et les autres « sont les gentils », rappellent-ils lors du débat organisé à la Maison des Métallos. Il s’agit d’« une guerre de classes, où nous avons notre part de responsabilité, où nous avons à interroger notre capacité à accepter l’inacceptable ! »

Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon posent-ils un regard défaitiste sur notre société contemporaine ? « Aller au bout de la connaissance et que l’on puisse réfléchir tous ensemble est notre plus grande lueur d’espoir », disent-ils. « Nous sommes les premiers à reconnaitre que notre sociologie est profondément désenchanteuse », avouent-ils cependant. « Mais elle réjouit beaucoup de gens ! »

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Les Prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir, Éd. Textuel, mars 2017, 64 p. 8 €.



Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur


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