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Culture & Médias

Institut des cultures d'islam : symbole d’un renouveau de Paris

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 2 Décembre 2013 à 06:00

           

En plein cœur du 18e arrondissement à Paris, le premier bâtiment de l’Institut des cultures d’islam (ICI) a été inauguré jeudi 28 novembre. La foule s’est pressée pour voir le centre d’art flambant neuf baptisé ICI Goutte-d’Or qui compte en son sein un tout nouveau lieu de culte musulman. Retour sur l’inauguration d’un espace à la fois culturel et cultuel qui n'a pas fini son extension.



L'Institut des Cultures d'Islam (ICI).  © Marc Verhille / Mairie de Paris.
L'Institut des Cultures d'Islam (ICI). © Marc Verhille / Mairie de Paris.
Amateurs d’arts et fidèles musulmans étaient rassemblés 56 rue Stephenson, dans le 18e arrondissement de Paris, jeudi 28 novembre pour l’inauguration officielle du bâtiment ICI Goutte d’Or, un des deux espaces de l’Institut des cultures d’islam (ICI).

Bertrand Delanoë, le maire de Paris, et Daniel Vaillant, le maire du 18e arrondissement, qui ont œuvré à la création de l’ICI, accompagnés de plusieurs cadres parisiens, dont Anne Hidalgo, la première adjointe de M. Delanoë et candidate à la mairie de Paris en 2014 et Hamou Bouakkaz, adjoint chargé de la Démocratie locale et de la Vie associative, étaient présents aux côtés de Jamel Oubechou, le président de l'ICI et de Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris (GMP) qui a acquis, par le biais de la Société des Habous et des Lieux saints de l’islam, la salle de prière de 297 m² de l’ICI Goutte-d’Or.

Tous ont salué l’aboutissement d’un projet novateur, qui tout en faisant la part belle aux cultures d’islam permet d’offrir un nouveau lieu de culte aux fidèles parisiens dans le quartier du même nom.

Une fierté pour Bertrand Delanoë et Daniel Vaillant

Premier à s’exprimer lors de l’inauguration, Jamel Oubechou a tenu à saluer la « vraie implication » de la municipalité dans ce projet, qui a « pour double objectif de permettre à tous et à toutes d’y trouver dans deux bâtiments une offre culturelle inédite et de permettre aux croyants et aux croyantes d’y trouver des lieux de culte dignes. Il s’agissait pour le maire de Paris et le maire du 18e arrondissement que je suis de valoriser les cultures d’islam dans un quartier qui est emblématique de l’immigration et de refuser l’indignité de l’islam des caves et des prières de rue », a expliqué Daniel Vaillant.

« Je suis fier d’appartenir à cette équipe parisienne qui a participé à un ICI dans le secteur de la Goutte-d’Or, au cœur d’un quartier emblématique d’une présence musulmane historique. Ainsi, la ville de Paris apporte une solution concrète, digne et respectueuse du droit de pratiquer un culte et donc respectueuse du principe républicain de laïcité et qui met en valeur comme il se doit toutes les cultures musulmanes », a estimé le maire du 18e.

Bertrand Delanoë a exprimé la même fierté dans son discours. « C’est un rêve que cette ville de Paris aime toute son histoire, aime tous ses enfants, veulent que chacune et chacun soit respecté et même mis en valeur », a lancé le maire de Paris. « Le principal enjeu est de servir, protéger et donner à des quartiers abandonnés le droit à la dignité, qui passe par le logement, les équipements, qui passe par la beauté (…) C’est dans ce cadre-là que naît l’ICI », a-t-il expliqué.

Bertrand Delanoë lors de l'inauguration de l'ICI Goutte-d'Or, jeudi 28 novembre. © Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris.
Bertrand Delanoë lors de l'inauguration de l'ICI Goutte-d'Or, jeudi 28 novembre. © Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris.

La laïcité, « respect de la conviction de chacun »

Les deux élus ont tenu à remettre les choses au clair, en répondant aux critiques de ceux qui voient dans l’ICI une entorse à la laïcité. Dans les deux bâtiments de l’ICI, chacun offrira des projets culturels sous la houlette d’« une association régie par la loi 1901 et des activités cultuelles gérées par une association cultuelle de loi 1905 », a ainsi répété M. Vaillant. Au départ, personne ne croyait qu’un tel projet soit possible « sans mettre un euro de la collectivité », rappelle Bertrand Delanoë. Mais la vente de la salle de prière à la GMP a prouvé le contraire. « La loi de 1905 est bonne. On peut financer le culturel mais le cultuel doit être financé sur fonds privés. Je ne leur ai pas fait de cadeau (à la GMP, ndlr). Ce lieu de culte, il est aux croyants musulmans », a déclaré le maire de Paris.

Concernant le deuxième futur bâtiment de l’ICI situé rue Polonceau, qui n’a toujours pas trouvé d’acquéreur pour sa partie cultuelle, il n’est pas du tout inquiet. « Je ne serais même pas étonné qu’il y ait plusieurs associations qui soient intéressées », a-t-il fait savoir sans plus de précisions. « Qu’est-ce que la laïcité ? C’est le respect de l’identité de chacun, c’est le respect de la conviction de chacun. La laïcité, ce n’est pas l’indifférence, c’est le rassemblement dans la communauté républicaine », a ajouté Bertrand Delanoë.

Des fidèles confrontés au manque de mosquées

Tout en étant fidèle aux préceptes de la laïcité, le projet de l’ICI permet de faire face à l'insuffisance de mosquées dans la capitale, notamment dans le 18e arrondissement où les fidèles étaient amenés à prier dans la rue. Ils disposent à présent d’une nouvelle salle de prière d’une surface de 297 m² qui peut accueillir jusqu’à 400 fidèles. La GMP a acquis ses lieux, situés au premier étage du bâtiment, pour 2,2 millions d'euros. Lors de forte affluence comme lors des fêtes de l’Aïd, des espaces supplémentaires dans la partie culturelle pourront être loués par la GMP.

« C’est un grand honneur d’être associé à cette magnifique réalisation parisienne », a réagi son président Dalil Boubakeur, qualifiant l’inauguration de l’ICI Goutte-d’Or de « journée historique et marquante de la vie parisienne », à laquelle ont aussi assisté l’ambassadeur et le consul d’Algérie mais aussi Kamel Kabtane, le recteur de la Grande Mosquée de Lyon. Bertrand Delanoë est un « grand bienfaiteur de l’islam » au vu de son travail mené dans la capitale pour améliorer le culte des musulmans, a jugé Dalil Boubakeur.

Avec l’ouverture de ce nouveau lieu de culte, on reste toutefois loin des besoins de la communauté musulmane du 18e arrondissement. Ainsi, près de 6 000 personnes prient chaque vendredi dans une ancienne caserne de pompiers mise en location par les pouvoirs publics en 2011 pour mettre fin aux prières de rue.

Jamel Oubechou, le président de l’ICI, Bertrand Delanöe, le maire de Paris et Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris visitent la salle de prière de l’ICI .© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris.
Jamel Oubechou, le président de l’ICI, Bertrand Delanöe, le maire de Paris et Dalil Boubakeur, le recteur de la Mosquée de Paris visitent la salle de prière de l’ICI .© Jean-Baptiste Gurliat / Mairie de Paris.

Une salle de prière de plus de 400 m² à l’ICI Barbès

La dimension artistique de l'ICI a été mise en valeur par le maire de Paris lors de son inauguration. « Paris au XXIe siècle doit aimer toutes les cultures qui font la civilisation humaine », a-t-il martelé. Avec l’ICI, qui n’est « pas l’Institut du monde arabe (IMA) » car « l’islam n'est pas seulement présent dans les pays arabes », la diversité des arts sera au rendez-vous.

De plus, le centre « prendra son essor, se développera dans le dialogue avec le département d’islam du Louvre mais aussi avec beaucoup d’autres lieux : chrétiens, juifs, athées, agnostiques », a annoncé Bertrand Delanoë. « L’ICI, ce n’est pas pour accueillir les musulmans, c’est pour accueillir tout le monde, c’est pour la rencontre, le dialogue entre les cultures », a-t-il insisté, ajoutant que « ce lieu honore Paris ».

Les regards se tournent à présent vers la rue Polonceau, où le chantier de l’ICI Barbès devrait démarrer tout prochainement. L’importante communauté musulmane du quartier doit encore trouver des financements pour acquérir la salle de prière d'une surface de 421 m² qui y sera aménagée. En attendant l'inauguration de ce lieu prévue pour 2015, le centre de préfiguration de l’ICI, créé en 2006, reste ouvert rue Léon.





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