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Société

Discrimination : son foulard l'empêche d'entrer dans l'école de son fils

Rédigé par Pauline Compan | Mercredi 6 Avril 2011 à 21:08

           

A moins d’une semaine de sa mise en application, les dérives de la loi dite « sur la burqa » sont déjà perceptibles. Une mère de famille, portant un foulard islamique classique, a subi une violente humiliation dans le collège où sont scolarisés ses enfants. L’accès à l’établissement lui a été refusé, car la jeune femme porte un voile sur la tête. Le CCIF a déjà conseillé à Fatima Ouhamma de porter plainte. La CIMADE, quant à elle, estime qu’il y a un comportement discriminatoire qualifié.



Discrimination : son foulard l'empêche d'entrer dans l'école de son fils
Un cas de discrimination flagrant. Mardi 5 avril, à Poussan, dans l’Hérault (34), Fatima Ouhamma s’est vue refuser l’accès au collège de son fils au motif qu’elle portait un voile. Fatima Ouhamma et son mari avaient rendez-vous avec la directrice du collège Via Domitia pour suivre la scolarité de leur fils. A l’entrée de l’établissement, la concierge de l’école lui refuse l’accès sous prétexte de la nouvelle loi dite « loi sur la burqa ».

« J’arrivais avec mon mari devant l’entrée principale du collège, raconte Fatima, la concierge nous a stoppés et déclaré que seul mon mari pouvait entrer car je portais le voile. Elle a affirmé que c’était désormais la loi. Je savais que la loi sur la burqa devait arriver mais je ne me sentais pas concernée car je ne porte pas le voile intégral, j’ai le visage découvert. » Fatima précise qu’elle se rend régulièrement dans ce collège pour suivre la scolarité de son fils (en 3e) et de sa fille (en 5e).

Fâchés par cet accueil, Fatima et son mari commencent à partir quand ils aperçoivent la directrice qui les attendait pour le rendez-vous. Elle leur propose de rentrer quand même, mais par une autre porte de l’établissement, plus discrète. « J’ai refusé, explique Fatima, elle a prétexté que le refus de me laisser entrer découlait des nouvelles directives. »

Les Ouhamma sont, bien entendu, repartis très en colère face à cette injustice. Fatima a contacté le CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France) dès son arrivée chez elle, l’organisme l’a d’ailleurs encouragée à porter plainte. Elle a ensuite contacté le Midi Libre, le journal local du Languedoc-Roussillon. C’est la journaliste Sandra Canal qui a rapporté son histoire dans les colonnes du quotidien. « Mon sentiment est que le comportement de la directrice est assez étrange. D'autant plus que Mme Ouhamma ne répond pas aux stéréotypes auxquels nous nous attendons. Cette femme travaille dans une usine et y a des responsabilités syndicales », a déclaré Sandra Canal à Saphirnews.

Pour l’heure, Fatima doit se rendre jeudi 7 avril à une réunion parents-professeurs pour le suivi de la scolarité de sa fille dans le même collège. Elle prévoit de s’y rendre « comme d’habitude » et sera soutenue par d’autres mamans. « Je ferai le point avec Mme Ouhamma vendredi matin, affirme Chistophe Perrin de la CIMADE à Saphirnews, je me suis entretenu avec elle au téléphone et il y a clairement eu comportement discriminatoire à son encontre. Il y a matière pour une plainte. Maintenant, la décision appartient à Mme Ouhamma et elle attend la réunion de jeudi avant de décider quoi que ce soit. »

Lundi 11 avril, la loi du 11 octobre 2010 entrera en vigueur. Elle interdit aux citoyens de se couvrir le visage dans un lieu public. Cette loi vise clairement les femmes en voile intégral et cette (fausse) question cristallise les fantasmes sociétaux sur l’islam. Cependant, cette loi n’interdit pas le foulard. Une histoire qui trouvera sûrement des échos dans les prochaines semaines avec l’entrée en vigueur de la loi.







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