Politique

Les Etats généraux de la laïcité annoncés par Marlène Schiappa divisent avant même leur lancement

Rédigé par | Lundi 19 Avril 2021 à 08:30

La ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, a annoncé la tenue à partir de mardi 20 avril des « Etats généraux de la laïcité ». L'initiative, loin de faire l'unanimité, a très vite suscité de vives critiques à l'heure où la ministre travaille au démantèlement de l'Observatoire de la laïcité.



Marlène Schiappa a annoncé en avril la tenue des « Etats généraux de la laïcité ». © UN Women/Ryan Brown
Marlène Schiappa a annoncé, dimanche 18 avril, l'organisation des « Etats généraux de la laïcité ». Le coup d'envoi de l'initiative va être donné mardi 20 avril au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Paris « avec une conférence de haut niveau entre des intellectuels de toutes les sensibilités », a indiqué la ministre déléguée à la Citoyenneté.

« La laïcité n’est en aucun cas une arme de répression contre les religions. Nous voulons sortir de la tenaille entre d’un côté les identitaires d’extrême droite et de l’autre les indigénistes et Europe Ecologie-les Verts », a-t-elle affirmé dans les colonnes du JDD. « L’idée est de dire : parlons-en ensemble et écoutons-nous. »

Une unanimité très loin d'être acquise

L'annonce de ces États généraux n'a pas manqué de faire réagir diverses organisations et personnalités tant politiques que de la société civile, qui fustigent l'attitude d'une ministre qui chercherait surtout à imposer une vision de la laïcité qui divise plus qu'elle ne rassemble. La mise en avant de personnes comme l'essayiste Caroline Fourest, l'avocat Richard Malika ou encore les philosophes Henri Peña-Ruiz et Gaspard Koenig pour ces États généraux inquiète même jusqu'à l'Elysée qui, selon Mediapart, ne veut pas voir cette initiative se transformer en « Etats généraux du Printemps Républicain ».

« Soyons plus précis. Le Printemps Républicain organise les états généraux de la laïcité », a fustigé en ce sens la sénatrice Esther Benbassa dont le parti écologiste est férocement attaqué par l'exécutif ces dernières semaines. Pour Aurélien Taché, président de Nouveaux Démocrates, et fervent opposant à la majorité présidentielle, l'initiative est « une opération de communication grotesque ».

L'objectif des États généraux serait une manière de « refaire le coup du débat de l’identité nationale en instrumentalisant une notion juridique (la laïcité) dont la définition est claire et constante, & qui n’a besoin d’être "discutée" que par ceux qui veulent la dévoyer », a estimé Cédric Mas, président de l'institut Action Résilience. Pour l'avocat et blogueur Erwan Le Morhedec, « l’instrumentalisation politique et même politicienne est tellement transparente, sur un sujet si sensible que c’en est absurde ».

Un coup plus rude est venu du côté de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), cité par Marlène Schiappa avec la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) parmi les participants aux Etats généraux. Le syndicat « a déjà dit à la ministre que ce genre d’initiative était mal choisie alors que la loi confortant les principes républicains est encore dans les tuyaux (et pose bien des problèmes). Il faut arrêter de faire de la laïcité un objet d’agitation médiatique permanent », a signifié, pour sa part, son secrétaire général Frédéric Sève.

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Une rude bataille engagée contre l'Observatoire de la laïcité

C'est que l'annonce de Marlène Schiappa intervient aussi à l'heure où l'Observatoire de la laïcité est rudement attaqué par la ministre elle-même, qui travaille en coulisse à faire disparaître l'instance sous sa forme actuelle. Elle se déclarait récemment favorable à l'instauration d'une « administration de la laïcité ».

« Pourquoi veut-on casser un outil qui marche ? », s'est désolé sur France Inter son président Jean-Louis Bianco dont le mandat a pris fin début avril. « On dérange parce qu'on est indépendant, qu'on apporte une vue apaisée », a-t-il tranché.

La conférence inaugurale des États généraux de la laïcité va être suivie d'une série de « tables rondes et de groupes de travail sur la liberté d’expression, la recherche, la jeunesse, l’intégration citoyenne » qui seront organisées d'ici l'été, avec des sessions durant lesquelles des associations et des syndicats auront « carte blanche » selon Marlène Schiappa. Une « grande consultation » avec Make.org sera aussi lancée auprès de 50 000 jeunes.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur