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Société

Les jeunes de banlieue : les mal-aimés de la France

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Mercredi 2 Mai 2012 à 16:24

           

Lutter contre les inégalités sociales : c’est la grande mission de l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville (AFEV), qui a organisé, jeudi 26 avril, une grande soirée de l’engagement au Zénith de Toulouse pour fêter ses 20 ans. Une bonne occasion de saluer les initiatives des jeunes et notamment ceux de banlieue, qui restent pourtant mal-aimés par la majorité de la population française. En effet, seulement 4 Français sur 10 ont une bonne image des jeunes de banlieue, nous dévoile le 4e rapport de l’Observatoire de la jeunesse solidaire publié par l’association.



Les jeunes de banlieue : les mal-aimés de la France
Menée en collaboration avec l’Audirep et la Fondation BNP Paribas, l’enquête de l’AFEV a été réalisée du 1er au 7 février par téléphone auprès d’un échantillon de 1 000 personnes. Résultat : 75 % des Français disent avoir une bonne image des jeunes mais ce chiffre tombe à 43 % quand il s’agit des jeunes issus de quartiers populaires. 57 % des Français en ont une image négative.

Pourquoi un tel écart ? 15 % des sondés trouvent les jeunes de banlieues « irrespectueux des règles et envers les autres ». « Ce sont des délinquants (violence, drogue, agressivité) » jugent également 15 % des personnes interrogées. Pire, pour 7 %, « les parents donnent le mauvais exemple » et pour 3 % « Ils sont fainéants ».

« Et même ceux qui portent à leur égard un regard plutôt positif ne leur reconnaissent pas les qualités de courage et de mérite, accordées aux jeunes en général », souligne l’AFEV.

Clichés sur clichés

Les jeunes de quartiers populaires pâtissent donc d’une mauvaise image. Un bon point est tout de même à noter : ce chiffre est en en baisse par rapport à l’année dernière, quand 61 % des Français avouaient avoir une mauvaise image de ces jeunes. Autre changement : les personnes âgées sont plus nombreuses à avoir un avis négatif que précédemment.

Ce sentiment est le fruit d’une peur. Une peur de la jeunesse des quartiers populaires souvent véhiculée par les médias. D’ailleurs, 12 % du panel disent avoir une « image négative liée à l’image des jeunes délivrée par les médias ». Les médias ont leur part de responsabilité car ils donnent une mauvaise image de la banlieue par un « regard simplificateur » , décrypte Gregory Derville dans La Stigmatisation des jeunes de banlieue..

Et pourtant, un dialogue permettrait sûrement de mettre fin à ce désamour. En effet, l’étude de 2011 montre que les Français ne connaissent pas et ne côtoient pas les jeunes des quartiers populaires.

Quelle place pour la jeunesse dans la politique ?

Autre enseignement de cette enquête : 76 % des Français ont conscience que tous les jeunes n’ont pas les mêmes chances de réussite sociale et 81 % pensent que les inégalités sociales se sont creusées ces dix dernières années. Cela est paradoxal car les plus touchés par ces inégalités sont « les mal-aimés », les jeunes qui vivent dans des quartiers populaires. « Ainsi, 4 de ces jeunes sur 10 sont au chômage contre 2 sur 10 en moyenne », rappellent Christophe Paris, directeur général de l’AFEV, et Elise Renaudin, directrice déléguée.

Publiée avant le second tour de la présidentielle, l’enquête montre également que la grande majorité des Français souhaite que les politiques s’investissent davantage dans la question de la jeunesse. Les jeunes le valent bien, car même « s’ils se mobilisent peu dans les partis politiques, ils sont en revanche plus enclins que leurs aînés à vouloir s’investir à l’avenir dans une démarche citoyenne et politique ».

« Il faut entendre cette envie d’engagement et faire évoluer les corps intermédiaires traditionnels, pour que les jeunes puissent les investir. En effet, la place des jeunes dans les instances de représentation est infime au regard de leur poids dans la population et concourt à un sentiment de déclassement "démocratique" », note l’AFEV. Les deux derniers candidats en lice pour la présidentielle entendront-ils un jour cet appel ? Mystère.

Lire le rapport de l'Observatoire de la jeunesse solidaire ici






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