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Points de vue

Ce qui se passe à Gaza n’est pas qu’humanitaire...

Rédigé par Hajib El Hajjaji | Vendredi 25 Juillet 2014 à 06:00

           


Une fille devant sa maison détruite par un bombardement israélien le 12 juillet 2014. (Photo : UNICEF/El Baba)
Une fille devant sa maison détruite par un bombardement israélien le 12 juillet 2014. (Photo : UNICEF/El Baba)
Depuis l’invasion militaire israélienne à Gaza et l’explosion du compteur des victimes civiles de ces derniers jours, nous avons fait le constat de l’incapacité tant de l’Europe que de la communauté internationale de pouvoir offrir une issue politique à ce conflit, fondée sur le droit international.

Face à l’horreur sur place et à la mobilisation citoyenne dans le monde et chez nous aussi, nos pays européens ont ouvert cette semaine le bal des aides humanitaires : la Belgique promet 6,5 millions d’euros d’aides pour les réfugiés palestiniens, la France annonce une aide de 11 millions d’euros et les États-Unis près de 47 millions de dollars. Qui dit mieux ?

Si toute aide à des populations en souffrance est nécessaire et utile, cela ne doit pas occulter la dimension politique de ce conflit pour trois raisons :

1. Gaza n’a pas connu un tsunami ni une catastrophe naturelle. Ce qui se passe à Gaza est un conflit politique, territorial, qui est la conséquence d’une des dernières œuvres colonisatrices de notre époque. Israël, en tant que puissance occupante, est la source de ce drame qui nécessite une aide humanitaire d’urgence.

2. L’aide humanitaire ne pourra pas parvenir immédiatement à la population, puisque le blocus qu’Israël impose à Gaza n’est pas à sens unique. Notre bonne volonté d’aider les Gazaouis se heurtera à leur réalité : le blocus quotidien dont ils font l’objet. L’aide ne pourra pas non plus ramener aux familles celles et ceux qui leur sont chers et qui sont morts. Et pour lesquels aucune solution n’est apportée à ce jour afin que cela ne se reproduise plus jamais.

3. Certains de nos pays paient deux fois : l’Europe a financé par exemple de nombreuses infrastructures en Cisjordanie et à Gaza mais celles-ci ont été ensuite détruites et bombardées par Tsahal. Elles ont dû être reconstruites à nouveau. Une fois, deux fois... L’aide humanitaire n’a pas pour but d’ériger des cibles pour les actions militaires de Tsahal.

Enfin, la question de fond qui montre que la dimension politique est prédominante : à quoi sert une aide humanitaire qui permettra de reconstruire Gaza avec l’argent des contribuables européens si Tsahal les bombardera à la prochaine invasion militaire ?

Je n’ai pas envie d’être négatif et nous pouvons être heureux de constater que nos gouvernements ne restent pas insensibles à la souffrance humaine en leur accordant une aide humanitaire. Mais ces gestes de nos gouvernements ne doivent pas nous faire perdre de vue les vrais enjeux de ce conflit. Et les vraies responsabilités de nos dirigeants à faire cessez ce conflit de toute urgence.

Sinon, au-delà des aides humanitaires qui donnent bonne conscience, le silence et l’inaction de nos gouvernements restent le meilleur feu vert pour qu’Israël poursuive ses exactions en Palestine et à Gaza en toute impunité.

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Hajib El Hajjaji est membre du Comité Verviers-Palestine (Belgique).





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