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Economie

Quick « halal » de Roubaix : la police judiciaire au rendez-vous

Haro sur le burger !

Rédigé par Leïla Belghiti | Mardi 23 Février 2010 à 00:06

           

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, au Quick de Roubaix. La clientèle semble même encore plus au rendez-vous. Il faut dire que le maire socialiste y est pour quelque chose. La plainte déposée par René Vandierendonck suit son cours. Lundi, la police judiciaire a fait un tour au restaurant. Sur la Toile, les internautes se déchaînent : « Plainte légitime ou non ? » Côté UMP, c'est une fois noir, une fois gris.



Exit la baguette et le camembert ! Le hamburger non halal et le bacon, nouveaux symboles de la République une et indivisible ! L'absence de Burger Strong Bacon au Quick de Roubaix (photo) provoque l'ire des politiques, vrai thème de campagne électorale
Exit la baguette et le camembert ! Le hamburger non halal et le bacon, nouveaux symboles de la République une et indivisible ! L'absence de Burger Strong Bacon au Quick de Roubaix (photo) provoque l'ire des politiques, vrai thème de campagne électorale
L'heure du déjeuner au Quick de Roubaix a des allures de grand festin, malgré le temps bien grisâtre de ces jours-ci. À voir la longue file d'attente, il faut croire que les hamburgers halal ont la côte. Rien ne semble perturber le quotidien désormais bien rempli du seul Quick de la ville. Depuis son ouverture au marché halal le restaurant fait le plein.

Quick ghettoïsé ? On aurait pu le croire au début de l'expérimentation. En novembre, un salarié du restaurant franchisé nous déclarait n'avoir « jamais vu autant d'Arabes au Quick ! », « il n'y a plus que ça ! », s'avançait-il alors. Mais, aujourd'hui, après l'effet de nouveauté, la clientèle a bien changé : plus diversifiée, avec autant de « Blancs » que d'« Arabes », constate-t-on. En bref, des consommateurs comme les autres.

À croire que la polémique lancée par le maire de Roubaix René Vandierendonck (PS) et Marine Le Pen (FN) – tête de liste Nord-Pas-de-Calais aux régionales, qui a accueilli le burger halal comme du vrai pain bénit pour sa campagne islamophobe de rigueur – a bien aidé. Le Quick de Roubaix ne s'est pourtant jamais mieux porté.

« La plainte est juridiquement recevable »

À l'étage, les clients se restaurent. Ici un Long Chicken, là un Cheese Burger, mais le franchisé, Pascal Nys – dont nous avions révélé sa qualité d'élu municipal UMP dans une commune voisine – n'est pas venu déjeuner.

Attablé dans un coin du restaurant, c'est en compagnie de la police judiciaire qu'il papote, détendu, d'un sujet qu'on imagine de la plus haute importance.

Joint par Saphirnews, Me René Despieghelare, bâtonnier de l'ordre des avocats de Lille, sans nous révéler son avis sur le fond, « sur la forme, cela ne me choque pas », déclare-t-il, justifiant cela par la fonction du maire, « qui est aussi celle de premier magistrat de la ville » : « il a donc une qualité juridique ». « Sur le principe même, la plainte déposée par le maire de Roubaix à l'encontre du Quick de Roubaix est recevable », conclut-il.

Réactions en chaîne

« De toute façon, c'est pas possible, il (le maire de Roubaix, ndlr) ne gagnera pas », s'exclame un jeune homme en pleine discussion avec ses amis, s'apprêtant à franchir le seuil du Quick.

La plainte déposée par le maire socialiste roubaisien provoque la colère et l'incompréhension. « Nous n'avons pourtant jamais reçu de plaintes de la part de clients », fait remarquer un salarié du restaurant, étonné de l'ampleur de la polémique. Pour la directrice du Quick, Mélanie Kinyock, « le fait que la polémique ne surgisse que maintenant, alors que nous proposons du halal depuis novembre, est étrange », souligne-t-elle, faisant allusion aux prochaines échéances électorales.

Sur la Toile, les internautes se déchaînent.

MDB, en réaction à notre précédent article sur le Quick, déclare être musulman et « ce n'est pas pour autant que je vais me précipiter tel un écervelé pour aller à Quick et dévorer un Giant où je ne sais quel autre sandwich à base de viande. Quick use d'un concept purement marketing pour asseoir une meilleure rentabilité au détriment de l'ignorance et de la naïveté d'une grande partie de la population musulmane. Et le pire c’est que cela fonctionne plutôt bien, + 80 % de CA en deux mois seulement, donc pourquoi s'en priveraient-ils ??? »

« Si quelqu'un ne veut pas manger un kebbab, ben il va voir ailleurs et personne ne se préoccupe de ses envies. La France montre des signes de faiblesse, elle n'est plus confiante en ses valeurs universelles (sic) (…) dans son identité (sic). Soit on évolue, progresse, s'ouvre, soit on disparaît », estime Saïd.

Boubou pense avoir trouvé la solution : « C'est simple, pourquoi pas du halal chez Quick et du non- halal pour ceux qui le désirent, c'est cela la vraie démocratie, ce qui éviterait la récupération de tous ces islamophobes qui utilisent tous les prétextes pour cracher sur les musulmans de ce pays. »

Pour Dorouch, on devrait suivre l'exemple des États-Unis : « À New York, 100 % des hot-dogs sont casher (société Sabret) cela ne dérange personne, tout le monde en mange, juif, musulman, chrétien, athée. Il n' y a que la France et ses politicards pour trouver des polémiques de ce genre ! »

L'UMP retourne sa veste ?

Le Quick attend son verdict. Le « test halal » ne semble pas prêt de s'arrêter de sitôt. Le porte-parole de l'UMP, Dominique Paillé, semble tout d'un coup apporter un soutien à son malheureux confrère UMP Pascal Nys, gérant du Quick, en déclarant lundi lors d'un point presse qu'« il serait mieux que dans un Quick halal, on puisse aussi manger de la viande non halal, si c'est techniquement possible. Mais si cela ne l'est pas, cela ne remet pas en cause les fondements de la République ».

Retour en arrière : quatre jours plus tôt, il affirmait dans une interview à 20minutes.fr que l'expérimentation du Quick était contraire aux « principes de la République une et indivisible ». L'art de se mordre la langue − à défaut de mordre dans le burger... halal ? −.


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