Religions

La mosquée de Roissy-en-Brie pose sa première pierre

Rédigé par Gwénola de Coutard | Lundi 7 Juin 2010 à 14:29

Longtemps, les fidèles de Roissy-en-Brie, une commune de 20 000 habitants en Seine-et-Marne, ont prié à l’étroit. Dans une salle de moins de 100 m² prêtée par la mairie, ils se retrouvaient chaque vendredi à près de 400 personnes, et rêvaient d’un lieu de culte plus spacieux. Depuis samedi 5 juin, ce projet se concrétise : la première pierre d’un édifice de 2 155 m² a été posée.



Mosquée de Roissy-en-Brie, 5 juin 2010 : Cheikh Saïd Ramadan Al Bouti, Mohamad Nasereddine (président de l’ACMRB), Chantal Brunel (députée UMP de Seine-et-Marne) et Sylvie Fuchs (maire PCF de Roissy-en-Brie) posent chacun une brique.
Sous un soleil de plomb, ils sont une centaine, certains en costume traditionnel, à se bousculer pour mieux voir la scène. Sur quelques parpaings au milieu de ce qui n’est encore qu’un terrain vague, élus et personnalités musulmanes se succèdent pour poser une brique, symbole du début des travaux de leur future mosquée.

Invité d’honneur de la cérémonie, le savant syrien Cheikh Saïd Ramadan Al Bouti était au centre des attentions. Mais c’est pourtant au passage de Sylvie Fuchs, maire (PCF) de Roissy-en-Brie, que l’un des spectateurs s’enflamme : « Notre maire, notre maman ! » Quelques minutes plus tôt, dans son discours, celle-ci a rappelé son attachement à la laïcité, elle pour qui la religion est une affaire privée. Mais s’est surtout félicitée de la construction prochaine de la mosquée. « C’était nécessaire », a-t-elle déclaré, s’attirant de nombreux applaudissements.

En tant que maire, elle y a contribué en acceptant de baisser légèrement le prix du terrain (de 10% environ), lors de sa vente en 2008 à l’Association culturelle musulmane de Roissy-en-Brie (ACMRB), porteuse du projet. Pour faire bâtir son centre cultuel et culturel, l’ACMRB a en effet acquis deux terrains, l’un communal à 107 050 euros, l’autre privé, à près de 85 000 euros pour une surface totale de 5 420 m². Pour financer le volet culturel, le conseil général a donné un coup de pouce : 185 000 euros, ce qui devrait à peu près être le montant de l’aide du conseil régional.

Il faudrait trois fois plus de place aux musulmans pour prier à l’aise en France

D’une superficie de 2 155 m², juste à côté des tennis et à proximité du RER, le futur bâtiment s’étendra sur deux niveaux. Au rez-de-chaussée, la mosquée pourra accueillir jusqu’à 1500 personnes. « Les gens vont venir des communes voisines, Pontault-Combault et Emerainville », prévoit déjà Mohamad Nasereddine, le président de l’association. Le deuxième étage comprendra une bibliothèque, une salle de conférences et une école de sept classes. « Nous y donnerons des cours d’arabe, et de soutien scolaire pour les enfants, qu’ils soient musulmans ou non », indique l’imam Mohamed Guitoun.

Deux minarets de 12 mètres de haut encadreront l’entrée, et un dôme de 9,80 mètres de diamètre surplombera l’édifice. « L’aspect ne sera pas choquant, le bâtiment va bien s’insérer dans le
paysage »
, assure Mohamad Nasereddine, le président de l’association. Il se réjouit que, sur les 2,6 millions d’euros de budget, un quart soit déjà trouvé grâce à la générosité des fidèles, et d’amis
généreux, au Liban notamment.

Selon Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman, présent à la cérémonie, « les musulmans de France, aujourd’hui, ne bénéficient que de 250 000 mètres carrés environ pour l’exercice de leur culte, alors qu’ils sont près de 850 000 à se retrouver pour prier chaque vendredi. Cela fait loin du mètre carré par personne nécessaire pour prier ! » C’est pourquoi en France, chaque année, en moyenne 150 mosquées sont en construction.