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Prise d’otages à Sydney : les musulmans soutenus contre l'islamophobie

Rédigé par | Mardi 16 Décembre 2014 à 06:00



Une prise d’otages à Sydney, en Australie, a occupé la Une de l’actualité internationale lundi 15 décembre. Une vingtaine de personnes ont été retenues en otage durant 16 heures dans un café du quartier d'affaires de Martin Place par un homme, qui a finalement été abattu par la police. Avec lui, deux otages ont été tués lors de l’assaut des forces spéciales. Quatre blessés ont été dénombrés.

Le preneur d’otage a été identifié comme étant Man Haron Monis, un réfugié iranien venu en Australie en 1996. L'homme âgé de 50 ans, qui s'est autoproclamé cheikh, est décrit comme un homme souffrant d'« instabilité mentale », des mots du Premier ministre Tony Abbott. Mis en cause dans une quarantaine d'agressions sexuelles commises en 2002, il est également soupçonné de complicité dans le meurtre de son ex-femme, la mère de ses deux enfants, en avril 2014. Le « cheikh », qui aurait renié le chiisme pour le sunnisme selon des médias anglo-saxons, s'était fait connaître des médias en 2011 à travers ses lettres d'injures qu'il envoyait à des familles de soldats tués en Afghanistan. Il avait alors été condamné à 300 heures de travaux d'intérêt général.

Un criminel au lourd passé judiciaire

« Il s’agit d’un acte isolé », sans lien avec une organisation terroriste particulière, a fait savoir Andrew Scipione, chef de la police de Nouvelle-Galles du Sud, lors d’une conférence de presse. Aucune bombe n'a été retrouvée sur place, contrairement aux allégations du preneur d'otages. A l'issue de la tragédie, Tony Abbott a invité les Australiens à ne pas céder à la peur et à reprendre le cours de leur vie quotidienne.

« Nous sommes dévastés par la perte de leur vie et par le fait que plusieurs autres personnes ont été blessées et ont dû éprouver un tel traumatisme », a affirmé l’entreprise Lindt dans un communiqué. Le café visé était l’un des siens. Très tôt dans la journée, plus de 40 organisations musulmanes australiennes ont condamné la prise d’otages. « Nous rejetons toute tentative pour ôter des vies innocentes de n’importe quel être humain et susciter la peur et la terreur dans les cœurs », ont-elles martelé dans un communiqué commun, évoquant un « acte abject ».

Elles ont ensemble dénoncé le détournement d'une profession de foi musulmane par des « individus qui ne représentent qu'eux-mêmes ». Un drapeau noir portant la profession de foi musulmane - sans être celui de l'Etat islamique - a en effet été déployé à l’une des fenêtres du café.

Des Australiens mobilisés contre l'islamophobie

Les réactions de bienveillance d'Australiens à l'égard de leurs compatriotes musulmans ont été particulièrement nombreuses. Un hashtag a été largement partagé sur Twitter, #Illridewithyou, « Je vous accompagnerai », pour marquer le refus des amalgames visant injustement les fidèles de l'islam.

L'action promue sur les réseaux sociaux se résume ainsi : les personnes portant des tenues religieuses peuvent, si elles le désirent, se faire accompagner durant leur trajet dans les transports en commun. Cette idée est inspirée du témoignage d'une internaute, Rachael Jacobs, qui a raconté lundi sur Facebook sa rencontre avec une jeune femme musulmane dans un train. Voyant cette dernière ôter son voile, par crainte de réactions déplacées d'usagers, Rachael Jacobs a décidé de l'aborder à sa descente du wagon. Elle l'a alors invitée à remettre le hijab en la rassurant et en lui proposant de l'accompagner, ce qui a ému sa concitoyenne... Un acte qui donne du baume au cœur des musulmans, principales victimes du terrorisme dans le monde, sur le plan tant humain que moral.

La crainte d'une montée de l'islamophobie en Australie n'en demeure pas moins vive. Ces derniers mois, les actes visant la communauté musulmane ont sensiblement augmenté. Près de 500 000 musulmans vivent dans le pays, qui compte 23 millions d'habitants.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur