Société

Guerre d'Algérie : une loi de réparation en faveur des Harkis annoncée par Macron

Rédigé par | Lundi 20 Septembre 2021 à 14:05

A quelques jours de la journée nationale d'hommage aux Harkis, Emmanuel Macron a annoncé une loi de reconnaissance et de réparation en faveur de ces anciens combattants abandonnés par la France après la fin de la guerre d'Algérie.



Près de 60 ans après la fin de la guerre d'Algérie, un nouveau pas a été franchi dans la reconnaissance par la France du traumatisme vécu par les Harkis.

A quelques mois de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron a annoncé, lundi 20 septembre, une loi de reconnaissance et de réparation en faveur de ces anciens combattants - environ 200 000 hommes - recrutés comme auxiliaires de l'armée française pendant la guerre d'indépendance avant d'être abandonnés à leur sort après la défaite en 1962.

Des dizaines de milliers d'entre eux avaient alors été massacrés en Algérie en représailles tandis que quelques dizaines de milliers d'autres ont été transférés en métropole dans des camps aux conditions de vie indignes. « Bannis de leur sol natal, bafoués dans leur sol d'accueil », a résumé le président.

Face à quelque 300 personnes invitées à l'Elysée, le chef de l'Etat a demandé pardon à ces hommes et à leurs descendants, quelques jours avant la journée nationale d'hommage aux Harkis, célébrée tous les 25 septembre depuis 2003.

« La République a contracté une dette » à l'égard des Harkis

Avant lui, François Hollande avait reconnu en 2016 « les responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des Harkis ». Son successeur, qui s'est exprimé au lendemain de l'inhumation discrète d'Abdelaziz Bouteflika, veut aller plus loin en ouvrant « le chantier de la réparation ». La France « a manqué à ses devoirs envers les harkis, leurs femmes, leurs enfants » alors même qu'ils « ont prêté leur force, ont versé leur sang, ont donné leur vie pour la France ».

« Ce n'est pas un rendez-vous avec les Harkis, c'est un rendez-vous avec la vérité, avec la France, avec une part de nous », a-t-il ajouté.

C'est pourquoi l'exécutif « portera avant la fin de l’année un projet visant à inscrire dans le marbre de nos lois la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis » a promis le président. « Cette loi n'aura pas vocation à dire ce qu'est l'histoire ou la vérité », a-t-il précisé. Une commission nationale adossée à l'Office national des anciens combattants et des victimes de guerre sera mise en place pour « superviser le processus de recueil de leurs témoignages et de réparation », qui passera notamment par une revalorisation des indemnités versées aux Harkis et à leurs veuves.

Anticipant les vifs débats mémoriels que peut susciter son discours en France, en particulier au sein de la diaspora algérienne, « j'assume pleinement que la France reconnaisse la multitude de ses mémoires et de ses destins avec cette guerre », a signifié, plus tôt, Emmanuel Macron. « Ces histoires sont parallèles, elles sont parfois irréconciliables, (...) pour certaines incomparables les unes avec les autres mais il nous faut les assumer tous et les reconnaître chacun pour pouvoir avancer et vivre ensemble ».

Lire aussi :
Guerre d'Algérie : Macron s'engage pour la déclassification des archives classées secret-défense
France - Algérie : Macron déplore des « résistances » face aux efforts de réconciliation
Hommage des harkis à l’émir Abdelkader, héros des deux rives de la Méditerranée
Guerre d'Algérie : la reconnaissance par l'Etat de l'assassinat d'Ali Boumendjel actée par Macron


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur