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Société

Après les musulmans, les Roms ? La nouvelle distraction française ne plaît pas à l'UE

Rédigé par Leïla Belghiti | Samedi 18 Septembre 2010 à 00:12

           

Les expulsions de Roms ne sont pas du goût de nos voisins européens. Comment des citoyens européens − donc libres de circulation− peuvent-ils être de la sorte expulsés ? La Roumanie comme la Bulgarie sont des trésors pour le coût de leur main-d'œuvre, pour l'Union européenne, qui a décidé de leur ouvrir ses portes en 2007. Un trésor mal assumé, notamment par la France.



Après les musulmans, les Roms ? La nouvelle distraction française ne plaît pas à l'UE
« Après 50 ans de bons et loyaux services, c’est avec beaucoup d’émotion, mais il est vrai avec un certain soulagement, que les Français d’origine maghrébine, ainsi que moi-même, sommes très fiers de passer officiellement le relais aux Roms, comme boucs émissaires et responsables de tous les maux de la France. J’espère qu’ils seront et resteront dignes de cet héritage prestigieux. Bon courage à eux ! »

Un texto non signé qui a fait le tour de l'Hexagone, jusqu'au portable d'Hervé Morin, président du Nouveau Centre, qui ne pourra s'empêcher, lors d'un meeting de l'université d'été, de lire le texto reçu, provoquant l'hilarité générale de l'assemblée. L'auteur de cette belle tirade ? Aziz Senni, chef d'entreprise à Mantes-la-Jolie, « carté » au Nouveau Centre, démasqué par Yabiladi.com.

Une politique comparée à celle des années 1930

Les Roms, nom donné aux Bulgares et aux Roumains, qui ont fui la misère de leur pays espérant trouver le salut chez leurs amis européens. En France notamment, pays des rêves et des libertés. Désillusion ? S'ensuivent des expulsions en série. Les Vingt-Sept sont fâchés. Le sommet de l'Union européenne à Bruxelles s'est achevé, jeudi 16 septembre, dans une ambiance morose. Durant tout le ballet étatique, une pluie de critiques s'est abattue sur le président français et sa politique, jugée intolérable envers les Roms.

Viviane Reding, la commissaire européenne à la Justice et aux Droits fondamentaux, n'a pas hésité à comparer les expulsions aux déportations perpétuées pendant la Seconde Guerre mondiale. Que nenni : « Raccourcis historiques », a martelé le président Sarkozy, « qui ont profondément choqué nos compatriotes. » Des participants au sommet ont fait état d'échanges « très violents » entre José Manuel Barroso, président de la Commission, et Nicolas Sarkozy.

Sanctions européennes ?

« Comme vous le savez, la Commission européenne envisage ces jours-ci une procédure (d'infraction) contre la France, alors que les autorités françaises sont hélas soupçonnées (...) d'avoir pris des décisions qui visent une minorité ethnique, les Roms », a rappelé Mme Reding. « Si ce soupçon se confirme, la Commission doit assumer son rôle en tant que gardienne des traités, et elle le fera », a-t-elle ajouté. Arguant le fait que sur 500 camps démantelés, 355 étaient occupés par des gens du voyage de nationalité française, « il n'y a donc aucune forme de discrimination », défend Nicolas Sarkozy.

Un argument qui ne tient pas la route, puisque lesdits Roms sont citoyens européens depuis le 1er janvier 2007 et, par ce fait, libres de circulation.

« A partir du moment où l’Europe n’est pas qu’un marché, il n’est pas anormal que la Commission veille à l’application des règles concernant la libre circulation des personnes », réagit la députée européenne Sylvie Goulard.

Pas prêt de changer de cap, Sarkozy. D'autant qu'il semble avoir le soutient de 56 % des Français, selon un sondage paru au Figaro. « Sa cote de popularité s'est améliorée, estime un journal allemand, mais sa puissance chancelle, son image internationale est durement atteinte. »

Refuge populiste ?

Une dérive purement « populiste ». À défaut de v(p)ouloir assumer, la tête froide, les véritables dysfonctionnements économiques que traverse le pays, le refuge dans les crispations identitaires semble être le meilleur « moyen » de distraction de masse.

L'année fut lourde en distractions : voile intégral, identité nationale, Quick halal… aujourd'hui les Roms. À qui le tour ?







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