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Ramadan

Aïd al-Fitr : les musulmans font confiance aux calculs astronomiques

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 23 Août 2012 à 00:00

           

Les principales instances musulmanes de France ont annoncé la date de l’Aïd al-Fitr pour le dimanche 19 août cette année 2012. Nombreux sont les musulmans de l’Hexagone qui ont attendu ces annonces officielles vendredi 17 août pour être sûrs de la date de cette fête qui célèbre la fin du Ramadan. En effet, d’après notre sondage exclusif Saphirnews.com, une majorité des musulmans indique attendre l’annonce officielle de ces instances pour connaître la date exacte de l’Aïd. Toutefois, beaucoup d’autres n’hésitent plus à faire confiance aux calculs astronomiques.



Aïd al-Fitr : les musulmans font confiance aux calculs astronomiques
Avec l’apparition depuis quelques années de l’utilisation des calculs astronomiques dans la détermination des dates des fêtes musulmanes, Saphirnews.com a voulu savoir si les musulmans faisaient plus confiance à ces données scientifiques ou bien aux instances représentatives du culte musulman comme le Conseil Français du culte musulman (CFCM) ou la Grande Mosquée de Paris (GMP) pour connaître la date exacte de l’Aïd.

D’après les résultats de notre sondage réalisé en ligne sur notre site Internet du vendredi 17 août au lundi 21 août auprès de 1 008 sondés, les musulmans font d’une manière générale plus confiance aux grandes instances : 62,4 % d’entre eux disent attendre l’annonce officielle du CFCM, de la GMP, du Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR) ou de l'Arabie Saoudite.

Mais 37,59 % du panel disent faire confiance aux calculs astronomiques.
Cependant, parmi les 37,59 % de sondés qui disent faire confiance aux calculs astronomiques, 26,3 % d’entre eux préfèrent la confirmation d’une instance musulmane.

Seuls 11,3 % affirment faire à la fois confiance aux calculs astronomiques et connaître les dates de l’Aïd plusieurs années à l’avance. En effet, ces données permettent de fixer les dates des fêtes musulmanes pour les années à venir.

Les instances musulmanes adoptent les calculs astronomiques

Aïd al-Fitr : les musulmans font confiance aux calculs astronomiques
« C’est un calcul qui n’offre pas de divergences. Et il est possible de faire des prévisions pour des centaines d’années », nous expliquait dernièrement Ahmed Jaballah, membre du CEFR. L’instance européenne, basée en Allemagne, s’appuie sur ce mode de calculs pour déterminer les dates de l’Aïd. C’est le cas également de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) , dont M. Jaballah est le président.

Deux jours, avant l’Aïd, vendredi 17 août, l'UOIF a annoncé officiellement aux côtés de la GMP, la fin du Ramadan pour le dimanche 19 août.

Il faut dire que, cette année, toutes les grandes organisations musulmanes de France se sont alignées sur les calculs astronomiques. Même le CFCM, l’instance officielle représentative du culte musulman français, s’est appuyé sur ces données.

Paradoxal : 19,2 % des sondés ont déclaré attendre la décision officielle du CFCM et 17,2 % celle de la GMP alors que ces deux instances font confiance aux calculs astronomiques. Parce qu'il est doté d’une faible notoriété auprès des fidèles français, la décision officielle du CEFR, qui avait annoncé, le premier, depuis le tout début août la date de l’Aïd al-Fitr, n’est attendue que par 4,5 % des sondés. Pourtant, c’est cette institution qui, depuis des années, prône les calculs astronomiques, utilisés aujourd’hui par les instances musulmanes françaises.

21,5 % des musulmans de France fidèles à l’Arabie Saoudite

Aïd al-Fitr : les musulmans font confiance aux calculs astronomiques
Les calculs astronomiques permettent de savoir quand le croissant de lune annonçant le début du mois suivant sera visible sans tenir compte des différents lieux géographiques. Ils donnent ainsi la possibilité d’unifier la date de l’Aïd à l’ensemble des musulmans du monde.

L’utilisation de ces données par l’ensemble des instances musulmanes françaises a permis cette année à tous les fidèles de l’Hexagone d’avoir une date officielle commune alors que le CFCM et la GMP sont en querelle.

De plus, cela facilite la vie des musulmans qui peuvent avoir connaissance des dates des fêtes musulmanes longtemps à l’avance. Cette méthode permet ainsi « aux administrations et aux entreprises de mieux prendre en compte les demandes d’absence des fonctionnaires et des salariés de confession musulmane qui en expriment le souhait », avait jugé dernièrement le CFCM.

Pendant longtemps, les musulmans de France suivaient leur pays d’origine ou l'Arabie Saoudite, siège des Lieux saints de l'islam. Aujourd’hui encore, une grande partie des fidèles français attend l’annonce officielle de l’Arabie Saoudite. 21,5 %, soit la deuxième plus grande part du panel, attend l’annonce officielle du royaume qui s’appuie non pas sur les calculs astronomiques mais sur l’observation de la lune.

Pourtant en 2008, Mohammad Hawari, spécialiste des données astronomiques appliquées aux calendriers islamiques, au CEFR, avait indiqué avoir relevé « des erreurs » dans les positions passées du royaume saoudien.

Observation contre calculs

Dans le monde musulman, le débat sur le procédé juridique utilisé pour déterminer les dates de l’Aïd fait toujours rage avec, d’un côté, les adeptes de l’observation de la lune à l’œil nu ou à l’aide d’un instrument et, de l’autre, ceux qui prônent les calculs astronomiques.

Cette année, l’Arabie-Saoudite a fixé, elle aussi, la date de l’Aïd al-Fitr, le dimanche 19 août, après la non-observation vendredi 17 août du croissant lunaire annonçant l’entrée dans le mois de Shawwal. Des divergences n’ont donc pas été visibles en France, où beaucoup se réfèrent encore au royaume saoudien. Mais quand sera-t-il si les dates officielles françaises et saoudiennes diffèrent à l’avenir ?

Autre question : à quoi servent les annonces officielles des instances musulmanes françaises la nuit du Doute si elles se fondent sur les calculs astronomiques qui permettent de fixer à l’avance les dates de l’Aïd ?
L’UOIF indique d’ailleurs avoir « déjà procédé à la diffusion du calendrier établi par le CEFR pour les cinq années à venir ».

Mais la GMP, qui s’est pourtant appuyée sur les calculs astronomiques, rappelle dans un communiqué que le jour de l’Aïd al-Fitr « ne peut jamais être fixé avant cette date du 29e jour de jeûne conformément au Sahih de l’imam El Bukhari qui rapporte cette parole du Prophète (SAWS) : "Nous appartenons à une communauté qui, en matière de lunaison, ne calcule pas et ne stipule pas par avance. Jeûnez et rompez le jeûne selon la vision lunaire. Et, en cas d’incertitude, accomplissez un mois de jeûne de 30 jours." »

Les musulmans, de France notamment, parviendront-ils à conjuguer science et Tradition, loin des querelles intestines et des enjeux de pouvoir liés à l'annonce officielle des deux Aïd ?






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