Politique

Européennes 2014 : l'extrême droite islamophobe conquérante

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Lundi 26 Mai 2014 à 17:00

Les eurosceptiques font une entrée fracassante au Parlement européen. Le scrutin organisé du 22 au 25 mai dans l'Union européenne, marqué par une abstention massive des électeurs, a très largement profité à l'extrême droite, qui va bousculer les débats feutrés de l'hémicycle pendant les cinq prochaines années.



Lendemain difficile en France après le scrutin des européennes marqué par la victoire du Front national. Si le parti d’extrême droite était annoncé en tête des différents sondages réalisés en amont du vote de dimanche 25 mai, le choc vient de sa large victoire.

Malgré une participation en hausse par rapport au scrutin de 2009 (42,5 % en 2014 contre 40,5 %), le FN s’est envolé. Le parti de Marine Le Pen a récolté 24,9 % des suffrages, se positionnant devant l’UMP (20,3 %) et le Parti socialiste, qui totalise seulement 13,9 % des voix. Après l'échec des municipales, la défaite est sanglante pour la majorité. « Séisme », « dimanche noir »... : les mots ne sont pas assez forts pour commenter ce résultat du côté de la gauche.

Le FN, qui a quadruplé son score par rapport aux dernières élections européennes, savoure sa victoire. Il est arrivé en tête dans cinq circonscriptions sur huit. Seuls l’Outre-mer, l’Île-de-France et la région Ouest, où l’UMP est victorieuse, lui ont échappé. Pour la France, c’est donc le parti d’extrême droite qui aura le plus de représentants au Parlement européen. 24 députés FN, dont Marine Le Pen et son père Jean-Marie le Pen, y siégeront, contre 19 pour l’UMP, 13 pour le PS et le Parti radical de gauche, 7 pour l’UDI et le Modem, 6 pour Europe Ecologie Les Verts (EELV) et 4 pour le Front de gauche.

Des néo-nazis grecs au Parlement

Le FN obtient un score historique aux élections européennes de 2014.
La France n’est pas la seule à s’illustrer par une percée historique de l’extrême droite et du populisme lors de ces élections. Le même phénomène est visible au Royaume-Uni avec la victoire de l'UKIP (United Kingdom Independence Party), qui a récolté 27,5 % des voix lors du scrutin organisé dans le pays le 22 mai. Le parti nationaliste a réussi à devancer les travaillistes (25,4 %) et les conservateurs (23,9 %).

Nigel Farage, le leader d’UKIP, a fait savoir ne pas vouloir s’allier au FN qu’il qualifie d'« antisémite ». Le parti de Marine Le Pen, qui a déjà conclu une alliance avec le Parti pour la liberté (PVV) néerlandais, le parti islamophobe de Geert Wilders mis en échec aux Pays-Bas, devrait toutefois avoir la possibilité de s’allier avec de nombreux autres députés eurosceptiques venant notamment d'Autriche, où le parti d'extrême droite FPÖ, arrivé en troisième position, a également réalisé une belle percée en cumulant 19,9 % des suffrages, contre 12,7 % en 2009.

Le Parti populaire danois, anti-immigration, a emporté quatre des treize sièges attribués au Danemark, avec 26,7 % des voix. En Grèce, le parti néonazi Aube dorée, avec un score compris entre 9 % et 10 %, devrait pouvoir envoyer au moins deux députés européens sur 21 élus grecs. Le parti néonazi allemand NPD a fait un score médiocre (1 %) mais va pouvoir envoyer son premier et seul député à Strasbourg. Le parti ultranationaliste Jobbik, obtient, quant à lui, trois sièges en arrivant deuxième au scrutin (14,7 %).

Le grand rendez-vous de l'abstention

Notons qu'en Espagne et au Portugal, durement frappés par la crise économique, l'extrême droite était absente des élections. Les électeurs européens ont également déserté les bureaux de vote : le taux de participation s'est élevé à 43 % dans l'ensemble de l'UE.

Au total, près de 150 députés issus de partis d’extrême droite, populistes et anti-européens sur 751 élus devraient siéger au Parlement européen, où les conservateurs restent majoritaires. Le rejet de l’Union européenne mais aussi la hausse du racisme sur le continent se matérialisent au cœur même des instances européennes.