Points de vue

Le pouvoir du citoyen numérique

Rédigé par | Jeudi 26 Décembre 2013 à 06:00



Les jeunes sont-ils à ce point fâchés avec la chose politique ? Bien qu’ils s’abstiennent davantage que les autres catégories de la population lors des élections et se disent méfiants à l’égard des hommes politiques dont la moyenne d’âge, signalons-le, est d’environ 60 ans – c’est dire que le renouvellement générationnel est loin de se réaliser tellement les élites politiques s’accrochent à leurs sièges… –, il n’en reste pas moins vrai que les jeunes ont des avis à exprimer sur les grandes questions de société (transports, logement, insertion économique, environnement…) et savent se mobiliser.

C’est en tout cas la conviction de Baki Youssoufou, diplômé en sciences économiques, qui fut président de la Confédération étudiante de 2008 à 2012 et a fondé au printemps 2012 wesign.it

Création de pétitions, aide à la récolte de fonds, partage des projets, des savoirs et des expériences sur les réseaux sociaux…, wesign.it est une plateforme en ligne qui entend faciliter la mobilisation des citoyens, avec pour devise « Petitioning for a Better World ».

Dans son intervention de 8 minutes faite à l’occasion de l’événement « Le progrès, c’est nous », organisé par le think tank Fondapol (Fondation pour l’innovation politique), le 16 novembre dernier, Baki Youssoufou montre comment la politique traditionnelle est bouleversée par les nouvelles formes d’engagement et d’activisme sur Internet.

« Les politiques croient et rêvent qu’ils pourront continuer à manipuler les citoyens, parce que le citoyen numérique reste virtuel et facilement manipulable. » Or, pour Baki Youssoufou, les politiques se trompent, car « Internet a apporté une nouvelle dynamique en politique », que l’on peut constater sur trois points.

En premier lieu, l’Internet « fluidifie » l’interaction « entre les citoyens, la société civile et les politiques ».
En second lieu, « il diminue le coût d’entrée en politique ». « Outre le fait de comparer les programmes politiques des partis, on peut se mobiliser en ligne, on peut co-construire son programme en ligne, on peut mobiliser des fonds en ligne, on peut déclarer sa candidature en ligne et on peut, bien sûr, voter en ligne », détaille le fondateur de wesign.it.
Sans compter que l’Internet permet « de plus en plus mettre en cause la légitimité des politiques ».

« Notre génération, qui a connu le tam-tam, le minitel, le smartphone et le cloud, a une responsabilité numérique », fait savoir Baki Youssoufou, « car, pour moi, chaque génération participe au changement de son temps. »

De quoi inspirer les nouvelles générations qui tentent de faire entendre leurs voix et leurs opinions. « Même si nous savons que les révolutions sont souvent pensées par les poètes, réalisée par les aventuriers et souvent récupérées par les tyrans, nous avons décidé de tenter l’aventure… », conclut l’orateur, convaincu et optimiste quant à la possible efficacité de la rencontre alliant révolution numérique et mobilisation citoyenne.


« Le progrès, c’est nous », à l'initiative de la Fondapol, a eu lieu le 16 novembre 2013, de 0 heure à minuit, à la Maison de la Mutualité (Paris), réunissant plus d'une centaine de personnalités.
Le concept ? Hommes et femmes, connus ou moins connus, artistes, étudiants, entrepreneurs, intellectuels, citoyens, salariés ou patrons, chercheurs et penseurs se sont succédé sur scène, sans discontinuer, avec pour challenge d'exposer chacun-e leurs idées en 10 minutes top chrono, ni plus ni moins.
Citoyenneté, jeunesses du monde, entrepreneurs de solidarité, ville, travail, santé, environnement, démocratie, liberté, technologies... autant de thèmes abordés durant ces 24 heures non stop d'ébullition d'idées et de partages d'expérience.
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Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur