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Le soufisme à la lumière du Coran et de la Sunna

Reçu à Saphirnews

Rédigé par | Samedi 2 Juillet 2016 à 15:24

           


L’avis de Saphirnews

Cela faisait trois mois qu’on avait reçu au bureau de Saphirnews ce petit ouvrage consacré au soufisme . Et puis il est resté dans notre bibliothèque, coincé avec d’autres livres, parce que la vie haletante de journaliste ne nous permettait pas de le feuilleter, ne serait-ce que quelques pages, parce que entretemps il y eut une actualité plutôt sanglante avec ses crashs, ses attentats, ses meurtres commis au nom même de l’islam, parce que l’actualité politique s’emballait toujours avec ses phrases assassines aux relents islamophobes qui se parent de la vertu de la laïcité.

Et puis le mois de ramadan a débuté, avec son lot d’événements qu’il nous a fallu suivre, nous menant doucement vers la fin du mois sacré sans pouvoir nous consacrer pleinement à la méditation. Alors l’on se dit, en ces quelques derniers jours où nombre de croyants cherchent la Nuit du destin afin d’invoquer leur Seigneur et chercher en Sa Lumière Sa pleine Satisfaction : « Et si je lisais “Le Soufisme à la lumière du Coran et de la Sunna”, histoire de se reconnecter avec le Divin ? »

Le soufisme à la lumière du Coran et de la Sunna
Après deux chapitres sur les sciences du soufisme et la nature du soufisme (où nous n’avons pas tout capté, il faut l’avouer, mais peut-être avons-nous l’excuse du manque de concentration lié au jeûne !), c’est sur les deux chapitres suivants consacrés aux vertus du soufisme et à leur approfondissement que notre regard s’est plus amplement posé et que notre cœur a retiré quelques leçons.

« Il existe deux catégories d’hommes », lit-on (p. 135). « Les premiers aspirent à ce qui se trouve auprès de Dieu. Ils s’encouragent eux-mêmes et leurs semblables en ce sens. Dans cette optique, le véritable soufi n’est confronté à aucune concurrence, adversité ou haine. Il suit, avec ses frères et ses pairs, la même direction : les croyants constituent un seul et même édifice dont les parties se soutiennent mutuellement »

« Les seconds sont affectés d’un penchant pour la notoriété, l’argent, le pouvoir ou l’ostentation. Le soufi n’est, là encore, confronté à aucune concurrence avec de telles personnes, car il a renoncé à toutes ces choses qu’ils briguent », nous dit l’ouvrage (p. 136). Et de poursuivre : « (le soufi) voit ces individus d’un œil clément et compatissant, du fait qu’il les sait voilés et tentés par le mal. Il ne conçoit donc à leur égard aucun ressentiment et ne provoque avec eux aucune querelle. »

Traduit par Idris De Vos, auteur d'une somme consacrée à l’amour dans la littérature soufie, l’ouvrage Le Soufisme à la lumière du Coran et de la Sunna reprend des extraits de l’œuvre de Shihâb ad-Dîn ‘Umar as-Suhrawardî (1145-1234) (L’approche intérieure des sciences : ‘Awârif al Ma’ârif), fondateur de la voie soufie suhrawardiyya.

Ses pages emplies de multiples citations donnent envie de s’attacher à maitriser son ego et de cheminer sur la voie de la réalisation spirituelle. Et ce n’est pas rien en ces temps troublés.

Préface d’Abd el Hafid Benchouk

[Extrait, p. 7-9] Parler du soufisme au monde occidental est chose plutôt facile, car la sensibilité artistique et culturelle de l’élite occidentale permet une communication notamment à travers les poèmes (Rumî) et la musique ainsi que par les œuvres d’art, la sensibilité soufie bénéficie plutôt d’une bonne audience auprès d’un certain public averti.

Mais parler du soufisme auprès des musulmans de souche est devenu chose très compliquée, pour ne pas dire impossible ou vouée à l’échec tellement la contre-publicité salafo-wahabbi est virulente et surtout exerce une pression qui empêche toute recherche sincère par peur « d’être égaré ». Tous les moyens sont bons pour empêcher les gens de découvrir la réalité du soufisme et, pire encore, c’est même un procès et une accusation qui sont faits avant même de comprendre.

Cette terreur exercée sur la jeunesse musulmane ne peut provenir que de sources obscures qui n’ont pas intérêt à ce que les gens sachent que le soufisme n’est rien d’autre que l’islam dans toute sa grandeur, sa profondeur et dans toute son authenticité.

Pour maintenir leur suprématie sur les Lieux saints, le royaume wahabbi des Saoud n’a d’autre choix que de convaincre la majorité des musulmans que leur « version de l’islam » est la bonne. Pour cela les pétrodollars leur sont d’une grande aide (livres, Internet, financement de mosquées, corruption, formation d’imams), car c’est de là que s’exerce le principal combat contre le soufisme pour ne pas dire contre l’islam. Ils ne font qu’appauvrir et que déformer l’image de l’islam et même parfois éloigner ceux que cette rigueur factice ne satisfait pas.

Cet excellent ouvrage permet de montrer et de démontrer si cela était nécessaire que le soufisme n’est pas étranger ni surajouté à l’islam mais, bien au contraire, qu’il prend tout entier corps à la source du Coran et de la Tradition prophétique (Sunna).

Au fur et à mesure de la lecture, nous découvrons comment les soufis sont, par leur attachement au livre d’Allah et au comportement aussi bien intérieur qu’extérieur de l’Envoyé de Dieu, non pas comme on les accuse si souvent injustement des gens de l’innovation ou bid’a, mais ceux qui suivent le plus scrupuleusement les enseignements de l’islam.

Non pas d’un islam sclérosé qui obéirait seulement à la lettre sans avoir le souffle de l’Esprit, tel un tronc déraciné qui ne produirait plus de fruit, mais comme un arbre vivant qui, au contraire, de par la profondeur de ses racines nourrit d’espoir l’humanité en tirant au plus loin l’eau de vie dans un monde qui s’assèche un peu plus chaque jour…

Pour preuve, toutes les voies soufies possèdent une chaine de transmission vivante et connue qui relie le maitre spirituel, de maitre en maitre jusqu’au Prophète Muhammad lui-même.

Si cet ouvrage permet de rétablir l’équilibre entre les fausses informations dispensées de-ci de-là et de tirer de leur torpeur afin de réveiller ceux qui souhaitent vraiment comprendre non seulement ce qu’est le soufisme ou du moins ne plus avoir peur de s’intéresser à autre chose que les livres conseillés par des gens qui n’ont de certitude que leur propre peur de l’égarement, ce sera un cadeau fait aux assoiffés de sagesse et de connaissance.

Le soufisme tout entier n’est que recherche de cette certitude et de réalisation des trois degrés fondamentaux du chemin vers la Proximité divine − al-Islâm, al-Imân et al-Ihsân −, la conformité à l’Ordre divin, la confiance en Sa Révélation et le chemin de l’excellence (en pensées et en actes). Tout comme il n’y a pas de soufisme véritable sans une conformité aux cinq piliers de l’islam, l’islam ne serait pas total sans sa dimension spirituelle qui a pris au cours de l’Histoire le nom de soufisme mais que l’on pourrait également appelé Voie de la réalisation spirituelle. Dieu est Celui, qui par Sa Providence, conduit à la Vérité.

As-Suhrawardî, Le Soufisme à la lumière du Coran et de la Sunna. Extraits choisis de ‘Awârif al Ma’ârif (L’Approche intérieure des sciences sacrées), trad. Idrîs de Vos, Éd. Les 4 Sources, 2016, 158 p., 10 €.



Journaliste à Saphirnews.com ; rédactrice en chef de Salamnews En savoir plus sur cet auteur



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