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Points de vue

Égyptiens à massacrer... Comment ?

Rédigé par Ridha Debbabi | Mardi 24 Septembre 2013 à 00:15

           


L’Égypte est à la croisée des chemins. Deux choix s’imposent à la société égyptienne : celui de la dictature sanglante ou celui de la démocratie. Mais la dictature est le spectre le plus effrayant qui menace les Égyptiens, car il apparaît que cette armée barbare est enfoncée dans une spirale de violence aveugle pour se maintenir au pouvoir qu’elle a usurpé depuis un demi-siècle.

On le voit clairement, al-Sissi, ce général tortionnaire a été investi des pouvoirs exceptionnels. D’abord, par son appel à l’opposition d’appuyer son coup d’État, de renverser le président élu et de justifier les massacres des manifestants civils. Puis, par une propagande qui martèle la rhétorique d’une Égypte qui serait face à une menace grave comme si le pays était en guerre ou sous l’invasion d’Israël !

Les militaires ont confisqué tous les pouvoirs, des pratiques soldatesques se sont abattues sur le peuple, l’état d’urgence a été instauré, les arrestations se poursuivent sans répit, les exécutions des victimes innocentes et l’assassinat des civils continuent sans cesse.

Les anciens chiens de garde, les médias mensongers sont au service de la junte et cela depuis l’ancien régime du dictateur déchu. Rien n’a changé au cours de la présidence de Mohamed Morsi, l’armée est restée parfaitement maître de la vie politique en Égypte. Le président élu est resté sans pouvoir.

Des journalistes intentionnellement complices de potentats confondent information et propagande pour soutenir les putschistes. Le sentiment de rejet et de haine règne, les mensonges se propagent pour justifier les accusations, des soupçons infondés sont systématiquement prémédités à l’égard des partisans de Morsi. Tout un appareil d’État est au service des militaires. Tout comme les manifestants, la justice égyptienne est tombée sous les balles des assassins.

Il faut savoir que beaucoup d’hommes sont tombés dans l’abjection, et le désastre de l’Égypte nous a montré comment beaucoup ont renoncé à leurs principes humains. Le vent des révoltes arabes a jeté bien bas des hommes de renommé mondiale en Égypte et ailleurs. C’est l’ère de démasquer les plans de tous ceux qui agissent contre la volonté des peuples!

En Égypte, le cheikh d’Al-Azhar, l’ancien mufti Ali Jumua, Salem Abdeljalil, Amr Khaled et d’autres personnalités éminentes se sont ralliés à l’armée qui emploie la folie de la force contre des milliers de protestataires qui dénonçaient le coup d’État. Le trait commun de la rhétorique de toute cette clique est l’utilisation tendancieuse de la religion pour accabler les Frères musulmans ! Tous, sans exception, ont justifié par leurs prêches les massacres des civils, des enfants, des femmes et des opposants pacifiques alors que cette même religion, l’islam, interdit strictement de tuer les innocents et considère un tel acte un crime contre l’humanité.

De même, des pseudo-savants en Syrie comme le grand mufti actuel, Ahmed Hassoun, en Arabie Saoudite et dans d’autres pays du Golfe, Abderrahman Soudais, au cours de son prêche depuis la Grande Mosquée de La Mecque, ont appelé à la chasse des révoltés donnant ainsi le feu vert pour tuer tout un peuple. De telles déclarations incitant à la violence et au meurtre proférées par de tels hommes ne peuvent être excusées.

Contre l’avis de la majorité des oulémas, ces pseudo-savants ont choisi leur camp : celui des généraux tortionnaires et des théologiens menteurs ! Il est temps de parler vrai et ce n’est pas pour des intérêts que l’on s’exprime.

Tombez vos masques ! Montrez-vous sous vos vrais visages, traîtres ! Votre religion n’est pas la nôtre ! La vôtre est au service de l’horreur et de la terreur !

Lorsque j’écoute les discours de ces charlatans faisant des civils des êtres dangereux auxquels il faut faire face, je suis obligé de conclure que la dénaturation de la religion conduit au crime. À tous ces sorciers, princes brigands et faux savants : « Vous êtes les assassins des hommes ! »

Le drame ne s’arrête pas, en Égypte elle-même, le pape de l’Église copte a soutenu publiquement et sans aucune réserve les militaires provoquant ainsi le massacre de ses compatriotes musulmans. Ce même pape frappé d’amnésie a très vite oublié que cette même armée de Moubarak a commandité auparavant et à maintes reprises des attentats, des actes de vandalisme visant les églises et les coptes en général, provoquant des tensions au sein de la société égyptienne. C’est pourtant l’armée qui a tiré, le 9 octobre 2011, sur les manifestants coptes à Maspero faisant des dizaines de morts !

Toute cette bande s’est livrée à des paroles indignes incitant ainsi aux actes sacrilèges tels que les massacres, les tortures, les répressions, les viols, les destructions des mosquées et des églises.

Les Saoud, ces princes mercantiles et pétroliers, sont les ennemis acharnés de la démocratie. D’abord, par leur soutien financier et théologique à des dictatures militaires et policières dans la région. Cela est confirmé, tous les soulèvements populaires de la Tunisie au Yémen, de la Libye à l’Égypte, aux yeux des Saoud étaient au mieux le désordre, au pire des rébellions.

Avec l’élection de Morsi et l’avènement des Frères musulmans au pouvoir, les Saoud ne cachaient plus leur hostilité contre les nouveaux dirigeants islamistes. L’entreprise fasciste des Saoud devait triompher. Le sabotage a déjà commencé au cours du court mandat de Morsi, les militaires détenteurs du pouvoir et de la richesse ont systématiquement provoqué la rupture de l’électricité, des carburants et des matières de base, donnant aux Égyptiens l’impression que le président et son gouvernement sont incompétents !

Pour l’aristocratie saoudienne, il faut à tout prix éradiquer les nouveaux dirigeants islamistes des pays du Printemps arabe. Pour ce faire, ces princes corrompus et corrupteurs ont mis une machine médiatique terrible au service de leur scélératesse faisant de l’islam de la libération un islam d’aliénation. La junte usurpatrice à peine installée que les milliards de dollars en provenance des Saoud ont déjà commencé à pleuvoir, finançant ainsi une armée égyptienne rétrograde justifiant les atrocités.

Il faut démasquer ces princes et leurs plans criminels visant à pervertir l’islam et à anéantir les peuples. Répétons-le, c’est une ère où les hommes se taisent, il faut dénuder leurs vérité pour sauver notre humanité déjà à la dérive. C’est un devoir humain et moral, si nous ne le faisons pas, nous serons perdus à jamais !

Les Saoud ne sont pas les protecteurs des Lieux saints. C’est un grand mythe. Ce sont des profanateurs ! Ils ne sont pas des sauveurs non plus, ils sont des tueurs ! Leurs pétrodollars ont servi aux massacres des Égyptiens, quelques années auparavant, les Saoud se sont rendus complices d’un crime contre les Irakiens en finançant une armada pour détruire leurs voisin, l’Irak. Ils sont prêts à injecter plus de milliards si les États-Unis renoncent à leur soutien financier à l’armée égyptienne. Quelle est la différence entre le sionisme et le saoudisme ? Une chose est sûre, les deux espèces sont sanguinaires, peu importe leurs références religieuses, elles agissent toutes les deux contre la liberté des individus. Le saoudisme, le sionisme et le sissisme ne sont qu’un trio de complices qui accomplissent un programme de crime contre les peuples du Proche-Orient.

Quelle est la différence entre le saoudisme et le stalinisme ? Ce sont deux variantes issues d’une même doctrine esclavagiste et meurtrière qui favorisent la déshumanisation de l’homme. Auparavant, Lénine tout comme Staline étaient prêts à exterminer les deux tiers du peuple russe afin d’asseoir le totalitarisme. Leur détermination à perpétuer le communisme les a conduits à perpétrer des génocides qui resteront des abjections sans nom ! De nos jours, les Saoud maîtres de cette monarchie vassale des États-Unis utilisent la religion pour se maintenir au pouvoir.

Il nous appartient de combattre cette idéologie prêchée par ces pseudo-oulémas démagogues qui est en train de faire ses ravages dans les pays musulmans et notamment en Égypte et en Syrie. En Arabie Saoudite elle-même, des voix de résistance se sont levées, dénonçant ces dérives de cette mafia théocratique et autocratique qui use et abuse de la religion pour corrompre le pouvoir.

Il est faux de dire que l’Arabie Saoudite soutient les opprimés ! Au contraire, elle est leur oppresseur, le pire ennemi des mouvements de libération dans la région. Sa doctrine wahhabite est aux antipodes de l’islam ; les Saoud et leurs savants, tout en prétendant défendre l’islam, le déshonorent.


Ridha Debbabi est chercheur en histoire et en philosophie.






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