Culture & Médias

Les « réseaux extrémistes » par Fourest : prière de ne rien dire contre Israël

Les défenseurs des Palestiniens criminalisés

Rédigé par | Jeudi 21 Février 2013 à 09:00

Dénoncer les agissements d'Israël pour défendre les droits des Palestiniens est une entreprise « extrémiste ». Tel est l'enseignement que voudrait bien délivrer au public Caroline Fourest, à l'affiche en février, sur France 5, avec sa série documentaire sur les réseaux de l'extrême. Dans la même veine, une carte répertoriant les « sites extrémistes » sur le Web a été publiée, cette semaine, et elle réserve aux lecteurs avertis bien des mauvaises surprises.



La carte des « réseaux extrémistes les plus influents », dans laquelle sont répertoriées les associations de défense des droits des Palestiniens, au même titre que de vrais extrémistes.
De qui se moque-t-on ? Avec la carte des « réseaux extrémistes les plus influents » sur la Toile publiée par France Télévisions*, une nouvelle entreprise de désinformation à l'égard des défenseurs des droits des Palestiniens est lancée.

Après avoir estampillé « documentaires » la série de reportages sur les extrémismes de Caroline Fourest, France Télévisions a décidé d'inventorier, par le biais d'une infographie élaborée par Linkfluence, leader européen du Social Media Intelligence, cinq catégories de sites et blogs extrémistes français (avec des comptes Facebook en prime) sur lesquelles l'essayiste déclare avoir enquêté.

Ainsi sont cités : la galaxie « islamiste radicale » avec le site Salafs.com qui se trouverait au centre de la nébuleuse salafiste sur le Net ; les « identitaires », « la plus petite des cinq constellations » avec « 36 sites », dont l’influent Bloc Identitaire ; les « conspirationnistes », « adeptes des théories du complot », où pourrait figurer, selon Fourest, le site communautaire Oumma.com « en raison d'un positionnement éditorial plus large » ; les « sionistes » et les « antisionistes ».

Défendre les Palestiniens, critiquer Israël, un extrémisme fourestien

La nébuleuse des « antisionistes », qui compte le plus de sites (63), est de loin la plus farfelue de toutes. Les concepteurs de la carte ont délibérément décidé de taxer d’extrémistes les associations de défense des droits des Palestiniens. Celles-ci sont ainsi répertoriées, au même titre que des mouvements véritablement extrémistes comme Fdesouche ou la Ligue de défense juive (LDJ), alors que celle-ci est une milice ultra-nationaliste israélienne dont le racisme est avéré.

Il ne fait pas bon de dénoncer la politique israélienne envers les Palestiniens. Ainsi, à la surprise de la rédaction, voyons-nous référencés les sites de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), de l’Union juive française pour la paix (UJFP), des Missions civiles pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP), d’International Solidarity Movement (ISM) ou encore de Génération Palestine, une association de jeunes militants.

Les habitants de Bil’in, un village palestinien situé en Cisjordanie, dont la lutte pacifique contre l’occupation est connue à travers le monde, ne sont pas épargnés puisque leur site est référencé, de même que celui de la Plateforme des ONG pour la Palestine.

EuroPalestine et les Indigènes de la République ne sont pas oubliés. Promouvoir le boycott des produits made in Israël est aussi considéré comme extrémiste. De ce fait, la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) est visible dans l’infographie.

Pour finir, le comble vient avec Le Philistin, une association qui promeut le savoir-faire artisanal palestinien. Sa seule présence vient témoigner du « sérieux » de la cartographie et de sa crédibilité. Caroline Fourest a l'amalgame facile, France Télévisions aussi. Les sites incriminés dans la catégorie des « antisionistes » ne manqueront pas de réagir.

* Mise à jour dans la matinée du jeudi 21 février : la page menant vers la carte est introuvable.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur