Sur le vif

Birmanie : Aung San Suu Kyi au secours des musulmans ?

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 17 Avril 2013 à 15:28



Elle aura mis du temps avant de s’exprimer sur le sort des musulmans de Birmanie. La dirigeante de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi a eu un mot de soutien pour la communauté musulmane, qui doit faire face aux discriminations et aux violences dans le pays majoritairement bouddhiste.

La lauréate du prix Nobel de la Paix 1991, en déplacement au Japon, a dénoncé leur sort, tout en précisant qu’elle n’était « pas une magicienne », mercredi 17 avril.

«J'ai rencontré tout récemment des dirigeants musulmans. Ce qui se passe est très triste. Ils ne connaissent que la Birmanie, ils ne se voient pas aller ailleurs, alors qu'on leur fait sentir qu'ils ne sont pas chez eux dans notre pays », a-t-elle déploré lors d’une conférence de presse. « Il faut trouver un arrangement avec ceux qui ont un point de vue différent du nôtre », a-t-elle, commenté en souhaitant que le gouvernement birman réforme la législation sur la citoyenneté.

Mais alors qu’on lui demandait si elle considérait les Rohingyas musulmans comme des citoyens birmans, elle a préféré ne pas répondre.

Les 800 000 musulmans de l’ethnie Rohingya n'ont pas la citoyenneté birmane et sont l'une des communautés les plus persécutées au monde, notamment par les autorités, selon les organisations de défense des droits de l'Homme. L’an dernier, des violences interreligieuses dans l'Etat de Rakhine, dans l’ouest du pays, ont fait officiellement 110 morts et 120 000 sans abris, en majorité Rohingyas, qui sont également rejetés par le Bangladesh voisin.

Les tensions entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane ont repris le mois dernier lors d’affrontements qui ont coûté la vie à 43 personnes à Meiktila, dans le centre de la Birmanie. Des milliers de personnes, en majorité des musulmans, ont dû fuir leurs maisons, et des mosquées de plusieurs villes du centre du pays ont été détruites.

Pourtant, seul trois musulmans ont été condamnés pour ces violences. Il s’agit du propriétaire d'une échoppe, son épouse et un employé, accusés d’avoir provoqué une bagarre, à l’origine de ces émeutes meurtrières. Ils ont été condamnés à 14 ans de prison ferme. Aucun des moines bouddhistes, qui propagent des discours islamophobes, et sont aux avant-postes de ce type de violence, ni les émeutiers, qui ont saccagé les quartiers musulmans, n’ont été arrêtés.

La justice et la fin des discriminations ne sont pas encore d’actualité pour les musulmans birmans. Et le soutien timide d’Aung San Suu Kyi n’y changera rien.

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