Points de vue

A cause du blocus israélien sur Gaza, sortir relève de l'impossible

Rédigé par Ziad Medoukh | Jeudi 6 Novembre 2014 à 17:53

Ziad Medoukh, directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza en Palestine, Coordinateur du Centre de la paix, poète et écrivain d’expression française, qui devait se rendre en France du 7 au 20 novembre 2014 pour participer à des colloques, congrès, et conférences organisés par plusieurs associations et mouvements, ne pourra hélas sortir de Gaza, en raison du blocus israélien et de la fermeture des passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur. Un texte à la troisième personne.



Ziad Medoukh a été invité par le Mouvement de la paix, pour son congrès annuel des 8 et 9 novembre 2014, à donner plusieurs interventions sur les différentes activités du Centre de la paix, sur la résistance pacifique et populaire et sur le développement des actions non-violentes dans cette région sous blocus. Il était également invité comme intervenant principal au colloque international organisé par le Mouvement de la paix et l’UNESCO sur la culture de la paix à l’université de Toulouse, le 7 novembre.

Il devait donner sept conférences dans sept villes du sud-ouest de la France et deux conférences à Paris organisées par les associations de solidarité avec la Palestine. Il devait être reçu par des élus locaux dans ces différentes villes et accorder des entretiens aux médias locaux.

De plus, Ziad Medoukh, devait assister à Nancy à la sortie en France de son nouveau livre intitulé Chroniques d’un été meurtrier à Gaza, récit d’un génocide répété. Un livre qui sortira le 12 novembre aux éditions Kairos-Nancy, et qui regroupe ses témoignages quotidiens durant les 50 jours de l'agression israélienne de l'été 2014.

Malgré les efforts considérables du Consulat de France à Jérusalem qui a servi de coordinateur afin d’aider l’universitaire palestinien à sortir de Gaza, et malgré l’obtention de toutes les autorisations de sortie, Ziad Medoukh restera bloqué dans sa prison à ciel ouvert, comme toute la population de cette région sous blocus israélien depuis plus de huit ans.

Une réalité propre à tous les habitants

En mai dernier, le poète palestinien n'a pu recevoir son premier prix poétique à Paris. En septembre dernier, il n'a pu participer à la fête de l’Humanité dans la région parisienne, à cause de la fermeture des passages.

Les difficultés de sortie de cet universitaire montrent la dure réalité vécue par toute une population enfermée, qui subit un blocus inhumain, et qui vit dans des conditions insupportables. La bande de Gaza est toujours occupée par l’armée israélienne qui contrôle les frontières terrestres, maritimes et aériennes.

Presque trois mois après l’arrêt de la nouvelle offensive israélienne sur la bande de Gaza en été dernier, et malgré les promesses internationales de faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il ouvre les frontières et permette la reconstruction de cette région détruite, rien ne semble changer : le blocus est toujours en place, les frontières sont toujours fermées et l’armée de l’occupation israélienne maintient sa présence sur tous les passages. La réalité dure qu'il faut que le monde sache est que NOUS SOMMES TOUJOURS OCCUPES A GAZA.

Un quotidien bouleversé

Pour voyager à l’étranger, les Palestiniens de Gaza sont obligés de passer, soit par le passage de Rafah au sud, à la frontière avec l’Egypte, soit par des passages israéliens souvent fermés et interdits pour eux.

Des centaines d’étudiants ont perdu leurs bourses et inscriptions aux universités étrangères et des dizaines d’universitaires ne peuvent participer à des conférences et rencontres scientifiques à l’étranger à cause de ce blocus qui viole le droit international et devant le silence complice d’une communauté internationale officielle qui ferme les yeux.

L’armée de l’occupation israélienne a détruit en 2001 le seul aéroport international de Gaza, un aéroport construit avec l’argent de l’Europe qui n’a jamais condamné sa destruction, ni demandé des comptes à cet état d’occupation qui continue chaque jour de démolir des constructions palestiniennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Il est très difficile d’imaginer qu’en 2014, il y ait toujours un peuple, tout un peuple, enfermé, encerclé, occupé et interdit de sortir de son pays. Quelle injustice !

L’universitaire palestinien participera quand même à ce colloque, au congrès et quelques conférences en France via SKYPE. Il enverra un message qui y sera lu, un message qui traversera les frontières et s’élèvera au-dessus du blocus de la honte imposé par les forces de l’occupation israélienne sur plus de 1,8 millions Palestiniens de Gaza, sous le regard d’un monde officiel qui se dit libre, mais qui sait et se tait.

Ziad Medoukh remercie de leur soutien et de leur confiance tous les amis , les solidaires ainsi que toutes les associations, partout dans le monde . Il poursuivra son travail avec les jeunes de Gaza, son combat et son engagement, avec ses mots, sa poésie, et sa plume, pour la levée du blocus israélien inhumain, pour la liberté de la Palestine, et pour une paix durable qui passera avant tout par la justice.