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Sur le vif

Une journaliste sommée d'enlever son voile au nom de la laïcité

Rédigé par | Mercredi 28 Octobre 2015 à 19:50

           


Une journaliste sommée d'enlever son voile au nom de la laïcité
La laïcité d’exclusion, c’est celle que prône le Comité Laïcité République qui a remis deux prix de la laïcité à la mairie de Paris, lundi 26 octobre, au pianiste-compositeur turc Fazil Say « pour son engagement en faveur de la liberté de conscience et de la laïcité dans son pays » et à Samuel Mayol « pour son action en faveur de la neutralité dans l’enseignement supérieur face à la montée d’incidents communautaristes ».

Ce dernier n’est autre que le directeur de l’IUT de Saint-Denis qui a été accusé dernièrement de manipulation pour faire croire à des dérives communautaristes dans son établissement.

Soit. Lors de cette remise des prix de la laïcité à laquelle a assisté le Premier ministre Manuel Valls et la maire Anne Hidalgo, une journaliste de Zaman France s’est déplacée pour couvrir l’évènement, « le prix international étant décerné à un artiste turc », explique Suheda Asik dans un article. Malgré la carte de presse en poche, « j’ai découvert à mes dépens le visage hostile de la laïcité institutionnelle ».

Le « laïcard », l’équivalent du « négro »

Rien n'interdit le port du voile pour la jeune femme. Pourtant, des membres de l’organisation n’ont eu de cesse de lui demander d’enlever son voile lors de la soirée.

A peine entrée, on lui lance : « Nous vous avons laissée entrer, vous pourriez l’enlever par égard pour nous, dit-il en désignant mon voile, c’est la moindre des choses. » Même installée dans la salle, rien n’y fait. « Enlève ton voile », entend-t-elle à tout bout de champ d’une organisatrice. Une expérience des plus désagréables qui irrite naturellement.

« J'ai souligné aux personnes concernées que leurs propos étaient inappropriés », a fait part la mairie de Paris à Libération. Des faits que ne devrait pas regretter l’association organisatrice des prix de la laïcité : elle appuie régulièrement les propositions de lois visant à l’interdiction du voile dans les espaces publics, ceci en brandissant l’étendard de la laïcité à toutes les sauces.

Son président Patrick Kessel est même allé jusqu’à déclarer que le terme « laïcard » serait « l’équivalent de “négro” pour les Noirs, de “youpin” pour les Juifs, et de “bicot” pour les Arabes ». Une comparaison indécente qui décrédibilise davantage le Comité Laïcité République.

Mise à jour jeudi 29 octobre : Le Comité Laïcté République a réagi dans un communiqué, déclarant regretter « une initiative individuelle qui ne saurait l'engager et qui va à l'encontre même des principes qu'il défend ». Elle estime toutefois que cette affaire est sans importance au regard de sa conclusion. « Les enjeux de laïcité, face à la montée de l'islamo-fascisme et de l'extrême droite, sont trop sérieux pour être abandonnés à des polémiques vénéneuses et stériles », indique l'association.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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