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Points de vue

Palestine : l’incontournable impératif de justice

Rédigé par Fouad Alaoui | Vendredi 1 Août 2014 à 10:00

           


Depuis 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) demande à « Israël de cesser la construction du mur, de démolir les parties déjà construites, et de mettre un terme aux restrictions sévères à la liberté de mouvement des Palestiniens », lui rappelant qu'il doit « mettre fin à une occupation entamée en 1967 et laisser la place à un État palestinien indépendant, souverain, viable et prospère, vivant côte à côte et en paix avec Israël dans des frontières sûres et reconnues ».
Depuis 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) demande à « Israël de cesser la construction du mur, de démolir les parties déjà construites, et de mettre un terme aux restrictions sévères à la liberté de mouvement des Palestiniens », lui rappelant qu'il doit « mettre fin à une occupation entamée en 1967 et laisser la place à un État palestinien indépendant, souverain, viable et prospère, vivant côte à côte et en paix avec Israël dans des frontières sûres et reconnues ».
Parler de la Palestine est pour moi une question d’honneur. En tant qu’être humain, j’assiste avec impuissance à une injustice que subit un peuple à qui on a ôté son droit à une vie digne. Un peuple à qui on a dit que sa terre est une terre sans peuple, promise et confiée à un peuple sans terre.

Laissons d’abord parler les chiffres et l’Histoire. La Palestine, c’est l’histoire d’un peuple contraint à des conditions de vie inhumaines. Sur sa terre, on a implanté plus de 300 000 colons. Des colonies par centaines encerclent les villes et les villages des Palestiniens. En 1948, plus de 84 % de la superficie de Jérusalem-Ouest a été prise en main par le nouveau colonisateur, et 100 % en 1967.

En 1947, les Nations unies, alors que la colonisation des pays et l’asservissement des peuples battaient leur plein, décident de partager cette terre « sans peuple » entre les autochtones (Palestiniens, Arabes) et les nouveaux arrivants (les juifs). 54 % aux juifs et 45 % aux arabes, et 1 % de Jérusalem fut décrétée zone internationale. En 1948, 900 000 Palestiniens sont réduits au statut de réfugiés. En 1967, 300 000 Palestiniens supplémentaires subissent le même sort.

Au début des années 2000, 50 % de la population palestinienne a le statut de réfugiés, soit plus de 5 millions de personnes. Malgré cela, les familles gardent encore sur elles leurs titres de propriété et même les clés de leurs maisons, qu’elles ne désespèrent pas rejoindre un jour.

Les deux territoires palestiniens Cisjordanie et Gaza constituent moins des 23 % de l’ensemble de la Palestine.

Le soutien à la Palestine : une cause universelle juste

Notre soutien à la cause palestinienne n’est pas pour nous un soutien communautaire, mais il est un soutien à une cause universelle juste ; et nous aurions aimé qu’il y ait un consensus en France sur ce sujet, surtout entre nous et les principales familles religieuses françaises, et précisément nos concitoyens de confession juive.

Le projet sioniste porte atteinte à l’image des juifs partout dans le monde, il les utilise et les instrumentalise. Heureusement, qu’il existe encore des juifs qui refusent cette instrumentalisation et ne se reconnaissent pas dans cette idée du rassemblement des juifs dans un espace géographique donné, motivé par un prétendu droit de retour à une terre promise.

Aussi, les institutions représentatives juives de France doivent revenir à la raison et au sens de la responsabilité collective et citoyenne.

Nous tenons fermement à la paix et à la stabilité sociale de notre pays, et nous voulons que cette volonté soit partagée par toutes les familles religieuses.

Refuser le face-à-face musulmans/juifs

Avec les massacres perpétrés par Israël à Gaza, et les bombardements qu’elle subit périodiquement, certains redoutent l’installation d’un climat de tensions « communautaires » entre musulmans et juifs de France. Les musulmans de France ne font aucun amalgame entre la politique meurtrière de l’occupant israélien et leurs concitoyens juifs en France ou ailleurs. La situation actuelle en Palestine, et depuis plusieurs décennies, n’est pas le résultat d’une guerre entre l’islam et le judaïsme, mais plutôt entre un occupant et un occupé qui demande que justice lui soit rendue.

Dans le même temps, nous voulons que notre pays et ses responsables politiques soient à la hauteur de ses principes fondateurs, qu’ils soient du côté de l’opprimé, et qu’ils dénoncent l’agresseur.

Nous sommes contre l’antisémitisme. En revanche, aucun groupe humain n’est à l’abri de l’extrémisme ni des illogismes, de l’errance ou de la bêtise. Nous avons toujours dit qu’il est hors de question pour nous d’importer le conflit israélo-palestinien en France.

Par contre, nous entendons des voix malveillantes qui utilisent cette affirmation pour stigmatiser toutes les voix qui s’élèvent et dénoncent les crimes aujourd’hui perpétrés contre les populations civiles à Gaza, et dans toute la Palestine, et cherchent à réduire ces voix à un silence complice. La véritable importation du conflit s’opère par ceux qui organisent des galas et des recrutements l’armée d’occupation israélienne.

Nous refusons le face-à-face musulmans et juifs au sujet de la question palestinienne. Cette juste cause doit concerner toutes les familles religieuses de France, ainsi que toutes les forces vives de notre pays.

Projet sioniste, une pure injustice

Quels sont les éléments d’une solution ou d’une paix juste ? On en est à la quatrième génération depuis l’occupation de la terre de Palestine. Le rêve sioniste que les Palestiniens disparaissent en se fondant dans le monde arabe environnant ou qu’ils ne soient plus en situation de réclamer leurs droits est hors d’atteinte. Aucune paix juste ne sera possible tant que le projet sioniste sera à l’œuvre, parce que ce projet a toujours reposé et repose sur la négation de la Palestine et du droit à l’existence de son peuple.

Une paix juste se conçoit sur la base d’un retour de tous les réfugiés palestiniens sur leurs terres et la terre de leurs ancêtres. Il est injuste d’autoriser une immigration massive sur la terre palestinienne de toute personne qui se déclare de confession juive, en lui apportant toutes les conditions d’une bonne vie, et en même temps de mettre en œuvre tout un arsenal répressif pour obliger les populations autochtones palestiniennes à quitter leurs terres et leur pays !

C’est de la pure injustice, et nous exhortons toutes les forces vives de notre pays à le dire haut et fort sans aucune hésitation.

Une paix juste se conçoit si l’on offre au peuple palestinien une vie en sécurité avec des frontières sûres et un État souverain qui rassemble toutes ses composantes. Nous refusons toutes les démarches qui visent à séparer le peuple palestinien soit par des murs de la honte et de l’apartheid, soit par des prétendus États sur des territoires sans aucune souveraineté.

Une paix juste doit permettre à tous les Palestiniens de choisir eux-mêmes la forme et le contenu de leur État souverain dans lequel ils se reconnaîtront, et dont Jérusalem est la capitale. Un État souverain qui garantit l’égalité entre ses citoyens au-delà de leurs confessions ou de leurs origines.

Juifs et musulmans de France, des compagnons de route

Nous appelons nos concitoyens juifs de France à rejoindre cette cause juste du peuple palestinien. Le judaïsme ne doit pas demeurer l’otage de l’idéologie ni du projet sioniste. Celui-ci altère la pureté de la religion monothéiste juive.

Nos concitoyens juifs sont pour nous, musulmans de France, des compagnons de route sur le chemin de la construction d’une société juste et fraternelle où nos fois respectives doivent conjuguer leurs efforts pour être en conformité avec leurs fondements.

Il est aussi hors de question de parler de paix sans que l’État sioniste soit jugé pour les crimes qu’il a commis contre des milliers de civils palestiniens ; femmes et enfants morts parce qu’ils se trouvaient du mauvais côté du mur.

Enfin, nous affirmons notre soutien au peuple palestinien et nous serons à ses côtés durant ces moments difficiles, mais que chacun sache qu’aucune cause juste ne se perd tant qu’il y a des hommes et des femmes qui la défendent.

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Fouad Alaoui, ancien président de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et ancien vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

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