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Société

Tariq Ramadan : l’université de Rotterdam condamnée

Rédigé par | Vendredi 9 Novembre 2012 à 20:00

           

L’Université Erasmus de Rotterdam, aux Pays-Bas, vient d’être condamnée pour avoir licencié hâtivement Tariq Ramadan de son poste de professeur invité en août 2009, a-t-on appris ce vendredi 9 novembre. Un soulagement pour le professeur d’études islamiques contemporaines à Oxford, qui est toujours en conflit, depuis plus de trois ans, avec la municipalité de Rotterdam pour avoir pris une décision similaire.



L'Université de Rotterdam, aux Pays-Bas, a été condamnée pour le licenciement abusif de Tariq Ramadan en août 2009.
L'Université de Rotterdam, aux Pays-Bas, a été condamnée pour le licenciement abusif de Tariq Ramadan en août 2009.
Après plus de trois ans d’attente, Tariq Ramadan compte une première victoire dans le conflit qui l’oppose à l’université et à la municipalité de Rotterdam, aux Pays-Bas, qui l’avaient brutalement licencié en août 2009 en raison de ses interventions sur la chaîne iranienne Press TV, accusée alors d’être à la solde du régime des ayatollahs.

Dans le procès intenté par Tariq Ramadan contre l’université Erasmus, où il disposait d'une chaire consacrée à la citoyenneté et à l'identité, le tribunal de Rotterdam a donné raison, jeudi 8 novembre, au professeur et « statué que l’université avait agi en contrevenant à ses droits. Cette dernière devait, ce faisant, non seulement couvrir les frais de justice mais également l’indemniser pour les dommages subis », apprend-on par voie de communiqué.

« Cette victoire, contre l’université Erasmus, est une claire reconnaissance du caractère illégitime et abusif du licenciement », fait savoir Tariq Ramadan.

Le professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, actuel président du Centre de recherche pour la législation islamique et l'éthique (CILE) au Qatar, « voit cette fois encore ses droits légitimes reconnus : après l’annulation de son interdiction d’entrée aux Etats-Unis − pour des raisons désormais jugées infondées par la secrétaire d’État Hillary Rodham Clinton elle-même −, le Tribunal de Rotterdam reconnaît aujourd’hui que l’université Erasmus a agi sans respecter les droits du professeur qu’elle avait pourtant invité. »

Un second procès en cours contre la mairie

« Nous sommes désormais en attente du second jugement, concernant une procédure de même nature contre la municipalité de Rotterdam qui avait pris une décision similaire, hâtive et abusive, à l’encontre de Tariq Ramadan », qui était à l’époque conseiller spécial à l’intégration pour la ville, poursuit le communiqué.

Selon la mairie et l’université, il se devait, dans le cadre de ses fonctions honorifiques aux Pays-Bas, rompre son contrat qui le liait à Press TV depuis avril 2008, l’accusant d’être complice du régime iranien et de sa répression envers les manifestants à la suite de la victoire de Mahmoud Ahmadinejad à l'élection présidentielle. Un argument fallacieux pour le plaignant, qui n’a jamais manqué de condamner l’Iran, comme d’autres régimes autocratiques du monde arabe.

« A ceux qui me reprochent le "principe" de présenter un programme de télévision dans une chaîne iranienne, je réponds que travailler pour une chaîne de télévision n’impose pas de soutenir un régime », s’était justifié M. Ramadan, pour qui la décision brutale de ses employeurs avait une visée électoraliste et était liée à la montée de l’extrême droite aux Pays-Bas, incarnée par le PVV du député islamophobe Geert Wilders.

« L’ombre de Geert Wilders n’est pas loin, lui qui gagne des voix en comparant le Coran au "Mein Kampf" de Hitler. Je suis devenu l’épouvantail et le prétexte au défoulement de passions politiques pas très saines : au fond, cette polémique dit davantage sur l’évolution inquiétante des Pays-Bas que sur ma personne », avait-il déclaré peu après son licenciement.

M. Ramadan avait été débouté de son premier procès contre la ville en août 2010. L’université Erasmus condamnée, il marque un bon point et espère que la justice néerlandaise le suive à nouveau pour que réparation soit faite à son égard.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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