Société

Une « Autre campagne » présidentielle pour plaider contre l'exclusion en France

Rédigé par Imane Youssfi | Vendredi 6 Janvier 2017 à 14:30

Démonter les préjugés et rétablir certaines vérités sur le mal-logement et la pauvreté, ce sont les objectifs que se sont fixés deux collectifs regroupant une cinquantaine d'associations de lutte contre la précarité qui ont lancé une « Autre campagne » en ce début d'année 2017. A trois mois de la présidentielle, elles veulent taper du poing sur la table pour que la lutte contre l'exclusion ne soit pas reléguée aux oubliettes.



Face au ras-le-bol d’entendre à longueur de journées des préjugés tels que « les étrangers volent le travail des Français », « les allocations chômage n'incitent pas à la reprise de l'emploi » ou « les pauvres sont des fraudeurs », deux collectifs - le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans-abri et mal-logées et le collectif Alerte - regroupant 51 associations ont la ferme intention, à l'approche de l'élection présidentielle, d'opposer les idées fausses sur la pauvreté et la précarité à leurs expériences sur le terrain. Parmi elles, figurent ATD Quart Monde, la Fondation Abbé Pierre, France Terre d’asile, le Secours catholique et l’Armée du salut.

Lancé mercredi 4 janvier sous le slogan « Autre campagne », ces associations entendent bien plaider la cause de la façon d'un lobby pendant les présidentielles. « Il y a chez beaucoup de politiques français, notamment les candidats à l’élection présidentielle, un déni de la réalité de la pauvreté et du mal-logement », constate Florent Gueguen, directeur général de la Fédération des acteurs de la solidarité (Fnars).

« Nous allons suivre la campagne et relever les contrevérités des candidats, des responsables de partis ou leaders d’opinion. Au lieu que les candidats fassent des propositions en partant du sommet sans connexion au réel, nous voulons qu'ils partent de la réalité vécue par les gens pour faire leurs propositions », a indiqué François Soulage, président du collectif Alerte.

Non à l'exclusion des pauvres du débat politique

Les collectifs sont déjà très attentifs aux déplacements organisés par les candidats, comme François Fillon qui effectuait une visite en centre d’hébergement mardi 3 janvier. « Il n'en sort pas grand-chose » se désole Florent Gueguen. « Notre objectif, in fine, c'est que cette campagne présidentielle n'oublie pas les 9 millions de personnes qui vivent aujourd'hui en dessous du seuil de pauvreté, qui sont très largement exclues du débat politique, exclues des propositions et des priorités des principaux candidats à l'élection », explique-t-il.

La pauvreté en France n'a cessé d'augmenter cette dernière décennie. « Un million de pauvres de plus en dix ans », « 50 % de SDF en plus entre 2001 et 2012 » et « une augmentation de 24 % des expulsions locatives l’an dernier », souligne Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, qui rappelle que « la responsabilité de la puissance publique est de protéger les plus fragiles ». Outre une campagne sur les réseaux sociaux, les associations s'engagent à formuler des propositions auprès des candidats