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Economie

Halal : qui en consomme ?

Rédigé par Leïla Belghiti | Mercredi 3 Février 2010 à 19:37

           

Les consommateurs musulmans intéressent. Depuis quelques mois, les enquêtes sur le halal ont pignon sur le Net. Un récent sondage IFOP pour le Figaro révèle que 91 % des musulmans en France achètent de la viande halal. Un chiffre qui appuie une fois de plus l'intérêt des grandes marques à s'approprier ce marché « musulman ».



Stands de produits halal et spécial Ramadan (septembre 2008), à l'hypermarché Leclerc de Vitry-sur-Seine (94).
Stands de produits halal et spécial Ramadan (septembre 2008), à l'hypermarché Leclerc de Vitry-sur-Seine (94).
« Quand vous achetez de la viande, achetez-vous de la viande halal ?» Pour 59 % des sondés, c'est « systématique ». 8 % seulement disent ne jamais en acheter.

L'enquête, menée auprès de 536 personnes « d'origine musulmane », révèle notamment que plus les consommateurs musulmans seraient âgés, plus ils achèteraient halal : 64 % pour les 35-54 ans contre 76 % pour les 55 ans et plus. Selon l'enquête de l'IFOP (Institut français d'opinion publique) pour Le Figaro, les immigrés de la première génération rattraperaient le temps passé − où il n'y avait pas de fournisseurs − en achetant des produits halal.

Les distributeurs se disputent le marché, mais les boucheries restent grandes favorites, chez les jeunes comme chez les moins jeunes (91 % pour les 18-24 ans et 95 % pour les plus de 55 ans), loin devant les grandes surfaces (en moyenne 34 %). Une tendance qui se confirme dans toutes les régions à forte population issues de l'immigration et a priori musulmane (Région parisienne, Nord-Est, Sud-Ouest, etc), car, faute de statistiques ethniques officielles, l'étude s'est appuyée sur des études de l'INSEE sur l'immigration en France.

Entre appartenance religieuse et apprtenance identitaire

Selon l'IFOP, 92 % des consommateurs de viande halal assistent au moins une fois par semaine ou une fois par mois aux offices religieux. À en croire l'enquête, manger halal relèverait plus d'un rite identitaire que religieux : 37 % des consommateurs de viande halal se déclarent disposés à manger non halal hors de chez eux et 44 % de ceux qui ne fréquentent jamais la mosquée mangent toujours halal.

Les produits alimentaires orientaux ou maghrébins ont la côte : 82 % des sondés en consomment. L'offre crée la demande, dit-on : 49 % déclarent acheter plus de produits halal qu'il y a quelques années. Les plats cuisinés intéressent 40 % d'hommes contre 36 % de femmes, et davantage les actifs (42,5 %) que les inactifs (entre 27 et 37 %). Idem pour les desserts, bonbons et chocolat (35 %). Les Nordistes, par ailleurs, en sont plus friands que les autres.

Encore trop cher

Si 79 % des consommateurs de viande halal déclarent vérifier de temps en temps, voire systématiquement, la composition des produits dits halal, 68 % font confiance « quand un fabriquant présente un produit comme étant halal ».

Pas toujours facile de les repérer, car le marché du halal n'est pas centralisé et les certificateurs sont multiples. La cherté des produits estampillés halal sensibilise 63 % des consommateurs. Sur le long terme, la tendance ira plutôt à la normalisaton des prix de ceux-ci.

Selon les prévisions de l'institut Solis (cabinet spécialisé dans les études de marketing ethnique), qui publiait début janvier une étude sur le marché du halal, 2010 va battre son plein (4,5 milliards d’euros seront dépensés en 2010 par les ménages pour leur achats de produits alimentaires halal) : le marché s'agrandit, avec de nouveaux produits, de nouvelles marques, et un intérêt croissant des grandes enseignes (Casino, Auchan, Carrefour, Quick, Matines, etc.) .

Le marché des vieux ?

Si l'on en croit les chiffres avancés par le sondage IFOPpour Le Figaro, cette croissance du marché musulman repose essentiellement sur les personnes âgés et les premières générations, « ceux qui, pendant des années, n'avaient pas mangé halal faute de fournisseurs, sont aujourd'hui les premiers clients des produits confessionnels et exotiques. Ils recréent le modèle d'alimentation des pays d'origine, réislamisant les repas », analyse un article du magazine.

Une affirmation quelque peu hasardeuse, diront certains. Pour Abbas Bendali, du cabinet Solis, l'arrivée progressive des « diversity baby-boomers » à l'âge adulte (individus nés entre 1980 et 1990) dynamise le marché et entretient les attentes.

Aussi les conclusions du sondage réalisé par l'IFOP peuvent-elles sembler paradoxales. En effet, il n'y a qu'à voir l'engouement des jeunes de confession musulmane pour les Quick halal − qui multiplient goulûment leurs chiffres d'affaires − pour s'en rendre compte. Le halal n'est donc pas prêt de suivre les premières générations au tombeau.


Télécharger l'étude de l'IFOP ci-dessous.






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