Sur le vif

Le Royaume-Uni refuse le retour des enfants des partisans britanniques de Daesh

Rédigé par Lina Farelli | Mardi 13 Aout 2019 à 17:22



Les enfants des partisans britanniques du groupe terroriste Etat islamique (Daesh) ne sont pas autorisés à rentrer au Royaume-Uni. Telle est la décision prise par le gouvernement britannique, révélée par The Times lundi 12 août.

C’est l’une des dernières décisions prises par Sajid Javid en tant que ministre de l’Intérieur avant sa nomination fin juillet par Boris Johnson comme Chancelier de l'Echiquier, équivalent du ministre des Finances.

Après le décès en mars du fils de Shamima Begum, une adolescente qui a rejoint les rangs de Daesh, de nombreux appels d’organisations de la société civile ont pressé le gouvernement britannique à rapatrier les enfants des membres avérés de Daesh.

Toutefois, Sajid David, a estimé qu’il est dangereux d’envoyer des agents dans les camps situés au nord de la Syrie pour récupérer les enfants. Des travailleurs humanitaires et des journalistes britanniques ont pourtant pu accéder aux camps.

Le rapatriement des enfants, une nécessité pour limiter la menace terroriste

Pour les autorités kurdes, le fait de laisser les enfants en Syrie serait « une grosse erreur ». « Si ces enfants ne sont pas renvoyés dans leur pays (d’origine), réhabilités et réintégrés dans leurs communautés, ils deviendront tous des futurs terroristes », ont-elles averti.

Abdulkarim Omar, responsable des Affaires étrangères de l’administration autonome en charge de la gestion des camps, a fait savoir que « ces enfants ont été élevés dans un environnement imprégnés de l’idéologie terroriste de Daesh, en particulier ceux âgés de plus de 8 ans ». Pour lui, ne pas rapatrier ces enfants reviendrait à « créer une nouvelle génération de terroristes qui constitueront une menace pour nous et pour la communauté internationale toute entière ».

En juin, Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, a appelé au rapatriement des enfants retenus en Syrie. « Les enfants, en particulier, ont subi de graves violations de leurs droits, y compris ceux qui ont pu être endoctrinés ou recrutés pour commettre des actes violents. La considération première doit être leur réadaptation, leur protection », a-t-elle déclaré en juin.

« Il est clair que toutes les personnes soupçonnées d’avoir commis des crimes, quel que soit leur pays d’origine et quelle que soit la nature de leur crime, doivent faire l’objet d’enquêtes et de poursuites. Mais le maintien en détention de personnes qui ne sont pas soupçonnées de crimes, en l’absence de fondement légal et d’un contrôle judiciaire indépendant régulier, n’est pas acceptable », avait-elle ajouté, estimant que conférer le statut d’apatride aux enfants de jihadistes reste un « acte de cruauté ».

La France a, pour sa part, adopté l’approche du cas par cas s’agissant du rapatriement des enfants des enfants de membres de Daesh. Douze enfants français, en bas âge, avaient ainsi été rapatriés en juin avec le concours des autorités kurdes en Syrie.

Lire aussi :
Pourquoi l'affaire Shamima Begum, l'ado partisane de Daesh, passionne le Royaume-Uni
En France, des appels pressent au rapatriement des enfants de partisans français de Daesh

Et aussi :
Comprendre la manipulation des enfants opérée par Daesh pour mieux les aider (1/3)
L’école de Daesh, bien éloignée des principes de l’islam (2/3)
Comment réaffilier et renationaliser les enfants de Daesh sans la famille élargie ? (3/3)