Société

Un imam accusé d'agressions sexuelles à Montpellier : une famille en quête de justice

Mère et fille livrent leurs témoignages

Rédigé par | Mercredi 16 Décembre 2020 à 12:45

Mohamed Khattabi fait l’objet de graves accusations. L’imam de la mosquée Aïcha à Montpellier est, en effet, mis en examen depuis juin 2020 pour agressions sexuelles. Ces faits pour lesquels l’homme, présumé innocent, devrait être jugé en début d’année 2021 lui sont reprochés par sa belle-fille. Briser le silence contre l’impunité et porter un coup à l’omerta sur les abus sexuels au sein des communautés musulmanes : c’est dans cette perspective que Sarah s’est décidée aujourd’hui à prendre la parole et à livrer ici sa vérité, tout comme sa mère. Une décision qui est le fruit d’un long chemin tortueux que Saphirnews a emprunté et dans lequel peuvent se reconnaître nombre de victimes de violences sexuelles. Immersion.



L’imam de la mosquée Aïcha à Montpellier, Mohamed Khattabi, est accusé d’agressions sexuelles sur sa belle-fille. La plaignante ainsi que sa mère, ici à l’image, livrent leurs témoignages sur Saphirnews.
Mohamed Khattabi ne laisse personne indifférent. Celui qui exerce depuis 2004 en tant qu’imam à Montpellier, dans l’Hérault, est aujourd’hui accusé d’agressions sexuelles sur mineure, commises dans un cadre familial. La plaignante n’est autre que sa belle-fille. Ces accusations, Mohamed Khattabi, qui est présumé innocent, s’en défend. Sarah,* quant à elle, ne démord pas de sa version. « Il ne s’est pas douté qu’à un moment, j'allais parler. Il a pris la confiance, il a dû se dire que j’allais me taire, comme les autres fois. Moi aussi, j’y ai cru. Maintenant, je parle », affirme-t-elle auprès de Saphirnews.

La jeune femme de 29 ans se souvient comme si c’était hier de ce mois de décembre 2017 où elle a décidé de ne plus se laisser enfermer dans le silence. « Au début, c’est vrai que j'avais beaucoup de mal à parler, par rapport à la religion. Cela a été compliqué de faire la part des choses entre lui et le fait qu'il représente une autorité religieuse. Il a beaucoup joué sur le fait qu'il était imam. Les gens le respectaient et nous aussi. On lui a donné, en vrai, bien plus qu’on aurait dû lui donner », déclare-t-elle.

Un homme appelé « l’imam » à la maison

Mohamed Khattabi est rentré dans la vie de Sarah à l'âge de 9 ans, lorsque l’imam s’est « marié » en 2001 à sa mère qui résidait alors dans le Nord. Des guillemets au mariage car l’imam, qui exerçait à Tourcoing, était déjà marié civilement depuis 1989. C’est une union religieuse polygame que Nora* accepte de nouer, par vulnérabilité, nous livre-t-elle. Pour cette femme divorcée et mère de trois enfants, Mohamed Khattabi, qui avait « la réputation d’être un bon orateur », « a réussi à (la) convaincre que cette situation était l’idéal pour avoir un temps pour (elle) et (ses) enfants et un temps partagé avec lui ». Se décrivant à l’époque comme « novice » en islam, elle s’était persuadée qu’il s’agissait d’une façon de « faire revivre la sunna, aux côtés d’un homme de sciences ».

Mohamed Khattabi. Photo en 2009
Durant leur relation, Mohamed Khattabi et Nora n’ont vécu ensemble qu’épisodiquement. Telle une conséquence, « je n’ai pas vraiment de souvenirs avec lui. Pour moi, c'était l'imam, le mari à ma mère », raconte Sarah. Des liens n’ayant jamais été coupés avec son père, elle n’a ni cherché ni trouvé en l’imam une figure paternelle.

C’est en 2003 que sa mère, à la demande de Mohamed Khattabi, déménage à Montpellier, avec ses enfants. Lui venait de quitter la mosquée de Nîmes après des rumeurs d’agressions sexuelles, sans que celles-ci n’aient fait l’objet d’aucune suite judiciaire, rapporte La Gazette de Montpellier. « Il m’a lancé un ultimatum pour que je le rejoigne et j’y ai vu l’opportunité d’un nouveau départ. Mais c’est comme cela qu’il m’a isolé. Quand j’avais des problèmes, je gardais tout en moi, je souffrais en silence », raconte Nora.

Sarah a alors 12 ans. En déménageant dans le sud de la France, « j'ai perdu tous mes repères parce que toute ma famille est dans le Nord et que nos liens sont serrés. Je me suis retrouvée dans une ville où je ne connaissais personne, c’était compliqué ». C’est dans ce cadre que les faits reprochés à Mohamed Khattabi se seraient produits.

« Je n'ai pas su mettre des mots sur ce qui s'était passé »

A 15 ans, Sarah affirme avoir été victime d’attouchements répétés de la part de celui qui était alors imam à la grande mosquée Averroès de La Paillade. Des gestes pour le moins déplacés - contre lesquels Mohamed Khattabi se serait défendu en les faisant passer, selon Sarah, pour des « malentendus » ou des « gestes d’affection paternels » qui n’ont rien de graves. « Je me suis mise à me méfier de lui mais c’était passé aux oubliettes », se convaincant qu’« il n'y avait pas mort d'homme même si cela ne se faisait pas », fait-elle part. Et le respect eu égard au statut de Mohamed Khattabi s’était vite imposé. Il était appelé l’imam bien que, rapporte Sarah, il n’offrait pas d’éducation religieuse à ses beaux-enfants dans un cadre privé.

C’est en octobre 2010 que l’histoire des relations entre Mohamed Khattabi et Sarah prend une autre tournure, plus dramatique pour elle. Elle a 19 ans et son amour pour un homme plus jeune qu’elle ne passe pas auprès de sa mère. L’imam convainc alors mère et fille que soit pratiquée sur cette dernière une séance d’exorcisme, aussi appelée roqya, pour qu’elle soit « désenvoûtée » de son amour mais surtout pour éloigner le jeune homme de Sarah. Une roqya qui aurait dérapé, selon ses dires, au moment où sa mère s'est absentée de la pièce. « J’étais allongée sur le lit de ma mère, les yeux fermés, et il lisait le Coran. Il a mis sa main sur ma tête, puis mon ventre. Et il a descendu sa main au niveau de mon entrejambe », déclare Sarah à Mediapart.

« Les gestes qu'il faisait en la présence de ma mère n'était plus les mêmes. Je lui ai dit qu’il y avait un problème, il m'a dit que c'était pour provoquer le djinn (le démon, ndlr). Je suis sortie de la chambre et j'ai voulu raconter à ma mère mais je n'ai pas osé lui dire ce qui s'est passé exactement… Je n'ai pas su mettre des mots sur ce qui s'était passé. J’étais sous le choc et, sur le moment, il a su retourner les choses en sa faveur », raconte cette fois Sarah à Saphirnews. Elle ne nourrit pas de ressentiment envers sa mère « car je n'avais pas dit clairement les choses pour lui faire comprendre que c'était vraiment très grave. A l’époque, l’imam avait une emprise sur nous ».

Mais depuis cet épisode, fini le temps de l'insouciance. A nouveau, Sarah se mure dans le silence. En 2013, Mohamed Khattabi lui propose un mariage avec un fidèle de sa mosquée, ce qu’elle accepte. L’imam se serait alors empressé de vouloir vérifier sa virginité. Tous les jours, pendant une quinzaine de jours, il serait revenu à la charge : « Il me disait qu'il s’était engagé sans preuve, qu'il en avait besoin pour lui, pour ma mère et pour les gens, sinon il annulerait tout. » « Il m'a fait comprendre que c'est lui qui devait vérifier. Jamais de la vie ! Jusqu'à un soir où il est venu me réveiller. Il m’a dit qu’il fallait le faire maintenant ou sinon qu’il annulerait tout le lendemain. Du coup, ça s'est passé alors que j'étais à moitié endormie. A mon réveil, j'étais à nouveau dans un état de choc. Pour moi, c'était un cauchemar, je n'arrivais pas à croire ce qui s’était passé », déclare-t-elle.

L’union est finalement annulée. Sans regrets pour Sarah même si le mariage a pu, un temps, être conçu comme une échappatoire : « Ça m'a traversé l'esprit de partir, Je me disais "Passe à autre chose, vis une nouvelle vie, oublie ce qui s'est passé". J’aurais pu partir sur un coup de tête mais je ne voulais pas quitter une galère pour me retrouver dans une autre. Ma raison a pris le dessus parce que, pour moi, un mariage, c'est important, c'est pour la vie. » Par ailleurs, à cette époque encore, « j'avais toujours dans ma tête ce pourcentage de doute lié à sa fonction d’imam », de même que l’idée « qu'il voulait m'aider et que je pouvais supporter encore un peu la situation ».

« Il n'aurait pas été imam, je pense que je n'aurais pas tenu depuis le début. On se dit qu'il connaît tellement de choses que faire des fautes pareilles, ce n'est pas possible. Du coup, même si ce n'est pas normal, j’ai fini par croire que ça l’était », affirme-t-elle.

2017, l’année du grand tournant

C’est en décembre 2017 que Sarah finit par craquer. Elle a alors 26 ans et, après plusieurs agressions présumées de Mohamed Khattabi sur elle en l’espace de plusieurs mois, c’est le point de non-retour. « Je n'en pouvais plus. Tout ce que je voulais, c'était que cela s'arrête », signifie-t-elle. Sa mère, partie pour quelques semaines voir sa famille dans le Nord, était alors absente de la maison. Prenant son courage à deux mains, elle décide de se confier pour la première fois à « un ami » – la personne avec laquelle un projet de mariage avait été envisagé en 2010 – qui lui conseille alors de s’en aller. Par esprit de « responsabilité », celui de ne pas laisser ses petits frères et sœur seuls avec Mohamed Khattabi, elle attend le retour de sa mère le lendemain avant de prendre ses affaires et de s’en aller sans prévenir personne.

Sur la route, elle envoie un SMS à sa mère et à sa sœur dans lequel elle évoque ce qu’elle aurait subi de la part de son beau-père : « Je ne pouvais pas disparaître dans la nature sans explication. » « Finalement, je ne suis pas restée très longtemps à l’extérieur. Mon frère m'a proposé de m’accueillir chez lui, sans avoir besoin de raconter mon histoire. Il m'a fait comprendre qu'il me croyait », confie Sarah. Et c’est de cela dont elle avait besoin.

Aucun retour en arrière n’est désormais possible pour elle. Son histoire reste toutefois circonscrite au noyau familial. Elle peut compter sur le soutien de sa fratrie ; sa mère est à l’époque « sous l’emprise psychologique » de Mohamed Khattabi. « Il faisait tout pour me discréditer. C’était difficile d’être cru, comme si ma parole avait perdu de la valeur », indique Sarah. « J’étais entre les deux », confie, pour sa part, Nora. « J’avais besoin de reconstituer les faits. Tant que je ne connaissais pas la totale vérité, je ne pouvais pas me prononcer et il a joué dessus car il ne me laissait pas de répit. »

Mais l’histoire bascule en début d’année 2019. Après une violente dispute avec Mohamed Khattabi, Nora le quitte. « Mon fils a insisté pour que je rompe le contact. Plus je m’éloignais de lui, moins il avait d’emprise sur moi », raconte-t-elle.

A la recherche d’une écoute bienveillante

C’est à l’été 2019 que la famille de Sarah décide d’agir en allant à la rencontre de Mohamed Khattabi dans sa mosquée, celle du quartier Garosud nommée Aïcha dont il est le recteur depuis 2014 après avoir été évincé de la mosquée de La Paillade. Elle entend obtenir le divorce religieux pour Nora et « chercher des explications » concernant, entre autres, les faits reprochés par Sarah. En vain. « Si cela ne vous satisfait pas, allez en justice », aurait-il déclaré. Quant aux autres fidèles présents ce jour-là, « on ne cherchait pas un soutien de leur part mais simplement une écoute. On n'a trouvé ni écoute ni soutien », déclare Sarah (voir encadré). Ce jour-là, « je suis passée de la femme de l’imam à la femme qui n’avait jamais existé », livre, pour sa part, Nora.

« On ne voulait pas que mon histoire soit ébruitée à la base. On ne se voyait pas dévoiler tout ça comme ça dans une procédure judiciaire. On avait l'impression que ce n'était pas Mohamed Khattabi qui allait être jugé mais l'imam, que ça allait salir la religion… On ne pensait même plus à nous, on ne pensait qu'au regard des autres », affirme Sarah. Pareil pour Nora : « On ne voulait absolument pas que cette histoire éclate, comme si c’était nous les coupables. C’était trop la honte. Et que vont dire les gens ? Et il y avait le projet » de construction de la mosquée Aïcha dont Mohamed Khattabi est l’effigie, qu’elle craignait de mettre à mal.

Dans sa quête d’une aide extérieure, la famille est alors mise en relation avec Mohssin, membre d’un collectif citoyen montpelliérain reconnu pour leurs actions de conciliation et d’accompagnement dans des situations complexes.

« De l’injustice à la justice, c’est un long chemin à entreprendre qui nécessite un environnement capable de répondre aux attentes et aux douleurs des victimes. Pour reconstruire tout ce qui a été détruit, il est avant tout nécessaire de se réparer individuellement et collectivement avant d’entreprendre tout combat judiciaire. C’est pourquoi nous avons évalué les tenants et aboutissants de cette affaire afin de préserver chacun des membres de la famille en les mettant en relation avec les bons interlocuteurs, notamment des professionnels de santé et du droit », explique-t-il à Saphirnews, rappelant que, dans cette affaire, il n’est « pas question de juger une religion, une fonction, mais un homme ».

Pas d’exception musulmane aux abus sexuels

Les affaires d’abus sexuels, « je ne pensais pas que cela pouvait arriver chez nous (les musulmans). On ne parle pas de toutes ces choses (liées à la sexualité). Parce que c'est une religion de pudeur, de confiance et, dans ce qui m’est arrivée, il n'y a rien de pudique et de sain », indique Sarah.

Malgré tout, Sarah déclare n’avoir « jamais » eu de doute sur l’islam : « Ce n'est pas l'islam le problème, mais ce que nous en faisons. Chacun est responsable de ce qu’il fait. Personne n'est parfait mais on comprend "mieux" les déviances quand elles viennent de Monsieur Tout-le-monde que d’un imam. Derrière cette image, il reste Monsieur Tout-le-Monde, tel que lui-même se définissait. »

Après 2017, « mon respect envers les responsables religieux a été diminué. Pour moi, maintenant, un imam, c'est seulement un homme qui dirige la prière, à qui on peut éventuellement poser des questions, mais sa parole a perdu en légitimité ».

L’accompagnement psychologique, une aide nécessaire

Ce discours ne coule pas de source pour Sarah ; il est le fruit d’un lent travail de déconstruction de l’image qu’elle s’est longtemps forgée des imams, réalisé avec l’aide d’un psychologue. En voir un n’était d’ailleurs « pas instinctif » mais de bons conseils l’ont orienté vers ce soutien essentiel pour toute victime d’abus afin qu’elle puisse mettre des mots sur leur vécu, leurs ressentis, et mieux se reconstruire.

« J'étais perdue à la base. Aujourd'hui, je n’en serais pas là sans le psy. Il m'a fait comprendre que j'étais une victime. Il m’a retiré le poids de la responsabilité que j'avais pu me donner, sans compter ce que les autres pouvaient me donner, et ça m'a libéré. Et on se rend compte que sa parole peut avoir un impact pour d’autres filles », affirme Sarah. Sans le travail psychologique, elle n’aurait sans doute pas pu porter plainte : « Impossible. Je n’étais pas prête, je n’étais pas non plus convaincue. »

Outre la culpabilité, le sentiment de honte l’a hanté pendant longtemps : « Des scènes me revenaient tout le temps et je me demandais comment j’ai pu laisser faire tout ça ! C’était tellement grave que je pensais que c'était moi qui délirais. » Le temps qui passe rend le silence encore plus difficile à briser, reconnait-elle : « Je me disais que c'était trop tard pour parler. »

Du côté de Nora, « on n’a pas été pris au sérieux et cela a été très difficile pour tout le monde. Le fait d’être écouté sérieusement par des personnes qui ne remettent pas en question nos paroles a été le premier pas vers la guérison ». Mohssin abonde en son sens : « Tout un chacun peut aider des personnes dans des situations similaires, ne serait-ce que par une écoute active et bienveillante dans un premier temps, puis par un soutien des victimes en respectant leurs volontés, leur dignité et leur temporalité. En effet, accepter ce qui leur arrive peut prendre du temps et chacun ne le vit ni ne l’exprime de la même manière. »

Mettre fin au silence contre l’impunité

« On m'a confirmé que ce qui m’est arrivé n'était pas normal, que laisser passer sans rendre des comptes n'était pas possible et que si cela (des abus) arrivait à quelqu'un d'autre, je serai peut-être responsable (de par le silence). J'ai eu la force de me dire qu'il était temps que justice soit faite », indique Sarah. Une plainte est donc déposée en décembre 2019 pour agressions sexuelles.

« Je suis toujours dans la culpabilité, même si je me suis déchargée de ses actes (de M. Khattabi). Cette culpabilité m’a longtemps fait souffrir. Même si je me sens coupable aujourd’hui, je ne me sens plus responsable », déclare Nora qui, rendant hommage au travail du psychologue, appelle les familles en proie à des affaires d’abus sexuels « à ne pas les enterrer ». « C’est de leur devoir de les faire sortir. Cela est d’autant plus important lorsqu’il s’agit d’un responsable religieux qui a une forte influence sur sa communauté », dit-elle.

« Quand on se prend un mur, la première personne qu’on doit mettre en balance, c’est soi. J’ai fait des erreurs, celui d’avoir voulu étouffer cette histoire (pour la laisser dans un cercle privé). C’était une erreur monumentale mais une erreur nécessaire pour s’émanciper de cet esprit trompeur. Trompeur parce qu’il veut camoufler la vérité en se servant de l’islam », confie Nora. « J’ai appris qu’il y a des gens qui prétendent servir l’islam alors qu’ils se servent de l’islam. C’est la grande leçon que je tire de cette histoire. »

« Je n'ai pas peur car je sais ce que j'ai vécu »

Aujourd’hui, « je n’ai pas réussi à mettre derrière moi ce qui s'est passé car la justice n’a pas encore été rendue. Je suis dans l'attente de ce que le procès va donner », affirme Sarah. Dans le même temps, « j'arrive à vivre ma vie ». Pour preuve, elle est mariée depuis près d'un an à un homme qui fait figure de soutien important dans son combat. Et chaque soutien compte pour elle, car les appuis au-delà du cercle familial ne font pas légion, en particulier parmi les musulmans. Il n’empêche, elle dit retrouver le chemin de la confiance en elle, longtemps minée par des années de souffrances. Il lui en faudra plus pour lui faire face.

Mohamed Khattabi, présumé innocent, réfute les accusations qui lui sont reprochées. Il a été mis en examen et placé en mai dernier sous contrôle judiciaire avec interdiction d’exercer dans la mosquée. Celle-ci a été récemment levée. Mohamed Khattabi n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de Saphirnews visant à connaître sa version des faits. « L’affaire est entre les mains de la justice », nous écrit-il. « Le confronter n'est pas facile mais je n'ai pas peur car je sais ce que j'ai vécu », affirme Sarah. Ce sera au tribunal correctionnel de Montpellier de trancher : le procès est prévu pour janvier 2021.

*Les prénoms ont été modifiés.

La mosquée Aïcha prend parti pour son imam

L’association gestionnaire de la mosquée Aïcha défend bec et ongles Mohamed Khattabi à ce jour. En juin, plusieurs jours après son placement en garde à vue, elle faisait valoir son incompréhension vis-à-vis de « l'acharnement » subi par l'imam, reléguant les accusations dont il fait l’objet à une simple « affaire privée, comme il en existe des milliers en France ».

« Notre imam est apprécié des musulmans de tous bords et ne représente pas un danger, bien au contraire »
, estimait-elle dans un communiqué, sensibilisant ses fidèles « à faire preuve de retenue face à ces événements dont personne ne connait les détails, pas même une certaine catégorie de médias qui ne connait pas la réalité de notre mosquée ».

« Nous soutenons notre imam et vous demandons de faire de même, tout en patientant face à l'évolution de la situation. La bonne opinion doit, à notre sens, l'emporter sur la médisance et la calomnie. Le silence étant le meilleur acte de celui qui ne sait pas », a conclu l’association. Plus de six mois après, elle se refuse toujours à tout commentaire sur l’affaire, appelant encore tout un chacun « au discernement et à la bonne opinion vis-à-vis de notre imam et de notre mosquée ».



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur