Sur le vif

Rohingyas : Aung San Suu Kyi appelle à « ne pas exagérer » la tragédie

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 6 Novembre 2015 à 15:52



Son silence sur le drame des Rohingyas valait déjà pour complicité aux yeux de défenseurs des droits de l'homme. Aung San Suu Kyi s’est exprimé, jeudi 5 novembre, sur le sort de la minorité musulmane en Birmanie pour appeler à « ne pas exagérer » la tragédie, à trois jours des élections législatives historiques.

Alors que plusieurs organisations internationales et ONG de renom n’hésitent plus à dénoncer des crimes contre l’humanité, voire même un génocide, la leader de l’opposition birmane refuse d’appliquer ce terme aux Rohingyas, qui font face depuis 2012 à des violences d’ultranationalistes bouddhistes.

« Il est très important de ne pas exagérer les problèmes de ce pays », a-t-elle déclaré à une journaliste lors d'une grande conférence de presse. « Le pays tout entier est dans un état dramatique, pas seulement l'Etat Rakhine » (ou Arakan) où vivent majoritairement les Rohingyas dans des conditions dramatiques. Ces derniers, qui ont le statut d’apatrides, n’ont pas le droit de vote aux élections, sans que l’opposition s’en offusque.

Dernièrement, un rapport de l'université Yale fait état de « solides preuves » pour dire qu'un génocide est en cours contre les Rohingyas, évoquant notamment les meurtres, les disparitions, les restrictions sur le nombre d’enfants, la quasi-absence d’accès aux soins et à l’éducation dans les camps. Autant d’éléments que refuse de voir Aung San Suu Kyi, complice d’un pouvoir qui a entamé un processus de normalisation des relations internationales avec la Birmanie malgré l’oppression vécue par des minorités.