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Points de vue

Lettre de Tombouctou : inondations et enlèvements

Par Jean-René Huleu et Marie-Odile Delacour*

Rédigé par Jean-René Huleu et Marie-Odile Delacour | Lundi 11 Janvier 2010 à 00:26

           


Lettre de Tombouctou : inondations et enlèvements
En septembre 2009, des pluies torrentielles arrivant avant la saison ont provoqué des inondations sérieuses dans la ville légendaire du Sahara du Sud. Des maisons en banco [briques de terre jointes par de la terre humide, ndlr] se sont écroulées, précarisant encore la situation des plus pauvres.

Depuis, un groupe se réclamant d’Al Qaïda sévit dans la région (attaque d’une caserne, enlèvements…) et a fait fuir touristes et voyageurs. Il y a quelques jours, nous recevions cette lettre d’un ami professeur à Tombouctou :

« […] Trois mois après, les dégâts persistent . La plupart des sinistrés ont trouvé des abris de fortune : baraquement, taudis... ce qui rend les lendemains plus incertains car, n’ayant aucun moyen de réparer leurs maisons, ils seront logés dans ces habitats encore plus précaires tout l’hiver et en cas de pluies abondantes...

Les inondations ont fini par toucher tout le monde et exacerber la précarité. Tous les prix ont pris l’ascenseur et, pour ne rien arranger, le Quai d’Orsay a demandé aux touristes français, pour des raisons de sécurité, de s’éloigner du Nord Mali, et les autres pays occidentaux ont suivi.

Aujourd’hui, Tombouctou est désertée et, puisque cette ville a pour seule industrie l’artisanat que fait marcher le secteur touristique, l’économie locale est plus que grippée. Vivre ici est presque une torture.

Quand on n’est pas de notre milieu, il est très difficile de cerner les problèmes de précarité et de misère. La dignité veut qu’on cache sa pauvreté et même qu’on la masque. Des familles qui n’ont pas leur pitance journalière mettent un point d’honneur à faire mijoter sur un feu une casserole dans laquelle il n’y a que de l’eau pour donner au voisin l’impression qu’on a à manger… »


Tous ceux qui sont en mesure de secourir les sinistrés de Tombouctou peuvent adresser un chèque à l’association Liber’ Terre, présente depuis plusieurs années dans la région Nord du Mali. Les dons sont destinés à la reconstruction des maisons en banco.


Association Liber’ Terre − Lacaunhe − 46160 Cajarc − tél : 06 65 47 66 82
Vos chèques, libellés à l’ordre de Liber’ Terre, doivent comporter au dos la mention : « Inondations de Tombouctou ».

Tombouctou : la dépression économique

Fondée au XIe siècle par des nomades touaregs au bord du fleuve Niger, au nord du Mali, Tombouctou, ville de 30 000 habitants, est isolée du reste du pays car desservie seulement par un petit aéroport, le fleuve ou des pistes. L’économie de la ville repose pour 60 % sur le tourisme ; or Le Républicain, quotidien du Mali, regrettait en ce début de mois de janvier 2010 que l’absence des touristes, cette année, allait entraîner une perte de 6 millions de francs CFA.


Liber’ Terre : une association familiale

Fondée par quelques familles de Cajarc, de l’est de la France, et du Mali, l’association Liber’ Terre est parvenue en quelques années à favoriser l’autonomisation financière du village de Tacharane, à 20 kilomètres de Gao, en accompagnant notamment la population dans la création d’une ferme de spiruline, une algue riche en oligo-éléments et excellent complément alimentaire. Le sérieux, le désintéressement et la connaissance du terrain de cette association de bénévoles en font un partenaire sûr pour cet appel à la solidarité en faveur des familles sinistrées de Tombouctou.






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