Monde

Nelson Mandela : une figure de paix célébrée

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Vendredi 28 Juin 2013 à 17:39

Nelson Mandela, figure de proue de la lutte contre l'apartheid en Afrique du Sud, est célébré jeudi 18 juillet. A l'occasion de la journée internationale qui lui est dédiée, Saphirnews revient sur le parcours d'exception d'un homme qui a mené un combat sans relâche en faveur de l'égalité pour tous et de la justice.

Mise à jour jeudi 5 décembre au soir : Nelson Mandela est mort à l'âge de 95 ans. Pour en savoir plus, cliquez ici. Son parcours détaillé est retracé dans cet article.



Mise à jour jeudi 5 décembre au soir : Nelson Mandela est mort à l'âge de 95 ans. Pour en savoir plus, cliquez ici.

En novembre 2009, l’Assemblée générale des Nations Unies déclarait le 18 juillet « Journée internationale Nelson Mandela » en l’honneur du combat mené par l’ex-président sud-africain pour l’égalité et la paix dans le monde. A cette occasion, chaque citoyen du monde est appelé à consacrer symboliquement 67 minutes de son temps à aider les autres en mémoire des 67 années que Mandela a vouées à sa lutte.

Cette année, cette journée symbolique est placée sous le signe de l’émotion en raison de l'inquiétude autour de l'état de santé de Nelson Mandela, qui fête ses 95 ans à l'hôpital. L'homme dont on disait que sa fin était proche il y a quelques semaines va désormais mieux, affirme son entourage.

Un vibrant hommage lui est aujourd'hui rendu, notamment en Afrique du Sud. Et pour cause : Nelson Mandela s’est battu jusqu'au bout pour mettre fin à l’apartheid, un système basé sur la ségrégation raciale et la discrimination des Noirs mis en place en Afrique du Sud dès 1948. L'homme a combattu avec détermination ce système raciste et inégalitaire en y consacrant une large partie de sa vie. Un combat qui a abouti à l'abolition de ce régime en juin 1991.

Sur les pas de Gandhi

Nelson Mandela est né le 18 juillet 1918 alors que l’Afrique du Sud était encore l’Union d'Afrique du Sud, un Etat autonome de l’Empire britannique. Il naît dans un pays où les lois ségrégationnistes et discriminantes sont régulièrement prises contre les Noirs, pourtant majoritaires.

Nelson est issu d'une famille royale de l'ethnie Xhosa. Son véritable prénom est Rolihlahla, qui signifie « enlever une branche d'un arbre » ou, plus familièrement « fauteur de troubles ». Jeune garçon, il devient le premier membre de sa famille à aller à l’école. C’est sur ses bancs que son institutrice lui donne le prénom de Nelson.

Etudiant en droit, c’est à l'université de Fort Hare, la seule université acceptant les Noirs, qu’il adhère à la doctrine de non-violence prônée par Gandhi. En 1944, Nelson Mandela rejoint le Congrès national africain (ANC) pour lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale menée par celle-ci. L’avocat est bien décidé à mettre fin aux discriminations et injustices subies par les Noirs du pays tout en restant pacifique. En 1952, il est élu président de l’ANC de la région du Transvaal et vice-président national.

Plus d'un quart de siècle en prison

Une statue de Nelson Mandela trône le poing levé devant la prison de Groot Drakenstein, à Paarl, où il a été détenu entre 1988 et 1990.
Cependant, la lutte pacifique peine à donner des résultats et l’ANC est interdit en 1960. Le 21 mars 1960, Sharpeville est le théâtre d’un massacre. Les forces de l’ordre tirent sur les civils. Face à l'augmentation de la répression et les violences policières et de l'État, Nelson Mandela décide de fonder en 1961 Umkhonto we Sizwe (MK), une branche militaire prônant l'action armée qui va mener des actions de sabotage contre des installations publiques et militaires. Il prend les armes pour combattre l’apartheid.

Dans ce système, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendent du statut racial de l'individu. Les Noirs sont largement défavorisés et subissent l’humiliation comme l’obligation de détenir un laissez-passer pour circuler. On veut séparer les individus par couleur. Les populations noires sont déplacées vers des zones qui leur sont attribuées afin que les bonnes terres soient habitées par les Blancs. Les mariages mixtes sont également interdits.

Nelson Mandela est stoppé dans son combat quand, après plusieurs courts séjours en détention, il est condamné en 1964 à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia, où on l’accuse en pleine guerre froide d’être lié avec le Parti communiste sud-africain. L’homme reste 18 de ses 27 années de prison sur l’île de Robben Island où il effectue des travaux forcés.

En prison, sa notoriété s'étend au niveau international. Les comités de soutien en sa faveur fleurissent à travers le monde. En décembre 1988, il est alors placé en résidence surveillée.

Un prisonnier devenu président

Sa libération intervient le 11 février 1990 alors que le pays sort peu à peu de son régime xénophobe. Nelson Mandela est devenu une icône. Tout s’enchaîne par la suite. Le 30 juin 1991, le parlement sud-africain vote la suppression des dernières lois d’apartheid encore en vigueur.

En juillet 1991, Nelson Mandela est élu président de l'ANC. Il soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk. En 1993, il reçoit d’ailleurs avec ce dernier le prix Nobel de la paix pour avoir participé à la fin du régime d'apartheid.

En 1994, Nelson Mandela devient le premier président noir de l’Afrique du Sud. Sa politique est axée sur la réconciliation nationale entre Noirs et Blancs et la lutte contre les inégalités économiques, la population noire ayant subi une extrême pauvreté sous l’apartheid.

Après son mandat de cinq ans, il ne souhaite pas se représenter à la présidence mais reste impliqué dans le militantisme. Il crée un fonds d'aide à l'enfance en 1994 et la fondation Nelson Mandela en 1999 pour favoriser l'éducation, le devoir de mémoire et lutter contre le sida, qui fait des ravages dans le pays.

Un combat à poursuivre

Mais alors qu’il se battait sur le terrain ou derrière les barreaux contre l’oppression dans son pays, la communauté internationale s’est longtemps tue sur la politique d’apartheid. Le pays avait à l'époque ainsi pu se développer grâce à ses coopérations avec l'Allemagne et la France ou encore le soutien des États-Unis.

Aujourd’hui, tandis que Nelson Mandela a comparé la lutte des Palestiniens à celle des Noirs sud-africains, la politique d’Israël vis-à-vis des Palestiniens trouve toujours ses fervents défenseurs, à commencer par les Etats-Unis et l'Europe. Le combat pour l’égalité porté par Nelson Mandela doit encore être mené en Palestine, en Birmanie et ailleurs en faveur des populations subissant toujours une ségrégation et un racisme passés sous silence avec la complicité même de ceux qui prétendent défendre l’œuvre de l'ex-président sud-africain.