Société

Une délégation interreligieuse en route pour la paix en Syrie

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 7 Octobre 2013 à 06:05

Témoigner de la solidarité avec le peuple syrien : c’est le but du voyage au Proche-Orient auquel participent le Service des relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques de France et des associations humanitaires. Le Secours islamique France (SIF) a choisi de prendre part à cette initiative. Son président Rachid Lahlou fait partie de la délégation interreligieuse en visite du 7 au 11 octobre en Jordanie et au Liban, où se trouvent de nombreux réfugiés syriens. Il entend témoigner de la crise humanitaire qui déchire la Syrie en conflit depuis plus de deux ans.



Un camp de réfugiés syriens en Jordanie.
Témoigner de la solidarité avec le peuple syrien : c’est le but du voyage au Proche-Orient qu'organise le Service national des relations avec l’islam (SRI) de la Conférence des évêques de France, qui fête cette année ces 40 ans.

Dès le mois de juillet dernier, le Secours islamique France (SIF), au même titre que le Secours Catholique-Caritas France, a été sollicité par le Père Christophe Roucou, directeur du SRI pour participer à ce séjour où se joignent des responsables chrétiens et musulmans en France.

L’invitation est vite acceptée par Rachid Lahlou, le président du SIF. Avec le Père Roucou, Mgr Marc Stenger, l’Evêque de Troyes, ou encore Tareq Oubrou, le recteur de la Grande mosquée de Bordeaux, ils ont décidé de se rendre en Jordanie et au Liban du 7 au 11 octobre. Chrétiens ou musulmans, hommes de foi ou humanitaires, ils comptent bien délivrer un message de paix.

Visite dans les camps de réfugiés

Lors de ce voyage de quatre jours à raison de deux jours en Jordanie puis deux jours au Liban, ils prévoient de rencontrer des responsables religieux et d’aller à la rencontre des réfugiés syriens, très nombreux dans ces deux pays limitrophes de la Syrie. Les visites « des camps de Caritas » sont prévues, nous indique Rachid Lahlou. Le président du SIF explique qu’ils iront voir leurs « partenaires musulmans et chrétiens qui travaillent auprès des réfugiés syriens ».

A l’heure actuelle, « les estimations parlent d’un million de réfugiés syriens en Jordanie et au Liban et de deux millions de déplacés à l’intérieur de la Syrie », rappelle-t-il. « Nous avons été appelé (à participer à ce voyage, ndlr) en tant qu’organisation humanitaire musulmane. Nous ne le faisons pas en tant qu’organisation représentative du culte musulman car nous n’entrons pas dans le fait religieux », précise-t-il.

Des réfugiés aux situations diverses

En sa qualité d’ONG, le SIF est fortement impliqué dans l’aide aux Syriens. En Jordanie et au Liban, l’association vient au secours des réfugiés syriens à travers des partenaires « fiables » qui se trouvent sur place, quand bien même elle a dépêché sa propre équipe composée de six membres au Liban.

Les réfugiés aidés « ne se trouvent pas dans les camps mais dans les communautés hautes, des bâtiments qui n’ont pas été destinés à accueillir des familles ou sont très délabrés », détaille Anne Hery, la directrice du pôle plaidoyer au SIF.

« Il y a plusieurs catégories de réfugiés : ceux qui se trouvent dans les camps, les réfugiés dans les communautés hautes mais enregistrés comme réfugiés et des réfugiés non enregistrés officiellement auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), soit parce qu’ils n’ont pas encore eu le temps de s’enregistrer, soit parce qu’ils craignent des représailles dans leur famille en Syrie si jamais ils s’enregistrent ou de perdre leur liberté de mouvement », précise-t-elle. « Il y aussi des réfugiés palestiniens en Syrie, qui maintenant se retrouvent réfugiés au Liban et viennent grossir les camps déjà surpeuplés. C’est un vrai défi pour les organisations humanitaires d’arriver à répondre à toutes les situations de manière adéquate », ajoute Mme Hery.

Un appel pour la paix lancé

Rachid Lahlou, président du SIF
La présence du SIF dans la zone de conflit - elle dispose en Syrie d'une équipe totalement syrienne - et les pays voisins permet d’évaluer la situation dramatique de la population.

En participant au voyage interreligieux initié par le SRI, Rachid Lahlou est déterminé à « alerter sur les besoins humanitaires de cette population ». En septembre, avec six autres ONG comme Médecins du Monde et Emmaüs France, l’association avait lancé un appel aux autorités françaises pour qu'elles accueillent plus de réfugiés syriens. Aussitôt, Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, avait répondu en affichant sa volonté d’augmenter le nombre de ces réfugiés mais sans avancer de chiffres et de solutions concrètes. « La réponse a été immédiate » mais « on jugera sur l’action pour savoir si notre appel a été pris en compte ou pas », réagit M. Lahlou.

« Il est normal que l’ensemble de la communauté internationale accueille des réfugiés syriens parce que dans le droit international humanitaire, c’est bien l’ensemble des signataires de la convention de Genève qui doivent faire un effort pour accueillir des réfugiés et pas seulement les pays limitrophes », rappelle Mme Hery.

En amont du voyage au Liban et en Jordanie, les participants ont également rédigé un appel interreligieux pour le peuple syrien dont est signataire Mohammed Moussaoui, le président d’honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM). Ils appellent les responsables politiques à « mettre en œuvre prioritairement un cessez-le-feu immédiat et de garantir l’accès humanitaire aux populations » et aux parties au conflit et leurs alliés à « intensifier les négociations en vue d’une solution politique ».

Alors que les dégâts et les rangs des victimes du conflit grossissent chaque jour, ces hommes veulent croire à la paix. Sur le terrain, les combats entre les parties font rage et aucun changement à l'horizon : Bachar al-Assad, plus que jamais soutenu par la Russie, exclut toujours de céder le pouvoir.