Société

Tariq Ramadan face aux juges : le point sur l'affaire

Rédigé par Benjamin Andria | Mercredi 6 Juin 2018 à 08:00



A l’issue de l'interrogatoire de Tariq Ramadan mardi 5 juin devant les juges d'instruction, une première depuis son incarcération en février, ces derniers ont décidé de ne pas ajouter une nouvelle mise en examen à l'islamologue après les accusations de viols apparues en mars d’une ancienne escort-girl impliquée dans l’affaire de proxénétisme de l'hôtel Carlton de Lille avec Dominique Strauss-Kahn.

Sur ce volet de l'affaire, l’islamologue suisse a ainsi confirmé son choix de changer de ligne de défense en plaidant pour des relations consenties avec celle qui se faisait appeler Marie (pour Mounia) et qui indique avoir été violée à neuf reprises entre 2013 et 2014 dans plusieurs pays dont la France et la Grande-Bretagne.

Tariq Ramadan « a longuement expliqué aux magistrats (...) qu'il y avait eu des jeux sexuels, qu'il y avait eu des relations sexuelles également mais qu'elles ont toutes été toujours librement consenties », a affirmé son avocat Me Emmanuel Marigny, cité par Europe 1.

En revanche, tel n'est pas le cas pour les deux premières plaignantes. Sa défense fait valoir les contradictions apparaissant dans leurs accusations. Tout en maintenant sa plainte pour viol, Henda Ayari a changé de version en affirmant le 24 mai que les faits présumés ont eu lieu le 26 mai 2012 et non entre fin mars et début avril de la même année. Des dates qui divergent mais aussi les lieux. Un changement conséquent dans sa version des faits dont se sert l’avocat de l'islamologue pour nier tout viol.

Tariq Ramadan reste mis en examen pour les présumés viols de deux premières plaignantes.

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« Pour la première fois de sa vie, il n’est pas en état de faire le Ramadan »

« Il a été considéré coupable dès le début. De plus, l’accès à son dossier lui a été refusé par la justice, de même pour une nouvelle expertise médicale. Il n’a pas accès au courrier depuis le 26 février », affirme Maryam Ramadan, la fille de Tariq Ramadan, qui dénonce un lynchage médiatique dans les colonnes de Libération.

« Mon père est à l’isolement. Chaque jour, il passe en moyenne 23h seul dans sa cellule. (…) N’est-ce pas une sorte de torture psychologique ? On le traite comme s’il était déjà condamné. En fait, il ne reçoit pas les soins dont il a besoin. Son état de santé se dégrade, je le constate depuis que je lui rends visite. Et pour la première fois de sa vie, il n’est pas en état de faire le Ramadan », ajoute-t-elle, arguant que son soutien indéfectible à son père « n’est ni aveugle ni naïf ».

« Personne n’est en droit de faire un procès en moralité. Mélanger l’aspect moral et l’aspect judiciaire est très problématique. Aujourd’hui, mon père est accusé et emprisonné pour des crimes qu’il nie catégoriquement. C’est ce seul plan judiciaire qui doit nous importer », appuie encore Maryam Ramadan, qui rend régulièrement visite à son père avec sa mère Iman Ramadan, incarcéré un temps à la prison de Fleury-Mérogis puis transféré à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes.

Malgré l’état de santé de Tariq Ramadan, atteint d’une sclérose en plaques et d’une neuropathie, ce dernier est maintenu en détention, les juges d’instruction estimant que son état demeure compatible avec la prison.