Sur le vif

La rencontre du FN avec l'imam d'Al Azhar, vue par Marine le Pen

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 4 Juin 2015 à 16:29



Voilà des jours que la photo de Marine le Pen, reçue le 28 mai au Caire par le grand imam d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb, a fait le buzz. La présidente du Front national a crée la surprise en prenant la pose aux côtés du religieux qui représente la plus haute institution de l'islam sunnite. Depuis, elle n'avait dit mot. La photographie suffisait à justifier son joli coup de com'.

Ce n'est que mercredi 3 juin que la chef du FN a plus longuement expliqué à la presse les motivations de cette rencontre surprise qui a eu lieu à « sa demande ». Elle a voulu « briser cette vitre opaque posée entre le monde arabo-musulman et le Front national ». Elle a loué, à l'occasion, « la sagesse et le raffinement » du grand imam d'Al-Azhar auprès de qui elle voulait lui assurer que le FN « n'est pas contre les musulmans mais contre le terrorisme et l’ islamisme ».

Ahmed al-Tayyeb savait-il que l'eurodéputé FN Aymeric Chauprade, pour qui l'islam est une « menace très grave », faisait partie de la délégation ? Toujours est-il que la rencontre entre les deux partis a été très mal accueillie parmi les musulmans.

Un autre son de cloche à Al-Azhar

La version du cheikh d'Al-Azhar est différente de celle qui a été vendue par le FN. Dans un communiqué publié par l’institution, il explique avoir « fait part à la présidente du parti de ses sérieuses réserves concernant ses positions hostiles à l'islam », estimant que « ses opinions devaient être revues et corrigées ».

« Si elle (Mme Le Pen) avait une compréhension erronée de l’islam, le Cheikh d’Al-Azhar voulait lui montrer quel était le véritable islam », a ajouté à l’AFP Abbas Shoman, l’adjoint de Ahmed al-Tayyeb.

Cette rencontre n'a rien d'exceptionnelle pour Al-Azhar qui a souligné que l'entrevue avec Marine Le Pen s'inscrivait dans « l’ouverture » de l’institution « vis-à-vis de tous les courants idéologiques, pour répondre et confronter tout ce qui fait offense à l’islam, sa tolérance et son acceptation d’autrui ».

Sissi, « un de nos remparts face aux Frères musulmans »

Reçue par le Premier ministre égyptien, Ibrahim Mahlab, Marine Le Pen a qualifié le président Abdel Fattah al-Sissi comme « l’un de nos remparts les plus solides face aux Frères musulmans ». Elle approuve de fait les mises à mort collectives de membres de cette confrérie dont Mohamed Morsi, premier président démocratiquement élu en Egypte.

La présidente du FN a également rencontré le pape Théodore II, chef spirituel des Coptes d'Egypte, que le FN présente comme des « descendants directs de l’Egypte des Pharaons, et qui paient un lourd tribut à l’intolérance islamiste » en Egypte. Seul le journal de droite Valeurs actuelles a été associé pour couvrir la visite polémique, mal perçue des opposants de l'actuel pouvoir égyptien.

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