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Monde

Birmanie : les Rohingyas dans un désarroi total, solidarité à Paris

Rédigé par | Vendredi 9 Novembre 2012 à 00:45

           


Les Rohingyas, une minorité musulmane non reconnue en Birmanie, fait face à une escalade de violences à leur encontre depuis juin 2012.
Les Rohingyas, une minorité musulmane non reconnue en Birmanie, fait face à une escalade de violences à leur encontre depuis juin 2012.
Comment rester indifférent et sourd aux souffrances des Rohingyas ? Ces musulmans de Birmanie, considérés par les Nations unies comme l’une des minorités les plus persécutées au monde, font face à une escalade de la violence à leur encontre dans l’Etat de Rakhine (ou Arakan), dans l’ouest du pays, depuis juin dernier.

Pourchassés, avec la complicité de l’Etat, par une population essentiellement bouddhiste, les Rohingyas, évalués au nombre de 800 000 en Birmanie, ne sont pas reconnus comme l’une des 135 minorités ethniques du pays. Ils sont déchus de la nationalité birmane depuis l’instauration d’une loi relative à la citoyenneté en 1982, bien que les Rohingyas revendiquent leur présence dans la région depuis des siècles.

« Nous n'avons pas l'intention d'accepter en tant que nouveau groupe ethnique les apatrides et ceux qui ne sont pas inclus dans les groupes ethniques officiels, comme les Rohingyas », a indiqué dernièrement Zaw Htay, directeur du bureau présidentiel.

Une indifférence générale à combattre

Face à cette sanglante réalité à laquelle la communauté internationale ne prête pas attention, des collectifs se créent un peu partout dans le monde pour faire entendre leur cause. C’est le cas, en France, du collectif Halte au massacre en Birmanie, qui appelle à nouveau à un rassemblement, samedi 10 novembre devant le centre George Pompidou de Paris, pour protester contre les violences faites à l’encontre des Rohingyas, mais également des Chins, les chrétiens de Birmanie.

« La mobilisation se manifeste timidement un peu partout dans le monde, mais malheureusement pas assez pour mettre la pression sur le régime voyou birman, d’où la nécessité de nous rassembler et de réunir nos voix afin de dénoncer cette criante injustice et d'exiger la cessation de ces atrocités », fait savoir le collectif dans un communiqué, qui entend aussi « dénoncer le silence assourdissant de nos médias nationaux à ce sujet, et mettre un terme à cette inacceptable escalade de la violence et des persécutions dont sont victimes ces communautés dans l'indifférence générale. »

Jusque-là, les Occidentaux se bornent à saluer la transition démocratique de la Birmanie depuis le départ de la junte militaire en mars 2011, ainsi que la réhabilitation de l’opposition, incarnée par l’icône Aung San Suu Kyi, tout en faisant abstraction des multiples violations des droits de l’homme en cours.

« The Lady » indifférente au sort des Rohingyas

Les minorités persécutées de Birmanie pensaient trouver en Aung San Suu Kyi une de leur fervente défenseuse.

Il n'en est rien à ce jour. La leader de l'opposition a fini par faire entendre – timidement – sa voix, mercredi 7 novembre, pour demander au gouvernement de renforcer la sécurité et mettre fin aux violences dans l'Etat de Rakhine, qui ont provoqué le départ de plus de 100 000 personnes depuis juin. Mais pas un mot n’a été prononcé en faveur des Rohingyas pour éviter d’abîmer son image auprès de l’opinion publique, hostile à la présence musulmane en Birmanie.

Nombre de Rohingyas, qui veulent fuir la misère et les discriminations, ont fait le choix de prendre la mer vers la Malaisie – le Bangladesh voisin ne souhaitant plus les accueillir – mais ils ne sont pas à l’abri d’accidents. Des bateaux, transportant parfois une centaine de personnes, ont fait naufrage ces derniers jours.

A l’instar de nombreux ONG humanitaires, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) tente, tant bien que mal, de venir en aide aux Rohingyas. Le régime birman a cependant refusé la présence, sur son territoire, d’un bureau de l’instance, qui regroupe 57 pays musulmans. Les défenseurs des Rohingyas devront user d’autres moyens pour leur venir en aide.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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