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Sur le vif

Guantanamo : la torture du gavage forcé devant la justice américaine

Rédigé par La Rédaction | Lundi 9 Juin 2014 à 05:57

           


L’ONG Reprieve a rendu public, mardi 3 juin, un document judiciaire accablant racontant le sort d’un détenu en grève de la faim nourri de force à Guantanamo, Mohammad Ahmad Ghulam Rabbani. Ce Pakistanais, un temps soupçonné d’avoir été haut placé dans la hiérarchie d’Al-Qaida, est retenu depuis plus de dix ans dans la prison américaine sans procès.

Le document, ajouté au dossier Mohammad Ahmad Ghulam Rabbani v. President Barack Obama traité par la cour du district de Columbia, regroupe les déclarations de Cortney Busch, membre de Reprieve, après sa visite au détenu.

M. Rabbani lui a décrit comment un tube d’alimentation forcée mal inséré, à de multiples reprises, a fait naître une douleur thoracique aiguë. Après avoir demandé une journée de repos sans gavage, sans succès, il a vomi du sang sur lui à plusieurs reprises le lendemain, avant de perdre connaissance. Le détenu raconte aussi comment après plusieurs tentatives le tube mal inséré lui a bloqué les voies aériennes, l’empêchant de respirer et provoquant une infection pulmonaire.

Ses avocats ont demandé à avoir accès aux enregistrements vidéo de son traitement pendant cette période de procédures de gavage bâclées décrite dans le document, où les « brutalités gratuites » auraient été particulièrement intenses.

Une méthode barbare

Le 3 juin également, Abu Wa'el Dhiab, un détenu syrien, a demandé par la voix de son avocat à ce que les procédures de gavages soient rendues « civilisées ». L’avocat a expliqué devant un tribunal du district de Washington que son client ne s’oppose pas à être nourri de force, pour être maintenu en vie, mais qu’il s’oppose aux méthodes utilisées.

Au mois de mai, une juge fédérale avait interdit qu’Abu Wa'el Dhiab soit nourri de force pendant quelques jours et avait ordonné la saisie de vidéos des traitements qui lui avaient été infligés. Libérable depuis 2009, les autorités américaines ne l’ont pas rapatrié en Syrie, craignant la façon dont il aurait été traité, un comble puisque la détention au camp de Guantanamo ne protège pas les prisonniers des actes de torture. La guerre civile ayant éclaté en mars 2012, l'administration a trouvé une nouvelle raison de ne pas le renvoyer.

Guantanamo, situé dans le sud-est de Cuba,renferme encore 154 hommes sur les 779 qui y ont été incarcérés au total, la plupart sans inculpation ni procès. Malgré sa promesse de campagne, Barack Obama n'a toujours pas fermé la prison.

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