Religions

Depuis le Kazakhstan, l’appel du pape François à garder « nos identités ouvertes au courage de l’altérité »

Rédigé par | Mercredi 14 Septembre 2022 à 13:30

La 7e édition du Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles organisée au Kazakhstan a été marquée par la présence du pape François. Déplorant l’instrumentalisation du sacré pour légitimer la violence, il a martelé la nécessité pour les leaders religieux de montrer l'exemple en s’engageant sur les voies d'un dialogue « respectueux et responsable » pour cheminer vers la paix.



La 7e édition du Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles s'est tenu au Kazakhstan du 14 au 15 septembre 2022 en présence du pape François. © Twitter / Gismat Gozalov
Près d'une centaine de personnalités et de leaders religieux sont rassemblés à Noursoultan, la capitale kazakhe, à l’occasion du Congrès des dirigeants des religions mondiales et traditionnelles. Ses objectifs affichés : « développer une culture de tolérance et de respect mutuel comme contrepoids à l'idéologie de la haine et de l'extrémisme » ou encore « promouvoir le dialogue mondial entre les civilisations, les cultures et les religions », qu’elles soient abrahamiques ou non. Près d’une décennie après la première édition, ce rendez-vous interreligieux instauré par le premier président du Kazakhstan, Noursoultan Abishevich Nazarbaïev, qui a dirigé le pays de 1990 à 2019, se tient du mercredi 14 au jeudi 15 septembre.

Cette 7e édition est marquée par la présence du pape François, qui a foulé pour la première fois le sol kazakh pour son 38e voyage apostolique. Après une prière silencieuse réunissant de hauts dignitaires comme le cheikh Ahmed El Tayyeb, le grand imam d’Al-Azhar, et Yitzhak Yosef, le grand-rabbin séfarade d’Israël, le souverain pontife a appelé le monde à « se réveiller de ce fondamentalisme qui pollue et corrode toutes les croyances » mais aussi de « laisser seuls aux livres d’histoire les discours qui, trop longtemps, ici et ailleurs, ont inculqué suspicion et mépris à l’égard de la religion, comme s’il s’agissait d’un facteur de déstabilisation de la société moderne ».

« Ne permettons pas que le sacré soit instrumentalisé par ce qui est profane »

« La recherche de la transcendance et la valeur sacrée de la fraternité peuvent en effet inspirer et éclairer les choix à prendre dans le contexte des crises géopolitiques, sociales, économiques, écologiques mais, à la racine, spirituelles, qui traversent de nombreuses institutions d’aujourd’hui, même les démocraties, en mettant en péril la sécurité et la concorde entre les peuples », estime-t-il. « C’est pourquoi la liberté religieuse est une condition essentielle pour un développement véritablement humain et intégral. »

« Comment pouvons-nous penser que les hommes de notre temps, dont beaucoup vivent comme si Dieu n’existait pas, seront motivés à s’engager dans un dialogue respectueux et responsable si les grandes religions, qui constituent l’âme de tant de cultures et de traditions, ne s’engagent pas activement pour la paix ? », interroge le pape. « Ne justifions jamais la violence. Ne permettons pas que le sacré soit instrumentalisé par ce qui est profane. Que le sacré ne soit pas l’accessoire du pouvoir et que le pouvoir ne soit pas l’accessoire du sacré ! », signifie-t-il, avant d’appeler non pas à chercher à créer de « faux syncrétismes conciliants » mais à garder « nos identités ouvertes au courage de l’altérité, à la rencontre fraternelle ».

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« Je n'appelle pas à la fusion de toutes les religions en une seule - nous sommes convaincus que cette idée est destructrice et enlève les racines de la religion. J'appelle à un travail sérieux pour renforcer les valeurs de toutes les religions » au premier rang desquelles se trouve la fraternité, a déclaré en ce sens le grand imam d’Al-Azhar, avec qui le pape a signé en 2019 la Déclaration sur la fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune.

Au cours du congrès, les leaders religieux sont invités à s’exprimer sur leur rôle « dans le développement spirituel et social de l'humanité dans la période post-pandémique ». Un arbre, symbole de la paix, sera planté jeudi 15 septembre, journée qui verra le président Kassym-Jomart Tokaïev adresser un discours pour clôturer l’événement.
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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur