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Culture & Médias

Frantz Fanon, 50 ans après sa mort, toujours aussi actuel

Rédigé par Pauline Compan | Vendredi 9 Décembre 2011 à 00:00

           

La pensée de Frantz Fanon au cœur de l’actualité ? Le psychiatre et essayiste français est un symbole de la lutte anti-coloniale. 50 ans après sa mort, ses textes restent d’une étonnante actualité. Fanon, fervent humaniste et défenseur des indépendances, n’a fait aucune concession au racisme et à la défense de l’opprimé. La Plateforme migrants et citoyenneté européenne (PCM) lance, à l’occasion du 50e anniversaire de la mort de l’intellectuel, un cycle de commémorations en France métropolitaine, en Algérie et à la Martinique. Le but ? Diffuser la pensée de Frantz Fanon au travers d’actions et d’échanges et inciter les jeunes générations à lire son œuvre.



Anissa Boumediene parle de son attachement à l'œuvre de Frantz Fanon.
Anissa Boumediene parle de son attachement à l'œuvre de Frantz Fanon.
Dans le cadre de l’année de l’Outre-Mer, le PCM s’est associé au collectif d’associations d’Outre-Mer, pour organiser une série de manifestations à la mémoire de Frantz Fanon.

Un hommage nécessaire, alors que la pensée de Fanon reste méconnue, même en Martinique, sa terre natale. Lors de la cérémonie d’hommage organisée à l’ambassade de Belgique, ce mercredi 7 décembre, les intervenants ont pu rappeler leur attachement à l’œuvre de Frantz Fanon, cet « Algérien d’adoption » selon Anissa Boumediene, première dame de la République démocratique algérienne de 1965 à 1978.

Une pensée actuelle

« Beaucoup de débats de notre société contemporaine ont été traités par Frantz Fanon. C’était un auteur vraiment innovant. Il faudrait que tout le monde lise ou relise Fanon car il est d’une très grande actualité mais, surtout, car sa pensée est un antidote au renoncement », explique Madeleine Mukamabano, journaliste et membre du bureau de la Fondation Frantz Fanon. Comme d’autres admirateurs du médecin psychiatre, elle a profité de la cérémonie en son honneur pour saluer le précurseur qu’il était. « Il avait été très clairvoyant sur l’Afrique et la perpétuelle domination de celle-ci par un pouvoir donné à des gouvernements corrompus. »

Pour Alexandra Ahouandjinou, philosophe et membre du Cercle Frantz Fanon, l’écrivain a mis en évidence les dangers de l’indifférence. « L’indifférence est assassine, on le voit aujourd’hui avec la ghettoïsation, la mise à l’écart des personnes issues de l’immigration ou encore les discriminations à l’embauche, l’indifférence entraîne chez les personnes le sentiment de ne plus exister. » Un constat qui trouve écho dans les problèmes sociaux des banlieues du XXIe siècle.

Une célébration ambitieuse

Le PMC souhaitait aussi, avec cette cérémonie, rendre hommage au « courage de Frantz Fanon qui avait pris le parti de la justice, de la fraternité et de la solidarité », rappelle Samir Djaiz, secrétaire général de PMC.

Mais le but de ces festivités est aussi de rapprocher la communauté martiniquaise et la communauté algérienne. Natif de la Martinique, Fanon habite longtemps en Algérie où il a souhaité être enterré. Partisan de l’indépendance algérienne, il reste aujourd’hui plus connu des jeunes Algériens que des habitants de l’île qui l’a vu naître. Une situation « anormale » pour Janine Maurice-Bellay, conseillère régionale d'Île-de-France, qui souhaite développer l’enseignement de la pensée de Fanon dans les écoles.

C’est d’ailleurs à la faculté que le maire de Clichy-la-Garenne, Gilles Catoire, a découvert Frantz Fanon. Il est le parrain de cette cérémonie : « Je l’ai connu lors de mon passage sur les bancs de la fac et je suis toujours impressionné par la vivacité de sa pensée », explique-t-il. Et pour montrer son rayonnement intellectuel, la conseillère régionale Janine Maurice-Bellay entend proposer au conseil régional d’Île-de-France qu’un lycée de la région porte le nom de Frantz Fanon.







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